EXIT - Par oubli ou faux sentiment d'être protégé avec une seule dose de vaccin anti-Covid, il semble qu'un certain nombre de Français fassent l'impasse sur la seconde. Le phénomène, qui ne concerne pas que l'Hexagone, est pris au sérieux.
Exit la seconde dose ? Après avoir convaincu de nombreux Français de faire confiance aux vaccins contre le Covid-19, les autorités pourraient avoir à en réconcilier d'autres avec le fait de se faire vacciner pleinement. Si les motifs pour l'expliquer sont divers, il semble en effet que certains n'abordent pas la seconde injection dans le même état d'esprit que la première. Au point, parfois, de faire complétement l'impasse dessus.
Dans l'Hexagone comme ailleurs, cet autre défi de la vaccination est pris au sérieux. Quel est le risque de n'être que partiellement vacciné et comment l'éviter ? On fait le point.
Quelle ampleur et quelle explication ?
Si Doctolib évalue à moins de 1% la part des créneaux non honorés, toutes doses confondues, et ce, sans que les patients ne les aient libérés en amont, les statistiques qui remontent de certains centres de vaccination se révèlent plus éloquentes. Au centre de vaccination du stade Vélodrome à Marseille par exemple, 20% des rendez-vous pris pour la deuxième injection n'auraient pas abouti à une présentation des patients le Jour J, selon des données communiquées à BFM. Dans d'autres centres, comme celui de Muret, c'est un rendez-vous sur dix qui n'est pas honoré...
Plusieurs pistes sont avancées pour l'expliquer parmi lesquelles figurent l'oubli, l'empêchement ou plus généralement des difficultés d'organisation notamment s'agissant des personnes âgées ou les actifs. Mais celle qui inquiète le plus les médecins émane d'un faux sentiment d'être protégé avec une seule dose. Et ce dernier pourrait bien être exacerbé à mesure que la décrue de l'épidémie se poursuit. "Avec la communication, légitime, autour de l’amélioration nette de la situation sanitaire, les patients peuvent se dire qu'une dose suffit, qu'il n'y a presque plus de virus", explique notamment Jérôme Marty, médecin à la clinique Saint-Roch à Fronton et président du syndicat UFML, pour YahooActuFR. Et de poursuivre : "Le problème, c’est que la communication est faite autour de l’intérêt du vaccin, avec l'idée de retrouver ses proches et une vie normale, mais il n'y a aucune explication simple sur l’intérêt de faire les deux doses du vaccin. On voit déjà ce problème avec le 'syndrome du vacciné'".
Un phénomène qui s'est observé ailleurs
Dès la fin avril, ce phénomène avait été mis à jour au travers d'entretiens menés par l'agence de santé publique américaine, dans lesquels certains récalcitrants à la deuxième dose expliquaient qu'ils se sentaient suffisamment protégés grâce à la première injection, tandis que d'autres redoutaient les effets secondaires. À date, aux États-Unis, 5 millions d'Américains avaient ainsi manqué leur deuxième dose du vaccin Pfizer ou Moderna, soit environ 8 % de ceux qui ont reçu la première dose, révélait le New York Times s'appuyant sur les chiffres officiels de la CDC.
... et pris au sérieux
Pour rappel, les deux doses de Pfizer et Moderna, les vaccins ouverts à tous publics, sont espacées de 39 à 42 jours. Et l'efficacité vaccinale en dépend. "Une seule dose déclenche une réponse immunitaire plus faible et pourrait rendre plus vulnérable face aux variants", rappelait le New York Times fin avril. En témoignent, les données des autorités sanitaires britanniques face au variant indien. Lorsqu'une dose d'AstraZeneca ou de Pfizer ne protège qu'à 33% contre une forme symptomatique, l'immunité grimpe à 60% pour deux doses d'AstraZeneca et 88% pour Pfizer. La conclusion est la même concernant le variant britannique qui représente aujourd'hui plus de 85% des contaminations en France. De 50% après une seule injection, la protection contre les formes symptomatiques monte à 66% pour AstraZeneca et 93% pour Pfizer, toujours selon ces données.
C'est d'ailleurs pour assurer cette efficacité vaccinale et éviter que certains ne soient tentés de faire l'impasse sur la seconde pendant les vacances, cette fois pour des raisons de timing, que le ministre de la Santé Olivier Véran a annoncé mercredi soir qu'il serait possible, pour tenir compte des vacances, de décaler son rendez-vous de seconde dose de vaccin anti-Covid.
Comment y remédier ?
Pour limiter le nombre de patients n'honorant pas leur second rendez-vous, certains médecins souhaitent également que les caisses primaires d'assurance maladie (CPAM) permettent aux médecins traitants d'accéder à l'état de la vaccination de leurs patients afin d'envisager des rappels en cas d'oubli, ou le cas échéant de mettre l'accent sur la pédagogie autour de l'importance de la seconde dose.
D'après plusieurs témoignages rapportés à LCI, des centres de vaccination pourraient avoir trouvé un autre moyen pour inciter les patients à ne pas faire l'impasse sur leur seconde injection. Selon nos informations, la mise à disposition d'un QR code figurant sur l'attestation remise après avoir reçu la première injection ne serait en effet plus systématique depuis quelques jours, et ce, contrairement à qui semblait être le cas ces dernières semaines.
Interrogés sur la raison de ce changement, des agents chargés de remettre le document en question ont explicitement évoqué ce problème lié aux secondes doses trop souvent tombées aux oubliettes (mais pour autant gâchées) pour justifier la remise du précieux sésame lors du second rendez-vous et non plus dès le premier. Contactée par notre rédaction, la Direction générale de la santé n'a pour l'heure pas confirmé ces informations et ce changement de process.
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