Covid-19 : la propagation fulgurante du variant Omicron

Quel sera l'impact du variant Omicron sur l'hôpital ? Ce que prévoit l'Institut Pasteur

ML
Publié le 30 décembre 2021 à 6h06
JT Perso

Source : JT 20h Semaine

PRÉVISIONS - Face à une contagiosité et une dangerosité encore difficilement prévisibles, les scénarios de l'Institut au sujet de l'effet d'Omicron sur les hospitalisations sont multiples. Seule certitude : vaccination et limitation des contacts sont de bons leviers pour limiter la flambée des admissions.

En quelques semaines à peine, le variant Omicron a aggravé une flambée épidémique inédite en Europe et en France. Selon CovidTracker, 27,4% des cas positifs enregistrés actuellement dans l’Hexagone seraient dus à une contamination à ce nouveau variant. Son ampleur est telle que les prévisionnistes de l’Institut Pasteur se sont penchés sur le rôle qu’il pourrait jouer dans une possible saturation des centres hospitaliers dans les mois à venir, dans une étude publiée mercredi 28 septembre.

S’il est "nettement plus transmissible" que le variant Delta, sa "sévérité intrinsèque" semble moindre que son prédécesseur, mais sans certitude pour l’heure, explique cette analyse. Le centre de recherches a donc mis au point plusieurs scénarios, dans lesquels le variant est soit aussi dangereux que Delta - "un scénario qui semble pouvoir être exclu à ce stade" -, soit aussi dangereux que des formes du virus moins sévères que son prédécesseur, à savoir le variant Alpha et la souche originelle du virus. Le scénario le plus optimiste table quant à lui sur un variant Omicron deux fois moins dangereux que ce virus historique.

Les chercheurs ont aussi intégré à leurs prévisions le facteur de "l’avantage de transmission" du variant, à savoir la contagiosité d’Omicron par rapport à Delta, en élaborant trois plans : "bas (+54%), intermédiaire (+67%) ou haut (+84%)". Trois scénarios qui correspondent respectivement à un temps de doublement du virus de 3, 2,7 et 2,4 jours, des durées observées à la fin du mois de novembre et début décembre.

Attention toutefois : "il n’est pas possible de quantifier précisément l’impact qu’aura la vague Omicron sur le système de santé" parce que "la propagation du virus SARS-CoV-2 est difficile à anticiper ; et la dynamique de l’épidémie peut changer rapidement", si bien que ces scénarios restent incertains, mettent en garde les auteurs.

Des hospitalisations en baisse à des records d’admissions, un large panel de prévisions

Dans le scénario le plus optimiste, l’Institut se montre plutôt rassurant quant aux hospitalisations. Si la sévérité du variant Omicron est deux fois plus faible que celle du virus souche (soit de 77% de sévérité en moins par rapport au variant Delta), avec un "avantage de transmission" intermédiaire, "le pic d’hospitalisations pourrait atteindre 2700 hospitalisations quotidiennes sans ajustement des comportements", prévoient les chercheurs. 

Autrement dit, un bond significatif puisque 484 admissions ont été enregistrées ces dernières 24 heures, mais qui correspondrait une situation déjà connue par les hôpitaux, car ce pic avait été atteint lors de la deuxième vague. Un chiffre qui pourrait même être quasi divisé par deux si les contacts sont réduits de 20%.  Quant au cas où le variant se révèle peu contagieux, l’Institut table sur 1700 admissions quotidiennes. 

En revanche, les hospitalisations grimperaient à 4400 admissions dans le scénario avec la contagiosité la plus haute, ce qui, pour le coup, constituerait un record, survolant le pic de la première vague qui culmine à 3500 hospitalisations par jour.

Ces chiffres pourraient flamber encore davantage si la sévérité d’Omicron était semblable à celle de la souche du virus (soit une sévérité 54% plus faible que celle de Delta) avec une contagiosité haute, avec un pic journalier montant à 5000 hospitalisations, met en garde le centre de recherches. En revanche, "l’épidémie pourrait rester gérable avec des mesures d’intensité intermédiaire" dans les scénarios où l’avantage de transmission est bas ou moyen, "ne dépassant pas 2500 hospitalisations journalières", à condition toutefois que les Français réduisent là aussi leurs contacts de 20%.

