FACE AU DELTA - Le gouvernement planche sur un projet de loi visant à rendre le vaccin contre le Covid-19 obligatoire pour les soignants, partant du constat que le taux de vaccination reste trop faible. L'exécutif, et Emmanuel Macron en premier, s'était pourtant montré jusque-là hostile à la contrainte.
Pour affronter le variant Delta et espérer atteindre l'immunité collective, faudra-t-il recourir à la contrainte ? L'hypothèse de l'obligation vaccinale, née dès les premières semaines de la campagne vaccinale, est désormais sur la table. Le Premier ministre a annoncé mercredi une consultation des élus sur le sujet et le gouvernement planche sur un projet de loi instaurant l'obligation vaccinale pour les soignants, trop peu immunisés à ce stade.
Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a précisé jeudi sur LCI que cette obligation réservée aux soignants pourrait être instaurée avant septembre, afin de lutter contre le risque d'une 4e vague épidémique en France.
En mai dernier, l'Académie de médecine avait déjà préconisé, dans un avis, de recourir à l'obligation non seulement pour les soignants, mais aussi pour les professions particulièrement exposées, comme les forces de sécurité, les enseignants et les voyageurs en transit. La même Académie qui, en septembre dernier, avait suggéré la vaccination obligatoire contre la grippe pour les soignants, arguant de l'insuffisante couverture contre ce virus.
Un revirement pour Emmanuel Macron
Si ce débat sur l'obligation est revenu à intervalle régulier, l'hypothèse avait sans cesse été repoussée par le gouvernement. D'abord, pour une raison politique. À l'automne dernier, avant même que la campagne de vaccination ne démarre, Emmanuel Macron avait pris cet engagement auprès des Français. "Je veux aussi être clair : je ne rendrai pas la vaccination obligatoire", avait-il assuré lors de son allocution solennelle, le 24 novembre 2020.
Un engagement rappelé d'ailleurs dans son interview chez Brut, début décembre, où le chef de l'État invoquait la difficile acceptation vaccinale. Il faut dire qu'à l'époque, les Français semblaient encore peu disposés à recevoir une dose - l'opinion a radicalement changé à ce sujet depuis sept mois, et près de 55 millions d'injections ont été réalisées à ce jour. "Je ne suis pas favorable à la vaccination obligatoire pour ce vaccin", avait-il expliqué. "Je crois beaucoup plus au travail de conviction par la transparence." Emmanuel Macron avait également rappelé que le débat existait même pour des vaccins connus depuis longtemps. "Il y a eu un très gros débat démocratique dans notre pays, avec des vaccins qu'on connaissait par cœur, [pour lesquels] on avait des décennies de recul."
Les soignants toujours au cœur du débat
Le sujet a malgré tout ressurgi au sujet des professions médicales et paramédicales. Début mars, la lenteur relative de la campagne pour les soignants (d'abord les plus de 55 ans, puis tous les professionnels) avait relancé les débats. Dans une lettre ouverte, Olivier Véran les avaient appelés solennellement à se faire vacciner, rappelant que le Covid-19 constituait à l'heure actuelle la principale infection nosocomiale dans les établissements de santé.
Le ministre de la Santé avait alors clairement évoqué la possibilité d'une obligation vaccinale. "Je suis convaincu que le taux de couverture a augmenté", expliquait-il au lendemain de cette lettre ouverte. "Si nous constations que malgré cela [...] ça ne suffisait pas, alors je saisirais le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) pour lui poser la question de savoir s'il est éthique de refuser de se faire vacciner quand on est soignant. Cela pourrait nous conduire à prendre des décisions supplémentaires. Nous verrons, nous n'en sommes pas encore là."
Les menaces n'avaient finalement pas été mises à exécution et le CCNE n'avait pas été saisi à ce sujet. Il faut dire que la situation avait sensiblement changé au printemps, avec la montée en puissance de la vaccination au sein des professions médicales. Si le taux de couverture restait encore insuffisant, 7 soignants sur 10 avaient reçu au moins une dose fin avril.
Une question de santé publique
Côté politique, rares sont ceux qui avaient envie de remettre le sujet sur le tapis, dans la majorité comme dans l'opposition. Emmanuel Macron écartait à nouveau cette option fin mai. "Si l'on veut que nation reprenne une vie normale, il faut qu'un maximum de gens se vaccinent. Mais je respecte la vie de chacun, c'est pour cela qu'on ne l'a pas rendue obligatoire", expliquait le chef de l'État. "Je préfère marcher par la conviction."
Une stratégie qui semble désormais patiner, notamment au sein de certaines professions, comme les infirmiers et les aides-soignants. Et qui conduit désormais l'exécutif à prendre des mesures qu'il voulait éviter. Il n'est toutefois pas le seul à avoir évolué sur le sujet : selon un récent sondage, près de trois quarts des Français sont favorable à l'instauration d'une obligation vaccinale pour les soignants, et 6 Français sur 10, à une obligation pour l'ensemble de la population.
Sur le
même thème
Tout
TF1 Info
- Police, justice et faits diversDes enfants attaqués au couteau à Annecy
- InternationalLe Canada flambe, la côte Est des États-Unis embrumée
- InternationalFrançois, un pape octogénaire à la santé fragile
- InternationalRon DeSantis
- InternationalGuerre en Ukraine : la destruction du barrage de Kakhovka, tournant du conflit ?