MESURES SANITAIRES - L'épidémiologiste Arnaud Fontanet, membre du Conseil scientifique, a relancé lundi le débat sur la fermeture des frontières, estimant que la mutation du virus détectée au Royaume-Uni changeait la donne. Les pays européens ont privilégié jusqu'ici des mesures de restrictions, plus ou moins drastiques selon les États.
Le "virus mutant" britannique doit-il changer la doctrine en matière de contrôle des frontières ? Le débat a été relancé lundi par l'épidémiologiste Arnaud Fontanet. Pour ce membre du Conseil scientifique, dont une note est attendue par l'exécutif dans les prochaines heures, "il est vraiment important de se poser la question de la fermeture des frontières".
"On parle du Royaume-Uni. On a l'Irlande", a-t-il ajouté sur BFMTV et RMC. "C'est certainement une question à mettre à l'ordre du jour. Ce n'est évidemment pas à nous, Conseil scientifique, de décider. On le met sur la table", a conclu l'épidémiologiste de l'institut Pasteur, jugeant que le variant britannique "change complètement la donner pour cette rentrée".
La question des frontières n'a cessé d'alimenter les débats depuis le début de la crise sanitaire, avec son lot d'incertitudes sur l'efficacité de mesures aussi drastiques. En témoignent ces propos du même Arnaud Fontanet, qui estimait, en février 2020, que "fermer les frontières ne servirait pas", et que cela permettrait au mieux "de retarder, mais pas d'arrêter l'épidémie". La position du Conseil scientifique, édictée dès le 12 mars 2020, était d'ailleurs la même : il n'y a "pas d'argument scientifique en faveur d'un impact de la fermeture des frontières sur l'évolution de l'épidémie [...] Il y a un consensus scientifique pour dire que, lorsqu'une épidémie croît rapidement dans un pays voisin, la fermeture des frontières ne fait que légèrement retarder le démarrage de l'épidémie locale".
Contrôler plutôt que fermer
Depuis le début de la crise sanitaire, les autorités européennes ont pourtant pris des mesures restrictives aux frontières. Le 18 mars, la France avait, comme d'autres pays, invoqué une disposition du code frontières de Schengen pour rétablir temporairement les contrôles.
Durant les deux confinements, les frontières intérieures de l'UE n'ont toutefois jamais été formellement fermées. Les citoyens français comme les ressortissants de l'UE et du Royaume-Uni étaient autorisés à entrer sur le territoire national pour rejoindre leur domicile. En revanche, les ressortissants des pays hors UE ne pouvaient plus rentrer en France, sauf exception. Un dispositif dérogatoire qui a été levé le 15 juin pour les pays de l'espace Schengen, puis le 1er juillet pour un certain nombre de pays hors-Schengen, selon une liste réactualisée tous les 15 jours en fonction de la situation épidémiologique. Le même dispositif a été à l'œuvre durant le second confinement en France, du 30 octobre au 15 décembre.
En septembre, les pays de l'UE se sont accordés sur une harmonisation des restrictions de circulation, sans que la question d'une fermeture des frontières revienne sur la table. Un code couleur a été adopté pour décrire la situation de chaque pays et permettre de prendre des mesures de précaution. Les zones "rouges" permettent ainsi d'imposer des tests et une quarantaine à l'entrée sur le territoire.
Des trous dans la raquette ?
Malgré cet effort pour coordonner les stratégies dans l'UE, les pays gardent une latitude importante pour prendre des mesures plus ou moins restrictives. Une fermeture pure et simple des frontières a bien été décrétée entre la France et le Royaume-Uni lors de l'apparition de la variante britannique... Mais cette fermeture n'a duré que trois jours, du 20 au 23 décembre. Une réouverture partielle a en effet été autorisée afin de permettre aux transporteurs et aux ressortissants de revenir en France. À ce jour, il est simplement "déconseillé" aux Français de se rendre Outre-Manche, peut-on lire sur le site du Quai d'Orsay.
L'apparition de foyers de cette variante dans plusieurs régions françaises, depuis le début du mois de janvier, a relancé le débat sur cette frontière franco-britannique. L'exécutif a défendu jusqu'ici ses choix : contrôler plutôt que bloquer. "Depuis le 23 décembre, vous devez être muni d'un test antigénique ou PCR de moins de 72 heures" pour revenir du Royaume-Uni, a fait valoir lundi, sur LCI, le ministre des Transports Jean-Baptiste Djebbari. "Le virus ne s'arrête pas aux frontières, nous l'avons toujours dit. En revanche nous pouvons diminuer les flux. Pour les pays 'rouges', plus de 100 hors UE, vous devez vous munir d'un test PCR négatif pour entrer sur le territoire". Dans le monde scientifique, certaines voix estiment, en outre, que la variante britannique est déjà en circulation sur le territoire national et qu'une fermeture des frontières n'aurait pas d'effet.
Cette stratégie est-elle suffisante face au risque d'une nouvelle flambée épidémique ? Des élus ont réclamé ces derniers jours un renforcement des contrôles à l'entrée du territoire. Le maire de Nice, Christian Estrosi, a ainsi appelé à une réciprocité entre la France et l'Italie, qui impose, contrairement à nous, un test PCR systématique et une quarantaine. D'autres pays de l'UE imposent déjà des contrôles plus stricts que la France, comme l'Allemagne, l'Autriche et la Belgique, avec tests et quarantaines systématiques, quel que soit le pays d'origine. Ailleurs dans le monde, des pays comme l'Afrique du Sud et le Japon ont décidé de fermer totalement leurs frontières.
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