CAMPAGNE VACCINALE - Invité de Darius Rochebin sur LCI vendredi 12 novembre, l'épidémiologiste Martin Blachier a insisté sur la nécessité d'encourager les derniers Français vulnérables non-vaccinés à sauter le pas, notamment en durcissant les règles d'accès au pass sanitaire pour les plus âgés.
Tandis que de nombreux pays européens sont touchés de plein fouet ces dernières semaines par une flambée épidémique, la France n'échappe pas à cette reprise, bien que ses effets soient moins dévastateurs sur son territoire que sur celui de ses voisins - tels que les Pays-Bas, l'Autriche et l'Allemagne, très fragilisés par ce rebond des contaminations.
Lors de son allocution télévisée mardi soir, Emmanuel Macron a souhaité de son côté donner un coup d'accélérateur à la campagne de rappel. Mais pour l'épidémiologiste Martin Blachier, invité de Darius Rochebin vendredi 12 novembre sur LCI, la priorité est surtout à accorder à ceux qui n'ont pas été encore vaccinés, en particulier les deux millions de Français vulnérables n'ayant pour l'heure reçue aucune dose.
Pour ce faire, le spécialiste plaide pour le durcissement des conditions d'obtention du pass sanitaire pour les plus âgés, qui devrait n'être accessible selon lui que par la vaccination et non plus également par des tests. "Je suis totalement opposé à cette stratégie de lutter contre la contamination", a-t-il par ailleurs martelé, insistant sur la nécessité à laisser le virus circuler dans la population pour doper l'immunité de celle-ci.
Priorité donnée aux non-vaccinés vulnérables plutôt qu'à la troisième dose, "sujet annexe"
Lors de son allocution, le chef de l'État a annoncé que la prolongation du pass sanitaire pour les plus de 65 ans serait conditionnée à l'injection d'une dose de rappel, une annonce qui a fait exploser le nombre de créneaux réservés puisque "620.000 prises de rendez-vous ont eu lieu sur Doctolib", a indiqué ce vendredi le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.
La barre des 4 millions de doses injectées a ainsi été franchie, sur 7,7 millions de personnes éligibles. La campagne de rappel sera également ouverte aux 50-64 ans dès début décembre, a annoncé le président.
"La parole d'Emmanuel Macron est toujours magique, on l'a vu en juillet et elle reste magique en novembre", a déclaré Martin Blachier, qui a salué un calcul "intelligent" : "il est plus facile de faire faire une 3e dose aux gens qui en ont fait deux plutôt que de pousser les gens qui n'ont pas fait leurs deux doses à les faire".
Mais c'est pourtant cette vaccination qu'il fallait encourager, juge-t-il, bien qu'Emmanuel Macron ait lancé un nouvel appel à se faire vacciner aux six millions de Français n'ayant pour l'heure reçu encore aucune dose. "La meilleure mesure aurait été d'aller encore plus loin, sur la vaccination des dernières personnes vulnérables non-vaccinés", qui représentent deux millions de ces six millions, a estimé l'épidémiologiste, ajoutant : "C'est eux qui font peser un risque sur la population française."
"La troisième dose est un sujet annexe, a-t-il ainsi considéré, puisque la protection avec les deux doses dure dans le temps selon les études que nous avons." L'épidémiologiste a par ailleurs rappelé que la reprise épidémique actuelle est "l’épidémie des non-vaccinés à l’hôpital" : "ce virus circule et circulera toujours, on n’arrivera jamais à empêcher sa circulation au sein de la population totale, y compris des vaccinés", mais "cela met la nation en danger à cause des non-vaccinés, avec un risque de saturation des services hospitaliers".
"Une seule décision à prendre" : restreindre l'accès au pass sanitaire à la vaccination
Mais pour convaincre cette frange de population à risques, mais non-vaccinée, l'épidémiologiste estime que le porte-à-porte est susceptible de "ne pas fonctionner" pour convaincre les deux millions de personnes encore non-vaccinées bien que fragiles. En revanche, "je pense que l’on pourrait aller un peu plus loin et passer comme les Autrichiens d’un pass sanitaire à un pass vaccinal", qui n'admet plus comme condition d'obtention un test négatif. Ce pass vaccinal ne serait obligatoire toutefois que pour les personnes concernées par la 3e dose, à savoir les plus de 65 ans voire les plus de 50 ans, a-t-il proposé.
En Autriche en effet, pays largement fragilisé par la reprise épidémique, l’accès aux restaurants, hôtels et lieu culturels est refusée depuis la semaine dernière aux non-vaccinés, un test négatif n'étant désormais plus suffisant pour pouvoir entrer. Ce modèle "nous fera sortir de la crise, mais pas la 3e dose", a assuré l'épidémiologiste. Et de poursuivre : "s'il y a une seule décision à prendre, je pense que c'est celle-là".
