L'Agence du médicament s'apprête à saisir la justice après la publication d'une étude controversée par l'équipe du Pr Didier Raoult.Selon l'ANSM, ces travaux de recherche ont été menés au mépris des règles établies par la communauté scientifique.
L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a fait part de son intention de saisir la justice concernant la dernière publication du Professeur Didier Raoult portant sur l’efficacité de l'hydroxychloroquine chez les patients atteints du Covid. Mise en ligne le 4 avril dernier (sur la plate-forme de prépublications MedRxiv, l’étude en question, signée de l’ancien directeur de l’IHU de Marseille et de sept co-auteurs (qui y exercent encore pour la plupart), suscite une levée de boucliers dans le monde médical.
Selon l’établissement public, ces travaux de recherche ont été réalisés hors de tout cadre légal. "Après analyse, nous confirmons que cette étude peut être qualifiée de RIPH (recherche impliquant la personne humaine) de catégorie 1. Elle aurait ainsi dû bénéficier d’un avis favorable d’un comité de protection des personnes (CPP) et d’une autorisation (de sa part) pour être mise en œuvre", indique l’ANSM à nos confrères du journal Le Parisien. Ce n’est pas la première fois que l’agence dépose plainte contre le chercheur français.
Un essai thérapeutique "sauvage"
Sous la pression de la direction des hôpitaux marseillais, Didier Raoult et son équipe ont annoncé, vendredi 2 juin, le retrait de l’étude controversée. "Tous les auteurs (dont moi) du pre-print (une version non relue par des pairs ni publiée dans une revue scientifique, ndlr) qui fait si peur en montrant que l'on pouvait soigner, ont décidé, par solidarité avec le Pr Lagier menacé par la direction, de retirer le pre-print pour ne pas laisser croire à une trahison de sa part et pour protéger les plus jeunes", a indiqué, dans un tweet, le spécialiste des maladies infectieuses (la publication est toujours accessible en ligne ce samedi après-midi).
L'étude, réalisée sur plus 30.000 patients atteints du Covid et soignés à l’IHU entre mars 2020 et décembre 2021, conclut que l'administration d'hydroxychloroquine (ou d'ivermectine), avec ou sans azithromycine, a permis de réduire la mortalité de manière significative. Ces derniers jours, des médecins ont pointé du doigt certains biais, comme le fait que les patients souffrant d’un risque cardiaque n’ont pas reçu le traitement. Pour rappel, celui-ci avait été placé sur "liste noire" après le signalement de cas de toxicité cardiaque chez des patients qui s'étaient automédicalisés en prenant du Plaquenil.
Dans une tribune publiée dans le quotidien Le Monde, des médecins issus de seize sociétés savantes ont dénoncé en début de semaine "une expérience réalisée en dehors des règles administratives et éthiques régissant les recherches impliquant la personne humaine", qualifiant ces travaux d'essai thérapeutique "sauvage". Mercredi, interpellé au Sénat, le ministre de la Santé François Braun avait brandi la menace de sanctions contre ces co-auteurs. Le parquet de Marseille, qui a ouvert en juillet une première enquête sur des essais controversés menés par l'équipe du Pr Raoult pendant la pandémie, a fait savoir que ces nouveaux éléments "faisaient l’objet d’une analyse complémentaire en cours".
Sur le
même thème
Tout
TF1 Info
- Police, justice et faits diversDisparition inquiétante de Lina, 15 ans, en Alsace
- Police, justice et faits diversAttentat de Magnanville : sept ans après, l'heure du procès
- SportsRC Lens
- Sujets de sociétéLe pape François à Marseille, une visite historique
- SportsLigue des champions 2023-2024 : le PSG repart en campagne