À LA LOUPE – Sans forcément nous en apercevoir, nous utilisons un terme issu de l'anglais, "Covid-19", pour désigner la maladie entraînée par le coronavirus. Un choix délibéré des autorités de santé ? Certains défenseurs de la langue française s'en émeuvent.
En cette période de pandémie, deux termes jusqu'alors inconnus ont fait leur apparition. Le nom du virus tout d'abord : SARS-CoV-2, qui désigne ce nouveau type de coronavirus initialement découvert en Chine. Encore plus usitée, l'expression Covid-19 désigne quant à elle la maladie provoquée par ce coronavirus. Derrière ce terme, un acronyme tiré de l'anglais : le "co" se réfère au coronavirus, le "vi" à un virus, tandis que le "d" signifie "disease", que l'on traduit en français par le terme de maladie. Le "19", enfin, correspond à l'année de sa découverte, 2019.
Entré dans le langage courant et utilisé par tous les services de l'Etat, le terme "Covid-19" pourrait facilement être francisé. Des internautes désireux de valoriser la langue française s'étonnent ainsi qu'un acronyme tiré de la langue de Shakespeare soit retenu pour désigner cette maladie. "Ne pourrait-on pas utiliser un terme en français comme mCov19 (pour maladie à coronavirus 2019) ?", s'interroge par exemple un utilisateur de Twitter.
Une terminologie utilisée par l'OMS
Pourquoi un tel choix ? Interrogée, la Direction générale de la Santé explique que par volonté de clarté et de simplicité de compréhension pour le grand public, l’utilisation du mot "COVID-19" semble être la plus appropriée. Elle ajoute que traduire par "la maladie liée au Coronavirus SARS-CoV-2" se serait révélée "complexe à utiliser dans les nombreux articles parlant de cette pathologie". Enfin, elle note que l'utilisation d'abréviations anglophones est courante, observée avec le SARS ou le MERS à l'échelle récente. "L’ensemble de nos recherches françaises en maladies infectieuses sont publiées au niveau international en langue anglaise", conclut la DGS, justifiant l'usage du terme soumis par l'OMS.
Si les autorités de santé suivent la terminologie adoptée par l'Organisation mondiale de la Santé, il faut toutefois rappeler qu'avant qu'une telle nomenclature soit adoptée, le terme retenu dans les médias était généralement "nouveau coronavirus", ou "coronavirus". Un usage qui a perdu du terrain après la désignation officielle d'un nom en février et la généralisation de son usage.
Par ailleurs, il n'est pas forcément surprenant d'observer qu'un terme issu de l'anglais se soit imposé. Dans le domaine médical et de la recherche, l'anglais est en effet une langue dominante. Il suffit de consulter les publications scientifiques pour constater qu'elle s'est imposée, son usage étant généralisé chez les chercheurs et servant généralement de base aux échanges. Cette impression a été confirmée par des travaux de l'Institut national d'études démographiques, qui mettaient en évidence en 2013 la dimension incontournable de l'anglais dans le monde de l'enseignement supérieur et de la recherche.
Féminin ou masculin ?
Savoir si l'usage d'un terme francisé serait bénéfique n'est pas le seul débat d'ordre linguistique en cette période de pandémie. Le choix d'utiliser le masculin pour évoquer la maladie Covid-19 est en effet contesté, la très sérieuse Académie française jugeant plus légitime l'usage du féminin, "la Covid-19".
"Les sigles et acronymes ont le genre du nom qui constitue le noyau du syntagme dont ils sont une abréviation", souligne l'Académie pour justifier que l'on "devrait donc dire la Covid 19, puisque le noyau est un équivalent du nom français féminin maladie".
Outre-Atlantique, au Québec, la question de la féminisation s'est posée plus rapidement qu'en France. "Très tôt, une note a circulé encourageant l’usage du féminin ("la Covid"), laquelle a été suivie quasi immédiatement d'une notice de l’Office québécois de la langue française (OQLF), le grand organisme qui régule la langue au Québec", précise le site The Conversation. Dès lors, l'usage du féminin y est bien plus répandu, contrairement à la France où l'usage du masculin s'est imposé au fil des semaines sans que les spécialistes de la langue ne s'en émeuvent.
Au grand dam des ardents défenseurs de la langue française, les autorités ont donc fait le choix de conserver une abréviation d'origine anglophone. Une adoption qui s'est effectuée assez naturellement, pour des questions pratiques autant que par habitude, l'anglais étant une langue incontournable dans le monde de la recherche et de l'enseignement supérieur.
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