"Le pass sanitaire n’a pas de sens", a-t-il par ailleurs justifié, assurant que "les gens négatifs vont se contaminer dans ces lieux soumis au pass". Car si le vaccin diminue considérablement les risques de cas graves, même les vaccinés peuvent transmettre le virus, a-t-il rappelé, ce qui "alimente l'épidémie".
Retour d'un confinement partiel aux Pays-Bas : "c'est de la folie"
Alors que de nombreux pays européens font face à une flambée de cas de contaminations, certains d'entre eux ont adopté ces dernières heures des mesures drastiques, ou planchent actuellement sur un nouveau tour de vis sanitaire. Parmi eux, les Pays-Bas, qui viennent de rétablir ce vendredi un confinement partiel pour trois semaines dans tout le pays dès samedi pour endiguer une flambée de contaminations, avec à la clé annulation des manifestations publiques et fermeture des bars, restaurants et magasins essentiels à 20h et les magasins non essentiels à 18h.
"Il faut aller vers la vaccination et ne pas remettre des mesures barrières comme le fait les Pays-Bas, ça me paraît incroyable de refaire ça aujourd'hui", a réagi Martin Blachier, poursuivant : "freiner la circulation, c'est reculer la sortie de crise". "Je trouve que c'est une folie, quand on a un vaccin, d'aller fermer les restaurants le soir pour ne pas brusquer les quelques personnes qui ne sont pas vaccinées", a-t-il ensuite détaillé, martelant que "l’objectif est de vacciner ceux qui ne le sont pas, mais pas de freiner la propagation du virus".
Selon lui, seule cette circulation du virus permettra de faire baisser les courbes de contamination, couplée à une couverture vaccinale efficace : être contaminé par le Covid-19 tout en étant vacciné contre ses formes graves confère une "immunité acquise hybride", qui permet de ne plus transmettre le virus et "in fine, cela arrête l’épidémie", a-t-il expliqué. "Je suis totalement opposé à cette stratégie de lutter contre la contamination", a-t-il donc insisté.
Quant au confinement de non-vaccinés, prévu dès lundi dans deux régions autrichiennes et étudié dès ce week-end par les autorités du pays pour une extension de la mesure au niveau national, cette décision paraît excessive aux yeux de l'épidémiologiste. "Il me semble que le pass vaccinal suffit", a-t-il estimé, avant d'ajouter : "Ce n'est pas pour éviter 10 à 100 admissions en réanimation que vous allez confiner une partie de la population". "Il ne faut pas prendre des décisions terribles parce que l'on pense que la haie va être dix fois plus haute que ce qu'elle va être réellement", a-t-il préconisé.
L'aération régulière des espaces clos, "une stratégie qui ne tient pas la route"
Toujours dans une même volonté de ne pas freiner la circulation du virus au sein des populations vaccinées, Martin Blachier a estimé que "cette espèce d'idée que tous les lieux du monde vont maintenant être équipés de capteurs de CO2" avec une aération très régulière des pièces "est une stratégie qui ne tient pas la route", tout comme "la stratégie Zéro Covid était vouée à l'échec".
"On ne va pas empêcher notre immunité d'être stimulée par des virus à jamais parce qu'on a une épidémie de SARS-CoV-2", a-t-il tancé, estimant qu'un "monde aseptique" et "stérile" est "très mauvais pour nous". L'épidémiologiste s'inquiète en effet de rebonds déjà avérés de bronchiolite et de risques d'épidémies de grippe.
"Faisons-nous une immunité et vivons en harmonie avec ce germe [du Covid-19] comme nous vivons avec les autres germes", a-t-il lancé. Selon lui, même le port du masque aurait ses limites maintenant que le vaccin existe, en freinant la circulation du virus. "Il faut se vacciner" et "arrêter les mesures barrières à outrance", a-t-il résumé.
Derrière les Covid longs, une "panique Covid" ?
Au sujet d'une étude française publiée ce vendredi, qui avance l'hypothèse de raisons psychologiques derrière les Covid longs, l'épidémiologiste note que "la grosse majorité des Covid longs seraient plutôt liés à une anxiété face au Covid", pointant notamment des troubles psychosomatiques.
"Cela veut dire que ces Covid longs ont peut-être été plus fabriqués par la panique Covid que par le Covid lui-même", a-t-il lancé, critiquant par là des mesures de restrictions sanitaires comme le retour du masque à l'école. "On va probablement créer plus de Covid longs chez les enfants en les masquant à l'école qu'en les protégeant de la contamination contre le virus", a-t-il jugé, lançant que "en voulant trop bien faire, on fait pire qu'en ne faisant rien".
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