Covid-19 : l'exemple israélien prouve-t-il l'inefficacité du vaccin ?

ALG
Publié le 6 septembre 2021 à 15h41
Covid-19 : l'exemple israélien prouve-t-il l'inefficacité du vaccin ?
Source : MENAHEM KAHANA / AFP

ÉCLAIRAGE - Montré en exemple il y a quelques mois encore dans la lutte contre le Covid-19, Israël atteint actuellement des records de contaminations tout en étant l'un des pays les plus vaccinés au monde. Suffisant pour en déduire que le vaccin est inefficace ?

Alors que, récemment encore, Israël faisait figure d'exemple dans la lutte contre le Covid-19, le pays est aujourd'hui durement rattrapé par la quatrième vague de l'épidémie. Avec près de 11.000 cas de Covid-19 pour 100.000 habitants enregistrés à la veille de la rentrée scolaire, l'État hébreu a atteint la semaine dernière un nouveau record de contaminations quotidiennes. À titre de repère, il enregistre le quatrième taux d’infection le plus élevé au monde derrière la Géorgie, la Dominique et Cuba, où la couverture vaccinale n'est pourtant pas aussi étendue.

Doit-on pour autant y voir la démonstration d'une inefficacité des sérums anti-Covid-19, comme l'avancent certains ? "Aujourd'hui, on s'aperçoit aux États-Unis et en Israël, pays de la vaccination, que jamais il y a eu autant de cas de Covid", a ainsi souligné ce dimanche 5 septembre, sur LCI, Nicolas Dupont-Aignan, pour qui le pass sanitaire est, dans ces conditions, "une aberration scientifique". En réalité, plusieurs facteurs permettent d'expliquer les chiffres enregistrés en Israël. On fait le point.

Une vaccination au point mort

Le premier facteur que mettent en avant les autorités israéliennes repose sur l'omniprésence du variant Delta, beaucoup plus contagieux que les souches précédentes. En effet, contrairement à ce qui valait concernant la souche originelle, le taux de reproduction du virus, le fameux R0, n’est plus de 2 ou 3, mais de 6,4. En d'autres termes, ce dernier se transmet à l'heure actuelle à environ 260 individus contre 15 à 40 auparavant. 

Si ce critère est bien à prendre en considération, il ne peut toutefois expliquer à lui seul la virulence du rebond observé actuellement en Israël, puisque le variant Delta est également dominant dans de nombreux autres pays qui n'enregistrent pas des chiffres aussi inquiétants.

Mais face à cette omniprésence du variant Delta, le taux de vaccination n’a, lui, quasiment plus évolué ces derniers mois. Or, les non-vaccinés demeurent un réservoir important de circulation du virus et ne permettent pas au pays d’atteindre le seuil d'immunité collective, estimé à 80 % ou 90 % de la population. Ainsi, alors qu'en avril dernier, 55% des Israéliens étaient déjà entièrement vaccinés, 60% le sont aujourd’hui. À titre de comparaison, la France est passée dans le même temps de 15 % à plus de 70%. 

Le poids démographique des enfants

Parallèlement à cette campagne de vaccination qui s'est essoufflée, le poids démographique des enfants semble lui aussi peser dans l'équation, 28% de la population israélienne étant âgée de 14 ans ou moins, selon la Banque mondiale, tandis que ce taux ne dépasse pas 20% dans les pays européens, en Extrême-Orient ou encore aux États-Unis. Or, à l'exception des enfants âgés de 5 à 11 ans risquant des complications graves, il n’est toujours pas possible de vacciner les moins de 12 ans. 

Si les autorités israéliennes ont étendu la vaccination aux jeunes de 12 à 16 ans début juin, seuls 33% d'entre eux sont entièrement vaccinés. Pour repère, en France, à la veille de la rentrée scolaire, près de 45% des adolescents inclus dans cette tranche d'âge avaient reçu leur deux doses de vaccin et 62% étaient entièrement vaccinés. 

Un rappel nécessaire ?

Dans ce contexte, Israël, un des premiers pays au monde à avoir vacciné la majorité de sa population de neuf millions d'habitants, a lancé ces dernières semaines une campagne en faveur d'une troisième dose censée améliorer la réponse immunitaire des vaccinés depuis plus de six mois, laquelle a déjà été administrée à environ 2,5 millions de personnes. 

En effet, comme dans la plupart des pays, les premières personnes vaccinées dans l'État hébreu ont été les plus âgées et les plus fragiles, ce qui pourrait expliquer que leur immunité décline plus vite et qu'on retrouve pour partie cette population dans les services hospitaliers actuellement. 

À noter toutefois que si 1300 personnes sont toujours hospitalisées pour Covid-19 en Israël, la situation semble s'être stabilisée depuis la fin août dans les hôpitaux, et que seuls 4,8% des patients sévèrement touchés sont des personnes entièrement vaccinées, d'après les données officielles de l’État hébreu. Preuve que la vaccination protège bel et bien des formes graves.


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