Fin du masque à l'école et au travail : les Français entre soulagement et inquiétude

Publié le 11 mars 2022 à 15h45, mis à jour le 11 mars 2022 à 16h18

Source : JT 20h Semaine

À compter du 14 mars, le masque ne sera plus obligatoire dans les établissements scolaires et en entreprise.
Une échéance souvent synonyme de délivrance pour enseignants, parents d'élèves et salariés.
Mais à l'heure où les contaminations repartent à la hausse, certains confient leurs inquiétudes.

Est-ce bien raisonnable de retirer le masque dès lundi 14 mars dans les lieux clos, et notamment au bureau et à l'école ? La question se pose pour certains, dans un contexte de possible rebond épidémique. Si le nombre de patients hospitalisés continuait de baisser jeudi, le nombre de nouveaux cas positifs s'élevait, lui, à 74.818, selon Santé publique France, contre 60.225 il y a une semaine. Soit le sixième jour consécutif où le nombre de nouvelles contaminations enregistrées en 24 heures est supérieur à celui du même jour de la semaine précédente.

Or, cette tendance à la hausse pourrait être liée à la rentrée scolaire des vacances de février, la recrudescence des cas de Covid-19 étant davantage marquée chez les enfants et dans les départements des zones A et B, où les élèves ont fait leur retour en classe les 21 et 28 février.

"Certains ne l'enlèveront pas"

"Le fait, pour les parents, de soulager les enfants l'emporte sur l'inquiétude", commente pour TF1info Laurent Zameczkowski, président de la Fédération des parents d'élèves de l'enseignement public (PEEP). Ces derniers "n'attendent qu'une chose : que les enfants ne portent plus de masque", insiste-t-il, soulignant que ce sentiment "est vraiment prégnant concernant tous les niveaux et dans différentes régions". Il faut dire que cela fait dix-huit mois que cette protection sanitaire est devenu un incontournable de la vie scolaire. Pour rappel, Jean-Michel Blanquer avait annoncé le port du masque obligatoire le 26 août 2020 pour tous les adultes et tous les élèves à partir de la classe de 6e dès la rentrée suivante. La mesure avait ensuite été étendue aux élèves de plus de six ans, le 2 novembre 2020, puis suspendue en novembre 2021 et réactivée dans la foulée. 

"Tout le monde a bien compris que les choses sont incertaines, et qu'on évolue au jour le jour", poursuit le représentant de la PEEP, notant toutefois actuellement un optimisme général. "Malgré la petite remontée, les chiffres à l'école sont plutôt encourageants quand même : en nombre de cas et de classes fermées, on est sur des ratios 10 à 15 fois moins élevés qu'avant les vacances d'hiver", détaille-t-il. "Mais certaines familles vont souhaiter prolonger le port du masque, on le sait, et on a d'ailleurs alerté le ministère sur ce point. Il s'agit de la fin d'une obligation, il faut que la communication soit limpide sur ce point pour éviter les erreurs d'interprétation sur le terrain, voire une stigmatisation dans l'autre sens, à l'égard de ceux qui continueront de le porter", prévient Laurent Zameczkowski.

Du côté des enseignants, le soulagement l'emporte aussi. "On a forcément des retours de collègues qui vivent avec des personnes à risques et qui nous disent qu'ils garderont leur masque, mais dans l'ensemble ils sont soulagés depuis l'annonce", explique Jean-Rémi Girard, président du Snalc (Syndicat national des lycées et collèges). "On est tous conscients que la mesure de lundi n'est pas inscrite dans le marbre et qu'il y a une forte probabilité qu'on soit sur un fonctionnement alternatif, mais il faut profiter des périodes comme celle-ci, où la situation est plus favorable", poursuit-il, soulignant que "le masque a aussi des conséquences pédagogiques et en termes relationnels". Et de lancer : "jusque-là, je ne sais même pas à quoi ressemblent mes élèves".

"On est tous heureux de cette nouvelle, en même temps un peu inquiets" au regard des chiffres de l'épidémie, expliquait Guislaine David, la secrétaire générale du SNUipp, le premier syndicat du primaire, il y quelques jours auprès de Ouest-France. "On est au même niveau qu’en décembre". Et de questionner : "que se passera-t-il en cas de découverte d’un cas de Covid dans une classe ? La logique voudrait qu’on réimpose le masque."

"Vraiment une souffrance"

Dans les bureaux non plus, le masque ne sera officiellement plus obligatoire lundi. Face au Covid-19, cette protection a été imposée dans les entreprises le 1er septembre 2020. Le protocole sanitaire, à savoir le document de référence face au virus, qui "disparaît" ce 14 mars, prévoyait que son port devait être "systématique au sein des entreprises dans les lieux collectifs clos".

"On sent que c'est vraiment une souffrance, les gens n'en peuvent plus !", rapporte Benoit Serre, vice-président de l'Association nationale des DRH, qui évoque "une attente d'impatience énorme". Il estime qu'en corolaire "cela va aider à relancer la convivialité". Le masque étant "un vrai symbole", l'enlever peut même s'assimiler à "enlever la pandémie", dit-il... tout en glissant qu'il espère ne pas le voir revenir dans trois mois. C'est la tonalité de nombreux messages sur les réseaux sociaux : "Lundi au travail, le port du masque n'est plus obligatoire, je suis si heureuse", "Une page de tournée, j'en ai les larmes aux yeux".

Mais d'autres ne cachent pas leur scepticisme à l'égard du timing dans lequel cet assouplissement intervient. "On lève l'obligation du port du masque en pleine recrudescence des contaminations", note un internaute. L'inquiétude semble particulièrement palpable chez les personnes les plus vulnérables ou leurs proches. "Troisième dose début novembre, fragile. Et bientôt plus aucun masque au travail, et des contaminations qui remontent. Deux ans à tout bien faire pour ne pas l’attraper et là pourquoi lâchez-vous tout ?", peut-on notamment lire. 

Ou encore : "Je me suis fait vacciner trois fois pour protéger les gens les plus vulnérables dans ma famille. Je continuerai à porter le masque dans les lieux publics intérieurs (au travail/en classe) longtemps après que l'obligation soit enlevé pour faire la même chose". Un autre abonde : "J’ai des proches à risque, si le masque peut me permettre de voir mes grands-parents sans risquer de leur transmettre ce que j’aurais pu attraper au travail." Des messages vont jusqu'à dénoncer "un doigt d'honneur" aux immunodéprimés quand d'autres jugent tout simplement "égoïste" le retrait du masque dans les lieux clos, lundi.


Audrey LE GUELLEC

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