RESTRICTIONS - Devant l'Assemblée, Jean Lassalle a indiqué que les espaces libertins avaient été autorisés à ouvrir durant le confinement. Même si ces établissements jouissent d'un statut particulier, le député se trompe.
Incompréhensible, le maintien d'une fermeture imposé aux discothèques ? Des députés le pensent, et ils l'ont fait savoir ces derniers jours dans l'hémicycle. C'est notamment le cas de Jean Lassalle, l'élu des Pyrénées-Atlantiques et membre du groupe Libertés et Territoires. Il a voulu dénoncer ce qu'il définit comme une "injustice". Pour appuyer son propos, il a utilisé une comparaison avec les clubs échangistes, lui valant une remarque de la présidente de séance.
Contrairement aux discothèques et autres boîtes de nuit, "les lieux d’échangisme, et de libre échangisme" sont, eux, "restés ouverts pendant le confinement", a lancé Jean Lassalle. "De très nombreux de nos collègues y avaient leurs habitudes dans des mandats précédents et je ne compte même pas les ministres", a-t-il ajouté, une saillie cocasse qui a déclenché quelques rires sur les bancs de l'Assemblée. Pour autant, si le député pointe du doigt les différences bien réelles entre ces différents types d'établissements, il est faux d'affirmer que les espaces libertins ont poursuivi leur activité ces derniers mois.
"Les lieux d'échangisme sont restés ouverts pendant tout le confinement", note @jeanlassalle (Libertés et Territoires), qui évoque une "inégalité de traitement avec les discothèques". #DirectAN #CriseSanitaire #Covid19 pic.twitter.com/mJON4n639E — LCP (@LCP) May 11, 2021
Le député s'emmêle les pinceaux
Contrairement à ce qu'a indiqué Jean Lassalle, les lieux libertins ou échangistes n'ont pas eu l'autorisation de rester ouverts ces derniers mois. Les établissements qui ont continué à accueillir du public ont d'ailleurs fait l'objet de contrôles, tandis que leurs clients se voyaient visés par des sanctions. Ce fut par exemple le cas en décembre dans un club du Val-de-Marne. En revanche, il est exact que ces lieux ne sont pas forcément soumis aux mêmes règles que les discothèques.
Les établissements recevant du public, les ERP, sont en effet classés selon plusieurs types. Les lieux de culte sont de type V, les bibliothèques de type S, ou bien encore les musées de type Y. La réouverture de ces espaces varie en fonction de leur nature et les députés se sont donc concentrés ces derniers jours sur ceux de type P, regroupant "salles de danse et salles de jeux". Or, les lieux libertins n'entrent pas nécessairement dans cette catégorie. Si des discothèques libertines peuvent y être assimilées, il n'en est rien pour des clubs et autres saunas. Le Code du Tourisme conduit ainsi à les classer d'ordinaire parmi les "établissements sportifs clos et couverts", rassemblés au sein des établissements (ça ne s'invente pas)... De type X !
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Que ce soit au moment du premier déconfinement en mai 2020 ou aujourd'hui, il n'est donc pas surprenant d'observer des disparités en matière de réouverture. La plupart des établissements libertins vont pouvoir rouvrir en même temps que les salles de sport, à l'exception de ceux qui disposent d'une piste de danse et dont l'activité se rapproche de celle des discothèques.
Cette situation est absurde, a jugé dans l'hémicycle le député LR Philippe Gosselin. Ne comprenant pas que des lieux libertins puissent ouvrir quand d'autres établissements doivent gardes leurs portes closes, il n'a pas lésiné sur les sarcasmes. "Il est bien connu que dans ces clubs, on pratique tous les gestes barrières. C'est même d'ailleurs pour ça qu'on y va !", a-t-il lâché. Une sortie qui fait écho à la débauche d'énergie des élus MoDem, qui ont plaidé avant lui pour assouplir les mesures imposées aux boîtes de nuit. Si l'on peut juger ces disparités incohérentes, il apparaît toutefois trompeur d'affirmer comme l'a fait Jean Lassalle que les lieux libertins ou échangistes ont été ouverts durant le confinement.
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