MOBILISATIONS - Après un an de pandémie et une activité au point mort, la colère du monde de la culture se manifeste à travers la multiplication d'occupations symboliques. Jeu d'équilibriste pour Roselyne Bachelot et le gouvernement, qui veulent donner un horizon sans pouvoir acter de date.
Les promesses et les atermoiements, ils n'en veulent plus. Après un an de crise sanitaire, et plus de quatre mois de mise à l'arrêt forcé, le monde de la culture gronde. Cette colère se traduit notamment, depuis plusieurs jours, par des actions d'occupations dans des lieux symboliques de la culture française.
Le mouvement, conduit notamment par des intermittents du spectacle, a commencé jeudi dernier au théâtre de l'Odéon - symbole parisien de Mai-68, avec le soutien de la CGT Spectacles et de figures du monde culturel, comme l'acteur Robin Renucci ou le metteur en scène Christophe Honoré. S'il se dit "préoccupé par la sécurité sanitaire des occupants", le directeur du théâtre, Stéphane Braunschweig, a indiqué au Monde travailler avec eux "dans un esprit de dialogue" et "partage leur inquiétude" au sujet de l'accompagnement des intermittents qui n'ont pas pu faire leurs heures en raison des fermetures - ils réclament à ce titre la prolongation de "l'année blanche", qui doit faire l'objet d'un rapport d'ici un mois. Les occupants ont reçu, samedi, la visite de la ministre de la Culture Roselyne Bachelot, qui leur a promis de poursuivre les échanges.
Je me suis rendue ce soir au @TheatreOdeon occupé depuis 3j. Je comprends les inquiétudes notamment sur les suites de l'année blanche : ils le savent, mon objectif est de poursuivre la protection de l'emploi artistique autant que nécessaire. Nous poursuivrons nos échanges. #odeon pic.twitter.com/8sZh3booqp — Roselyne Bachelot (@R_Bachelot) March 6, 2021
Les syndicats reçus jeudi à Matignon
Dans la foulée, des actions similaires ont été menées par des étudiants d'art dramatique au théâtre de la Colline, également à Paris, ainsi qu'au théâtre national de Strasbourg et au théâtre Saragosse, à Pau. Les initiateurs espère que le mouvement fera tache d'huile. Car au-delà des questions de survie économique, c'est bien une perspective de sortie que réclame le monde du spectacle, avec une date sonnante et trébuchante de réouverture des salles de cinémas, de théâtres et de concerts. "Pour nous, il s'agit d'un mouvement national. On a des retours des syndicats en région et ça commence à bouger, ils s'organisent", assurait ainsi à l'AFP, mardi, Karine Huet, secrétaire générale adjointe du SNAM-CGT (Union Nationale des Syndicats d'Artistes Musiciens de France).
"En Europe, 80% des citoyens sont effectivement privés de ces lieux de culture", a indiqué Roselyne Bachelot mardi à l'Assemblée nationale. "Il y a une différence en France. Nulle part en Europe, l'aide au spectacle vivant n'est aussi forte que dans notre pays. Nous sommes en train d'adapter les mécanismes d'aide pour continuer à ce que nos artistes puissent traverser la crise."
Preuve que la colère du monde culturel n'est prise à la légère : une nouvelle réunion a été organisée jeudi avec les organisations syndicales, jeudi, sous l'arbitrage direct de Jean Castex.
La culture "parmi les premiers" secteur à rouvrir
Mais dans un contexte sanitaire extrêmement tendu, en particulier en Ile-de-France, difficile d'avancer une date de réouverture. L'exécutif est condamnée, pour l'heure, à faire attendre musées, salles de spectacles et festivals alors que les protocoles sont en chantier depuis plusieurs semaines. Le sommet de l'exécutif, lui, continue de préparer "l'après", conformément au souhait d'Emmanuel Macron.
L'un des participants à la réunion de jeudi a confirmé que Jean Castex ne s'était pas engagé sur une date, tout en assurant qu'il était "attentif" au secteur culturel. "On a obtenu l'écoute du Premier ministre", note simplement le participant. Interrogé sur le festival d'Avignon, le chef du gouvernement a, selon cette source, évoqué la possibilité qu'il se déroule cette année sous une forme aménagée.
Le travail se poursuit notamment sur l'idée du "pass sanitaire" qui permettrait d'accéder aux différents lieux en allégeant les contraintes, et plus largement du schéma de réouverture progressive des secteurs touchés par les restrictions depuis l'automne, qui fera l'objet d'une réunion à l'Élysée en fin de semaine prochaine. "L'idée est de tout préparer pour appuyer sur le bouton le jour où...", explique à LCI une source dans l'entourage de chef de l'État. "Dire que la culture sera dans les premiers à rouvrir n'est pas mentir." Une nouvelle cure de patience est donc demandée au monde culturel.
En attendant, Matignon a annoncé jeudi des mesures complémentaires de soutien aux activités culturelles, dont le déblocage de 20 millions d'euros supplémentaires - en plus des 30 millions déjà prévus au titre de la relance - pour soutenir l'emploi, le reflouement du fonds d'urgence des artistes (Fussat) pour 10 millions d'euros supplémentaires et le maintien des droits aux prestations de congés maternité et maladie malgré l'activité interrompue.
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