TÉMOIGNAGE - Internet regorge de théories plus ou moins farfelues quant aux dangers potentiels de la vaccination. La défiance d'une frange importante de la population - près d'une personne sur deux - soulève des inquiétudes alors que la campagne de vaccination pour lutter contre le Covid-19 doit débuter en janvier prochain. Pour comprendre le phénomène, LCI a contacté un "antivax" repenti pour qu'il nous raconte ce qui a alimenté sa méfiance vis-à-vis du vaccin.
Avec l'arrivée imminente d'un vaccin contre le Covid-19, le mouvement des "antivax" (autrement dit, les opposants au vaccin) trouvent un nouvel écho. La toile fourmille de contenus assénant assurant de la nocivité de la vaccination. Les réseaux sociaux, de YouTube à Twitter en passant par Facebook ou WhatsApp, se font indirectement leur porte-voix. Le phénomène n’est pas nouveau mais il prend une nouvelle ampleur dans le contexte actuel de la crise sanitaire.
En témoigne, la récente enquête "Vaccins : piqûre de défiance" de la Fondation Jean Jaurès, dans laquelle le chercheur Antoine Bristielle s’évertue à dresser le portrait-robot de cette frange de la population, toujours plus nombreuse, qui se déclare prudente, méfiante, sinon ouvertement hostile à toute forme de vaccination. Selon une étude de Santé Publique France, seul un Français sur deux se dit prêt à se faire vacciner contre le Covid-19.
Mathieu, 34 ans, a bien failli basculer il y a cinq ans, juste après la naissance de son premier enfant. Quelques jours avant le rendez-vous chez le pédiatre pour faire vacciner sa petite fille, le couple est invité pour dîner chez des amis. L’un des convives les alerte alors sur les dangers que présente, à l’entendre, le fait de faire vacciner son enfant. "Il nous répétait sans cesse qu’on mettait la vie de fille en danger. Que les vaccins pour enfant contiennent des adjuvants, des substances toxiques dont les effets secondaires peuvent conduire à des troubles mentaux", relate l’intéressé. Sa compagne, dont le père est médecin généraliste, est sceptique. Mais le doute s’insinue malgré tout dans le couple. "Le rendez-vous pour vacciner notre fille approchait, j’étais perdu et ma compagne, elle, ne comprenait pas ma réaction", se souvient encore le trentenaire.
Le doute appelant la peur, de retour chez lui, encore abasourdi par les révélations de cet ami revêtant le costume de lanceur d’alerte, Mathieu se met derrière son ordinateur en quête d’éléments tangibles. Ce fameux ami lui avait parlé du Pr Henri Joyeux, un cancérologue réputé dans son domaine qui anime un blog sur lequel il alerte depuis longtemps sur les dangers de la vaccination. Le praticien est notamment à l’origine de deux pétitions lancées sur Internet en 2014 et 2015 contre une préconisation et une décision du gouvernement pour étendre la vaccination, pointant la présence d’aluminium comme adjuvant dans le vaccin "hexavalent" qui selon lui représentait un danger, un sujet encore âprement débattu. Une position qui lui a valu d’être radié en 2016 de l’Ordre des médecins, avant d’être réintégré en 2018.
On se trouve absorbé dans un vortex d’informations provenant de sources plus ou moins fiables
Mathieu, père de famille
Se fiant à la casquette de scientifique du Pr Joyeux, dont la parole lui semble de ce fait légitime, Mathieu fait alors ses premiers pas dans le monde des "antivax". "En quelques clics, on se trouve absorbé dans un vortex d’informations provenant de sources plus ou moins fiables. Cela va du témoignage d’un ancien employé de laboratoire qui dénonce sous couvert d’anonymat des conflits d’intérêt avec les médecins, à la vidéo d’une mère dont l’enfant est devenu handicapé du jour au lendemain à cause d’une réaction à un vaccin. On se retrouve pris dans un engrenage", se rappelle le jeune père de famille. Sur YouTube, à cause des algorithmes, des contenus similaires lui sont suggérés à la fin de chaque vidéo. Le levier de la peur, le focus sur les enfants, des explications simplistes, souvent partiels : un cocktail qui a pour effet de conforter ses doutes vis-à-vis de l'intérêt du vaccin. "Comme il n’y a pas d’avis contradictoire, on s'enferme dans un mode de pensée unique et on perd alors tout esprit critique, comme les complotistes", reconnaît le trentenaire.
Il m’a fait prendre conscience que c’est une démarche collective. Qu'en vaccinant notre enfant, on protégeait aussi ceux des autres
Mathieu, un "antivax" repenti
En parallèle, Mathieu découvre également l'existence sur Facebook de plusieurs groupes de discussion "antivax" plus ou moins confidentiels. Un monde hétéroclite, où se mêlent thérapeutes et autres adeptes des médecines naturelles. "Les gens s’y échangent des numéros de praticiens acceptant de faire un fausse attestation pour faciliter l’inscription des enfants à l’école", la vaccination étant obligatoire en France, se souvient Mathieu. "L'ambiance est très anxiogène. De nombreux parents font part de leur inquiétude en faisant référence au syndrome de Guillan-Barré", une maladie inflammatoire qui attaque les nerfs souvent citée en exemple par les "antivax". Une augmentation du risque a bien été constatée, mais dans de très rares cas : de l’ordre d’un à deux cas pour 100.000 personnes, selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Le déclic lui est venu après une discussion avec son beau-père, médecin à la retraite. "Il m’a fait prendre conscience que c’est une démarche collective. Qu'en vaccinant notre enfant, on protégeait aussi ceux des autres", soutient Mathieu, dont les deux enfants sont aujourd'hui vaccinés. L'épidémie de coronavirus qui frappe tous les pays de la planète depuis la fin décembre a permis à bon nombre de personnes de prendre conscience à quel point la science est parfois contradictoire. Et c'est aussi le cas pour le vaccin, qu'elle qu'il soit. "Il est beaucoup plus probable de souffrir gravement d’une maladie à prévention vaccinale que du vaccin. […] Les avantages de la vaccination dépassent de loin les risques et l’on observerait un bien plus grand nombre de cas de maladies et de décès sans les vaccins", souligne l'OMS. Mathieu, quant à lui, a retenu la leçon : il ira se faire vacciner contre le Covid-19 dès que les doses seront disponibles. "Un geste citoyen", dit-il.
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