PANDÉMIE - De plus en plus de soignants, éreintés et gagnés par la lassitude, quittent l’hôpital public. Dans une enquête de l'Ordre national des infirmiers , 57% des infirmiers interrogés se disent en "burn-out" et 40% déclarent envisager de raccrocher la blouse.
Déjà sous tension avant la crise sanitaire, le secteur hospitalier s’enfonce encore un peu plus dans la tourmente. Aux urgences, les équipes s’effondrent les unes après les autres alors que la circulation de la maladie s’intensifie dans l’Hexagone et que les services de réanimation redoutent d'arriver à saturation. Une enquête de l’Ordre national des infirmiers menée auprès de 60.000 soignants, parue ce dimanche dans le journal Le Parisien, révèle ainsi que plus de quatre infirmiers sur dix envisagent aujourd’hui de se convertir. Selon la consultation, 37% des infirmiers estiment que "la crise que nous traversons leur a donné l’envie de changer de métier" et 43% "ne savent pas s’ils seront toujours infirmiers dans 5 ans ".
L’épidémie de Covid-19 a été le coup de grâce pour une large partie d’entre eux : ils sont en effet 57% à se déclarer "être en situation d’épuisement professionnel depuis le début de la crise", avec "un fort risque d’impact sur la qualité des soins pour près de la moitié (48%) d’entre eux". Quand, avant la crise sanitaire que l'on connaît depuis neuf mois, un tiers (33%) d'entre eux faisait déjà part de leur mal-être.
Pour Noémie Banes, présidente du Collectif inter-urgences, la crise du Covid-19 n’a fait qu’accroître un malaise déjà prégnant dans les hôpitaux. "Les soignants sont à bouts, éreintés par des mois de travail acharné. Avec la crise sanitaire, une journée classique d’une infirmière dure 12 heures. On nous demande de reporter nos jours de repos et de vacances. C'est éreintant...", raconte l'infirmière au micro de LCI. Les arrêts de travail se multiplient et les départs ne sont pas remplacés, faute de candidats. "Nous ne sommes pas suffisamment nombreux pour assurer le fonctionnement de certains services. On a le sentiment de ne pas être suffisamment épaulé par le gouvernement pour faire face à cette situation", déplore-t-elle.
Surcharge de travail, désorganisation, baisse des effectifs
S'ils sont de plus en plus nombreux, difficile pour autant de chiffrer précisément le nombre de soignants qui ont choisi de raccrocher la blouse. Mais pour beaucoup, il s'agit avant tout d'un choix de raison, pas de cœur. "Ça fait maintenant quatre mois que j'ai quitté l'hôpital : j'ai retrouvé le sommeil, l'appétit et je ne crie plus sur mes enfants", raconte à l’AFP une pédiatre des Bouches-du-Rhône, âgée d’une quarantaine d’année et qui imaginait "sa carrière toute tracée dans le service public". "Prendre un poste de praticien hospitalier, c'était, il y a une dizaine d'années, ce que tout le monde visait", souligne-t-elle.
Mais ce n'est plus le cas : aujourd'hui plus d'un quart des postes de praticien hospitalier ne trouve pas preneur en France. En cause, la charge de travail, la désorganisation des équipes, le manque d'attractivité, la surcharge administrative, l'augmentation du flux de patients, le manque de projets d'avenir... Mais aussi "la maltraitance institutionnelle envers les patients dont nous faisons preuve bien malgré nous, le plus souvent due au manque de tout", confie à l'AFP Thomas Laurent, infirmier aux hospices civils de Lyon, avouant partir "sans regret". Après 16 ans passé à l'hôpital, il dit avoir choisi de "changer de métier pour vivre plus sereinement".
Nous sommes revenus aux mêmes problèmes qu'avant, en pire parce que nous sommes fatigués et encore moins nombreux
Aude Vincentelli, infirmière Smur.
Aude Vincentelli, infirmière Smur, n'a pas encore sauté le pas mais "depuis un an, à peu près toutes les semaines, je me dis 'c'est bon, basta, je m'en vais'". Elle explique : "A un moment notre vie personnelle pâtit tellement de notre travail que ça n'a pas de sens". Avant "j'y trouvais mon compte, on faisait du bon travail dans une équipe stable. Mais tout ça a explosé en vol", témoigne la soignante en pointant du doigt "le déficit d'effectifs devenu chronique ces dernières années", conduisant à une "lassitude" générale.
Déjà avant la pandémie, pour pallier les postes vacants, Aude Vincentelli travaillait jusqu'à 90 heures par semaine, faisait un week-end sur deux de garde, auxquels s'ajoutaient celles de nuit. "Je me sentais prisonnière de mon service, prisonnière de cette permanence de soins", confesse-t-elle. Pendant la première vague, "nous étions galvanisés. Mais la descente a été assez violente", poursuit la spécialiste, comparant les effets à celle d'une "gueule de bois". "Nous sommes revenus aux mêmes problèmes qu'avant, en pire parce que nous sommes fatigués et encore moins nombreux". Or, si l'on en croit le comité scientifique, l'épidémie de nouveau coronarivus risque de perdurer encore de longs mois. De quoi aggraver encore un peu plus la crise des vocations.
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