ALTERNATIVES - Olivier Véran a réaffirmé vendredi qu'il n'était pas question d'imposer la vaccination à la population générale. Mais dès lors, comment pousser les Français à sauter le pas ? Tour d'horizon des potentielles solutions.
"Nous ne contraindrons pas les Français à se faire vacciner." Depuis un centre commercial des Hauts-de-Seine, où un centre de vaccination est installé, Olivier Véran a une nouvelle fois écarté l'hypothèse de la vaccination obligatoire dans la "population générale", alors que le "le débat est abordé pour les soignants".
Cette mise au point intervient à quelques jours des vacances d'été, sur lesquelles plane la "menace" du variant Delta et une "potentielle reprise" de l'épidémie, alors que la campagne de vaccination a semblé marquer le pas ces dernières semaines en France. Pour tenter de la relancer, certaines initiatives, nationales ou locales, sont mises en place pour séduire de nouveaux volontaires.
Aller les chercher
L'un des enjeux pour continuer à convaincre les Français à aller se faire vacciner est d'aller les chercher, à proximité de leur domicile, de leur lieu de travail ou de vacances, notamment pour les personnes résidant dans des zones rurales. C'est l'esprit du "vaccibus" qui accompagne le Tour de France. Dans un camion coloré, des doses de vaccins sont proposées aux habitants, qui peuvent ainsi se faire vacciner contre le Covid-19 sans rendez-vous, et ce lors de toutes les étapes du Tour.
De nombreux centres de vaccination ont également été installés dans des centres commerciaux, où la prise de rendez-vous n'est pas nécessaire. Ces endroits, accessibles sur tout le territoire, pourraient faciliter, notamment pour les vacanciers, l'accès au vaccin, comme l'a souligné Olivier Véran ce vendredi 2 juillet. "Ce genre d’opérations, nous les multiplions sur vos lieux de vacances sur les lieux de loisirs et auprès des grandes compétitions sportives dans les bus qui vont dans les quartiers populaires où la vaccination est parfois plus fragile qu’ailleurs mais également là où vous allez faire vos courses."
Pour relancer la vaccination, même pendant l'été, le ministre de la Santé a par ailleurs annoncé ce vendredi qu'il sera désormais possible, "dès lundi", de prendre son deuxième rendez-vous de vaccination "dans n'importe quel autre centre du pays, y compris dans les zones de vacances vous seriez amenés à vous rendre". Quelques heures après la prise de parole d'Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a résumé l'idée par cette formule : "On peut à la fois aller à la plage et se faire vacciner."
Au travail, les salariés pourront désormais s'absenter pour aller se faire vacciner, sans pénalités de salaire. "Je vous confirme que vous aurez le droit automatiquement à une autorisation d'absence de quelques heures que vous n'aurez pas à rattraper et qui ne sera pas imputée sur votre salaire pour pouvoir avoir cette démarche de vaccination", a détaillé Olivier Véran. "Il n'y aucun frein qui existe aujourd'hui" pour les salariés qui veulent aller se faire vacciner.
Les inciter
Autre enjeu pour le gouvernement : inciter les gens à aller se faire vacciner. Si la France offre peu de récompenses, contrairement à de nombreux pays dans le monde, en contrepartie d'une vaccination, certaines initiatives existent localement.
À Argenteuil, dans le Val-d'Oise, la mairie a ainsi mis en place un jeu-concours, intitulé "Destination Vaccination", ouvert aux jeunes de 18 à 25 ans de la commune, pour les inciter à aller se faire injecter une dose de vaccin. Entre le 1er et 31 juillet, les concernés pourront remporter 95 lots, dont des voyages en Europe, des places de spectacles, concert...
