Covid-19 : le masque chirurgical lavé et réutilisé, plus efficace que celui en textile ?

par Léa LUCAS
Publié le 23 septembre 2020 à 10h06
Covid-19 : le masque chirurgical lavé et réutilisé, plus efficace que celui en textile ?

Source : Marco Testi @UNSPLASH

EXPLICATION - Le niveau de filtration des masques chirurgicaux, même lavés et réutilisés, resterait plus efficace que les masques en matière textile. C'est ce qu'affirme Philippe Vroman, enseignant-chercheur au laboratoire Gemtex de l'Ensait à Roubaix, ce lundi. Une théorie encore peu répandue.

Affolé par l'augmentation du nombre de masques chirurgicaux de contrefaçon en circulation, ainsi que ceux jetés dans la rue et dans la nature, Philippe Vroman a battu en brèche une idée jusque-là portée par les plus sérieuses institutions de santé, en assurant que le masque chirurgical pouvait finalement être lavé et réutilisé. 

"Le masque chirurgical est très efficace en terme de filtrage, rappelle l'enseignant-chercheur au laboratoire Gemtex de l'Ensait à Roubaix. Même après avoir été lavé, il reste plus efficace que les autres", a-t-il assuré à France Bleu Nord. Ce discours vient bousculer l'idée répandue que l'opinion publique se faisait des masques chirurgicaux, présentés jusque-là comme à usage unique. Alors, en quoi est-il plus efficace que les autres ? Et comment le reste-t-il après lavage ?

L'efficacité, même après avoir été porté, du masque chirurgical s'expliquerait par deux raisons : sa matière, d'abord - le Melt Blown -, ainsi que sa charge électrostatique. Le Melt Blown, tout d'abord, est une sorte de voile non tissé qui constitue l'une des trois épaisseurs du masque. Ce tissu a un pouvoir filtrant très élevé. Il filtre 95 % des particules extrêmement fines (3 microns et moins). A cela s'ajoute, ensuite, la charge électrostatique qui augmente encore sa capacité de filtration. Le masque peut alors filtrer des particules mesurant 0,1 micron : infiniment petites, donc. C'est pourquoi, le milieu médical s'en est emparé. 

Nous avons des résultats intéressants jusqu'à cinq lavages"

Philippe Vroman

En revanche, il est conseillé de ne pas porter ce masque plus de quatre heures, la respiration humidifiant le masque. L'humidité lui fait perdre sa charge électrostatique et donc son niveau élevé de filtration. Son usage est, ainsi, unique dans le milieu médical. Néanmoins le grand public peut, selon l'enseignant-chercheur, contourner cette règle. Même sans sa charge électrostatique, le masque chirurgical se révélerait plus efficace que les autres. "Son niveau de filtration baisse mais reste supérieur à celui des masques en tissu qui, eux, ne filtrent que 90 % des particules de 3 microns", lance Philippe Vroman.

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En ce qui concerne le nombre de lavages possible, ce dernier semble plus incertain. "C'est une bonne question, dit-il. La piste n'avait pas encore été explorée. Mais, nous avons des résultats intéressants jusqu'à cinq lavages." Il précise, tout de même, que les études se poursuivent afin de vérifier la capacité de ce masque à être réutilisable ainsi que sa tenue après lavage. 

Il y a encore quelques mois, la Direction générale de la santé (DGS) se montrait très prudente à ce sujet. "Il ne faut pas faire joujou avec les masques", résumait-elle. Cette recommandation excluait toutes formes de lavages. L'université américaine de Stanford, à travers une étude, a tenté d'explorer plus en détails la question. Les pistes entrevues par ses chercheurs sont les suivantes : utiliser un air à 70 degrés pendant trente minutes dans un four à air pulsé (bien différent des fours domestiques) mais aussi un passage à la vapeur d'eau ou à des rayonnements UV. Les conditions de lavages sont donc amenés à encore évoluer. 


Léa LUCAS

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