Covid-19 dans les écoles : la position de plus en plus difficilement tenable de Jean-Michel Blanquer

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Publié le 25 mars 2021 à 18h02

Source : TF1 Info

CRISPATIONS - L'école n'est "pas une variable d'ajustement", martèle depuis des semaines le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer. Un point de vue qui passe de plus en plus mal chez les protagonistes du dossier.

Jean-Michel Blanquer en est convaincu : "On se contamine moins à l'école que dans le reste de la société". Raison pour laquelle, depuis le début de la crise sanitaire, maintenir les écoles ouvertes constitue une priorité pour le ministre de l'Éducation. Seulement voilà : les cas positifs au Covid-19 chez les élèves et les enseignants se multiplient ces dernières semaines, tout comme les fermetures de classe. À tel point que les certitudes du ministre deviennent difficilement audibles. Y compris dans les rangs du gouvernement.

"Jean-Michel Blanquer est dans le déni de ce qui se passe dans les écoles", a concédé auprès de l'AFP une source gouvernementale, qui ajoute que "message lui a été passé d'être plus précis dans les chiffres et d'évoquer la réalité de ce qu'il se passe dans les écoles plutôt que d'essayer de faire croire l'inverse". Il est selon cette source difficile "de faire croire aux Français qu'on se contamine beaucoup au travail et pas du tout dans les écoles".

Garder les écoles ouvertes "revient à prendre des risques"

Ce point de vue, ils sont nombreux à le partager au sein de la communauté scientifique. "Vous croyez que mettre 30 personnes, cinq jours sur sept, pendant huit heures dans la même pièce ne génère pas de contamination ? Sans compter qu'ils sont des centaines à se restaurer chaque midi dans une cantine, sans masque", a résumé Mahmoud Zureik, professeur de santé publique et d'épidémiologie à l'Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, pour Le Parisien. "C'est scientifiquement impossible qu'il n'y ait pas de circulation de virus", poursuit-il, évoquant "situation est bien plus compliquée".

Même au sein du très influent Conseil scientifique, la petite musique de la rue Grenelle devient inaudible. Pour Arnaud Fontanet, épidémiologiste et membre du Conseil, garder les écoles ouvertes "dans une situation où le virus circule fortement [...] revient à prendre un risque". Dans un récent entretien donné au JDD, le spécialiste concède que "l'école n'est pas un amplificateur, mais un reflet de la circulation du virus dans la communauté". Le scientifique rappelle d'ailleurs qu'"avoir un collégien ou un lycéen chez soi accroît de 30% le risque d'être infecté". Quant aux élèves de primaire, "on n'a pas observé d'augmentation de risque [...] mais c'était avant l'arrivée du variant anglais".

"Fermons tout de suite une ou deux semaines là où le Covid explose"

Au sein de la classe politique, le statu quo vanté par le ministère de l'Éducation commence à faire grincer des dents. La présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse a ainsi proposé mercredi d'avancer de deux semaines les vacances de printemps pour enrayer la progression du Covid. De son côté, la maire de Paris Anne Hidalgo plaide pour une accélération de la vaccination des enseignants, prévue "seulement" fin avril, si les doses viennent en quantités suffisantes. Les syndicats, eux, sont sur les nerfs. Réunis par le ministère pour un point sanitaire mardi dernier, ils ont demandé "des mesures fortes et protectrices pour permettre le maintien des écoles ouvertes". "Fermons tout de suite une ou deux semaines là où le Covid explose plutôt que de fermer toutes les écoles pendant trois ou quatre mois", suggère Stéphane Crochet, secrétaire général du SE-Unsa.

Malgré les critiques, Jean-Michel Blanquer reste droit dans ses bottes. Et certifie que les chiffres jouent en sa faveur : selon les premières remontées des tests salivaires déployés depuis trois semaines, "0,35 % à 0,5 %" des enfants sont positifs, selon le ministre, qui juge ce taux "contenu". Et ce, en dépit d'une augmentation en flèche qui a vu passer, en une semaine, le nombre de cas Covid chez les élèves de 9000 à 15.000, alors que 2018 classes sont fermées, selon les dernières données nationales disponibles. Soit seulement 0,4 % des classes en France.

 "Il y a un risque de catastrophe éducative mondiale à cause de cette épidémie. Ce que nous sommes en train de faire, c'est d'éviter à la France cette catastrophe", a souligné le ministre. Et de prévenir : "En Angleterre, ils ont perdu 20 ans de lutte contre les inégalités sociales en une année". L'école n'est "pas une variable d'ajustement", martèle celui qui se fait le héraut de cette volonté partagée au sommet de l'État. "C'est vrai que ça devient une exception française, mais il y a tout lieu d'en être fier", s'est-il félicité sur France Inter. "Cette crise peut être une catastrophe éducative, j'essaye d'éviter ça à la France".


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