Covid : à Marseille, des bars et restaurants déjà "totalement exsangues"

par Cédric INGRAND
Publié le 24 septembre 2020 à 16h21, mis à jour le 24 septembre 2020 à 16h44

Source : JT 13h Semaine

FRAGILES - Bars et restaurants marseillais vont devoir fermer leurs portes pendant dix jours au moins, après six mois d'une crise qui les mettait déjà en grande précarité. Pour les représentants du secteur, il aurait fallu réagir autrement... quitte à sanctionner jusque dans leurs propres rangs.

"Depuis le début de l'année, on a travaillé quoi, deux mois en juillet-août ?" À écouter Marc Chemin, le directeur de l'Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie (Umih) des Bouches-du-Rhône, les nouvelles mesures annoncées le mercredi 23 septembre par Olivier Véran auraient difficilement pu plus mal tomber. "Cette année, tout est annulé, la Foire de Marseille, les séminaires, tout le tourisme d'affaires, économiquement c'était déjà une catastrophe."

Un marasme économique qui touche les établissements de manière différente. Si les bars, les restaurants, les hôtels ont pu profiter de l'été, certains professionnels n'ont pas pu travailler depuis plus de six mois. "Les discothèques par exemple n'ont pas pu rouvrir depuis le mois de mars, et là on parle d'établissements qui ont des frais fixes de 30.000 euros chaque mois."

Les professionnels anticipent des faillites en cascade

Une crise qui a déjà fait des victimes, que l'on a pour l'instant du mal à compter. "On ne chiffre pas les fermetures jusque-là, les quelques retours que l'on a de la part du Tribunal de Commerce sont alarmants, mais il ne reflètent qu'une petite partie de la situation réelle", s'inquiète Marc Chemin. "Beaucoup de professionnels ont honte de leur situation, et préfèrent ne pas en parler, mais on sait que les chiffres des dépôts de bilan vont s'aggraver très vite." Des défaillances qui auraient à leur tour des effets immédiats sur les fournisseurs, et sur l'économie de quartiers entiers.

Jusque-là, les annulations de charge, le chômage partiel, et les prêts garantis par l'état ont permis d'amortir les effets de la crise, ou de mettre l'économie des établissements en pause, des mesures qui ont pour beaucoup une date limite. "On noie le poisson avec ces prêts, mais il faudra bien les rembourser", tempête le directeur de l'Umih, "et au premier janvier prochain l'état ne prendra plus en charge que 50% du chômage partiel." 

On ne condamne pas toute la classe pour un mauvais élève.
Marc Chemin, Directeur de l'UMIH des Bouches-du-Rhône

À l'Etat, les professionnels demandent un dispositif d'aides plus simples : "Tant que l'on n'a pas de rentrées d'argent, il faut reporter les charges. Il faut aussi faire quelque chose sur les loyers, qui vont précipiter certains établissements vers la faillite."

Au-delà, c'est bien sur le volet sanitaire des mesures gouvernementales que les professionnels auraient voulu procéder autrement. "Notre demande est simple", détaille Marc Chemin, "laissez les établissements ouverts, et fermez immédiatement tous ceux qui ne respectent pas les règles sanitaires. Mais on ne condamne pas toute la classe pour un mauvais élève."

Surtout, le syndicaliste s'emporte contre des mesures qui pourraient ne faire que déplacer le problème. "Il faut condamner les soirées illégales, tous ces gens qui louent une maison sur AirBNB et font des soirées à 60. Chez nous, on sait gérer l'alcool, la sécurité, la prévention des trafics, mais demain, tous ces jeunes, ils vont faire quoi ?"

Fermeture des bars et restaurants à Aix-Marseille : les réactions des professionnels concernésSource : JT 20h Semaine

Dans son collimateur également, d'autres professionnels, moins soucieux de la conjoncture sanitaire. "Les plus forts ce sont certains clubs échangistes qui n'ont même pas eu à fermer leurs portes ! J'ai même vu des pubs de certains d'entre-eux qui promettent qu'ils respectent les gestes-barrière... ce n'est pas sérieux !"

D'après des syndicats professionnels, au niveau national, 10 à 15% des bars et restaurant ont fermé définitivement depuis le printemps, et 30% pourraient au final ne pas survivre à la crise. Restaurateurs et cafetiers de Marseille et sa région se rassembleront demain vendredi devant le Tribunal de Commerce.


Cédric INGRAND

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