Et dans les pires des cas, si Omicron se révélait aussi dangereux qu’Alpha ou pire, que Delta, en étant moyennement ou très transmissible, l’Institut tire la sonnette d’alarme : l’Hexagone serait confronté "à des pics d’hospitalisations dépassant largement les pics de 2020 en l’absence de mesures de contrôle fortes".

Quand faut-il réagir et comment ?

Mais à quelle date le rythme des hospitalisations pourrait-il accélérer ? Dès la période des fêtes, si Omicron est 84% plus transmissible que Delta, estiment les chercheurs. Même si le variant est moins contagieux, mais qu’il reste très sévère, c’est toujours sur cette période-là que les admissions pourraient se multiplier chaque jour. 

Si sa sévérité décline en revanche, il faudra s’attendre à un pic d’admissions début janvier, voire dans la deuxième moitié du mois si en plus d’être deux fois moins sévère que la souche initiale du virus, le variant est aussi moins transmissible. En bref, "une absence d’augmentation des hospitalisations dans les jours qui viennent pourrait donc indiquer une sévérité moindre du variant Omicron", selon les modélistes, mais elle peut aussi s'expliquer par une difficulté d'Omicron à atteindre les plus fragiles. 

Face à ces incertitudes, difficile d’adopter au bon moment des mesures de contrôle, comme la restriction des contacts. "Si la mesure est mise en place trop tôt, il y a le risque de ne faire que décaler la vague sans fortement impacter sa taille. À l’inverse, si l’on attend trop longtemps, les hôpitaux risquent la saturation" dans les scénarios les plus pessimistes, prévient l'Institut Pasteur. Si le variant est peu contagieux et peu sévère, attendre le 3 ou le 10 janvier permettrait de faire chuter le pic des hospitalisations d’un quart, voire de moitié, mais s'il se transmet vite, retarder les mesures ferait exploser les admissions.

Pour resserrer cet éventail de prévisions, il faudra attendre de nouvelles données sur la contagiosité et la sévérité d'Omicron, à venir dans une à deux semaines, indique le document.

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Outre ces mesures de restrictions des contacts, les experts préconisent aussi une accélération de la campagne de rappel : administrer 1,2 million de doses par jour, contre 800.000 injections (un pic enregistré mi-décembre), permettrait de limiter le nombre d’hospitalisations de 9 à 17%. La vaccination de 90% des adultes encore non-vaccinés, avec une cadence de 100.000 doses par jour, pourrait permettre quant à elle de limiter de 17 à 35% ces pics d’admission.

Si l’Institut Pasteur estime que les vaccins sont moins efficaces contre le variant Omicron que le variant Delta, il note toutefois que la protection contre l’hospitalisation reste forte, en particulier avec la dose de rappel. Dans le détail, une personne vaccinée avec deux doses depuis plus de six mois serait prémunie à 85% contre les formes graves dans le cas du variant Delta, contre 70% dans le cas d’Omicron. Si elle a reçu son injection de rappel, ou si elle a été vaccinée avec deux doses et infectée ensuite, cette protection grimperait à 95% pour Delta comme pour Omicron dans les six mois suivants.

Attention en revanche aux risques d’infection pour ceux qui ont reçu deux doses il y a plus de six mois et n’ont pas encore fait leur rappel : le vaccin ne protégerait qu’à 25% contre la contamination à Omicron, contre 50% pour Delta. Avec la 3e dose ou en cas de contamination, ces chiffres grimpent respectivement à 70% et 85%. Les experts soulignent aussi l’importance de "l’impact combiné" de plusieurs mesures, à savoir la primo-vaccination et la campagne de rappel menées de front avec des contrôles accrus et un maintien des gestes barrières.


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