Pour le maire LR Georges Mothron, l'initiative ne peut être que bénéfique. "On commence à constater un ralentissement de l’ordre de 10 %. La participation des jeunes est en effet la clé du succès de la stratégie de vaccination. Plus les jeunes seront vaccinés, plus nous serons tous protégés. J’espère que Destination Vaccination, initiative singulière et symbolique, y contribuera et que de nombreux élus me rejoindront en mettant en place un tel dispositif", détaille-t-il dans les colonnes du Parisien.
Une initiative similaire est organisée par la Métropole de Nîmes cet été. Jusqu'au 18 juillet prochain, les 18-25 ans pourront gagner des chèques cadeaux culturels ou sportifs, ou encore des abonnements vélo, s'ils présentent un certificat de vaccination de première ou deuxième dose.
Parmi les facteurs qui peuvent détourner les individus de la vaccination, il faut s'interroger sur le recours répété aux tests RT-PCR ou antigéniques qui sont offerts gratuitement sur le sol français
Gabriel Attal
Selon Anne Sénéquier, médecin et codirectrice de l’Observatoire de la santé, l'incitation est la meilleure façon de relancer la campagne de vaccination. "Si vous ne créez pas d’intérêt pour les personnes qui n’en ont aucun à se faire vacciner ni d’un point de vue collectif ni d’un point de vue individuel, elles ne se feront jamais vacciner", assure-t-elle auprès de nos confrères de 20 Minutes. "Aux États-Unis, il y a des coupons de réduction dans les magasins et, au Canada, une loterie pour gagner une bourse étudiante", détaille-t-elle.
Dans un avis rendu le 23 juin, l'Académie de médecine propose quant à elle de faire payer les tests PCR ou antigéniques, un des facteurs pouvant "détourner les individus de la vaccination". Elle propose ainsi "de suspendre le remboursement des tests RT-PCR et des tests antigéniques pratiqués pour convenances personnelles (obtention d’un passe sanitaire, voyages internationaux, participation à des événements collectifs) chez les personnes non vaccinées".
Le gouvernement a d'ores et déjà annoncé, le 30 juin dernier, que les tests de détection du Covid-19 deviendront "payants dès le 7 juillet pour les touristes étrangers" venant en France. Plus largement, la question du déremboursement des tests PCR dits "de confort" "va évidemment se poser pour la rentrée" pour les Français, a expliqué Gabriel Attal.
Communiquer
Pour pousser les Français à franchir le pas de la vaccination, il faut tout d'abord qu'ils soient informés des options qui s'ouvrent à eux. Pour ce faire, le gouvernement multiplie les campagnes de communication. La dernière en date, celle de l'ARS de Provence-Alpes-Côtes-d'Azur (Paca), publiée ce jeudi 1er juillet, a marqué les esprits. Son slogan, "oui, le vaccin peut avoir des effets désirables", s'accompagne d'une série d'affiches illustrant la "vie d'avant" le virus, avec notamment des gens qui s'embrassent ou qui assistent à un concert...
💉 #VaccinationCovid | "Oui, le vaccin peut avoir des effets désirables". Nous lançons une campagne de sensibilisation pour inciter et convaincre la population à recourir à la #vaccination Pour relayer la campagne ▶️ https://t.co/1MYUZ048sb pic.twitter.com/fVG9fe3LzV — ARS Paca (@ARSPaca) July 1, 2021
Pour cibler un public plus large, il est toutefois nécessaire de repenser cette communication et lancer des "campagnes spécifiques", avance Fabienne El Khoury, chercheuse en épidémiologie sociale à l’Inserm, citée par 20 Minutes. Actuellement, "les campagnes de vaccinations classiques ont plutôt tendance à toucher les populations les plus favorisées et non plus précaires [...] Dans cette crise, on est une équipe. On perd ou on gagne ensemble, alors il ne faut laisser personne derrière", assure-t-elle.
Si la barre symbolique des 50% de Français ayant reçu au moins une dose de vaccin a été franchie en début de semaine, le nombre de primo-vaccinés journaliers a diminué de moitié ces derniers jours.
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