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Covid-19 : que sait-on du "procès Nuremberg 2.0" qui a lieu en ligne ?

Publié le 8 février 2022 à 19h58
Capture d'écran du premier jour du "grand jury", lancé en ligne le 6 février 2022

Capture d'écran du premier jour du "grand jury", lancé en ligne le 6 février 2022

Des internautes affirment qu'un procès de l'ampleur de Nuremberg s'est ouvert samedi dernier.
Il s'agit du "grand jury international" lancé en ligne par une vingtaine d'avocats anti-vaccins.
Cet événement, qui n'a aucune valeur juridique, rassemble toutes les théories conspirationnistes.

Les extraits frappés du logo "Grand jury" inondent les réseaux sociaux. Ces vidéos, visualisées des centaines de milliers de fois pour certaines, sont tirées du "grand jury international" lancé en ligne le samedi 5 vendredi. Promu par des figures de la sphère anti-vaccin et anti-restrictions, on le retrouve aussi derrière l'appellation "Nuremberg 2.0". Que sait-on de cet événement ?

Des participants issus des sphères anti-vaccin

L'une de ses promotrices en France a été la députée Martine Wonner. Celle qui est coutumière des fausses informations a averti ses 120.000 abonnés sur Twitter qu'un "grand Jury aux États-Unis" avait ouvert une "procédure américaine (…) avec les plus grands avocats du monde entier". Seulement, contrairement à ce qu'elle affirme, ce "procès" n'a rien d'officiel, n'est validé par aucun gouvernement, et ne représente qu'une vingtaine d'avocats, tous issus de la sphère anti-vaccin.

Il s'autoproclame "tribunal populaire de l'opinion publique". À son origine, un certain Reiner Fuellmich. Dans une communication, partagée par le blog France Soir, cet avocat allemand assure travailler à cet événement "indépendamment de tout gouvernement et de toute ONG". Moins connu en France, l'instigateur du "procès" est une figure bien connue du complotisme allemand. Sa notoriété pendant l'épidémie lui vient notamment d'une vidéo, visionnée plus de 1,5 million de fois sur YouTube, dans laquelle il annonçait que l'épidémie était une "fraude" basée sur une "épidémie de tests". Autour de lui dans cette conférence, uniquement des avocats. Ne sont représentés ni juge, ni procureurs, ni avocats de la défense.

Des théories complotistes à la pelle

Voilà pour la forme. Quant au fond, cette réunion, mise en ligne notamment sur la plateforme "Odysee" rassemble tous les critères du complotisme. Les participants espèrent ainsi lancer une "enquête" contre ceux qui auraient "dans le cadre d'une collaboration criminelle mondiale", commis des "crimes contre l'humanité  (...) sous la forme d'une pandémie planifiée appelée Covid-19", selon les mots d'une avocate participante. Mais les arguments avancés à travers les différentes prises de paroles sont une multiplication de fausses informations. L'épidémie est décrite comme un "mensonge". Les bienfaits de l'hydroxychloroquine et de l'ivermectine y sont vantés. Et évidemment, les vaccins sont décrits comme des outils utilisés par les puissants. Tout ça dans l'objectif du "great reset", ce projet du forum de Davos transformé en théorie et selon laquelle les élites chercherait à "réinitialiser les sociétés".

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Les accusés sont donc, sans aucune surprise, les cibles préférées des complotistes. Ou la "clique du diable" selon l'expression utilisée par un participant. À savoir, le virologue allemand Christian Drosten, le conseiller américain Anthony Fauci, le chef de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus et Bill Gates. S'ajoutent à cette liste deux entreprises : la société de gestions d'actifs Blackrock et le laboratoire pharmaceutique Pfizer. 

Aucune valeur juridique

En résumé, il s'agit d'un "procès populaire", sans jury, ni accusés ni avocats, sans enquêteurs… Et qui ne suit aucune législation. L'événement se tient en effet "dans des conditions particulières", du propre aveu de son organisateur. Celui-ci considère le système judiciaire européen comme "corrompu et n'étant pas de nature à instaurer une pleine confiance dans la tenue d'un procès équitable". Pour mener à bien leurs travaux, les avocats s'appuient alors sur "le droit naturel", comme l'explique un participant. 

Menaces, agressions... Jusqu'où ira la violence des anti-vaccins ?Source : JT 20h Semaine

Cet événement en ligne n'est donc qu'un simulacre de procès. Il n'a aucune valeur juridique. 

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Felicia SIDERIS

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