Crack à Paris : la préfecture de police veut déplacer les consommateurs dans le 12e, Anne Hidalgo s'y oppose

I.N
Publié le 25 janvier 2022 à 22h23, mis à jour le 25 janvier 2022 à 23h02

Source : TF1 Info

À la demande du ministre de l'Intérieur, la préfecture de police souhaite déplacer les consommateurs de crack vers un terrain SNCF du 12e arrondissement de Paris.
Selon elle, le groupe public ferroviaire a donné son accord pour le prêt de cette parcelle.
Mais la maire de la capitale, Anne Hidalgo, s'y oppose, tandis que celle du 12e arrondissement dénonce "une décision brutale".

Imbroglio autour du sort des consommateurs de crack à Paris. Installés de manière "provisoire" depuis plusieurs mois dans un square à la limite de la Seine-Saint-Denis, ils font l'objet d'un désaccord entre le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, et la maire de Paris, Anne Hidalgo. Le locataire de la place Beauvau souhaite les déplacer dans un endroit plus pérenne, ni sur la voie publique, ni dans un square. Problème : la candidate socialiste à la présidentielle s'y oppose.

Gérald Darmanin a demandé à la préfecture de police de Paris de rechercher un nouvel endroit qui ne pénalise pas les riverains et les commerçants. "Les critères de cette recherche ont été de retenir un site qui soit, d'une part, le plus possible éloigné des quartiers résidentiels, commerçants ou des nœuds de transport, et, d'autre part, accessible aux services sanitaires et sociaux, de façon à ce que l'accompagnement social et médical déjà mis en place puisse y être déployé", explique la préfecture de police dans un communiqué publié ce mardi.

Anne Hidalgo appelle à "résoudre de manière durable" le phénomène

Elle a alors mis la main sur un terrain appartenant à la SNCF, situé dans le 12e arrondissement "à l'intersection de deux faisceaux ferroviaires et du boulevard Poniatowski". Le groupe ferroviaire "a donné son accord à l'État pour le prêt" de cette parcelle, précise la préfecture de police, qui prévoit d'y installer les consommateurs de crack "après la réalisation de travaux de pose d'une clôture sécurisée".

Pas de quoi satisfaire Anne Hidalgo, qui s'oppose à ce déplacement. "La Ville de Paris ne participera en aucune manière à toute nouvelle opération qui ne ferait que déplacer le problème sans chercher à le résoudre de manière efficace et durable", écrit la maire de Paris dans un courrier adressé au préfet et consulté par l'AFP. "Les usagers de drogue ont besoin d'une prise en charge globale, sociale et sanitaire à laquelle la succession d'opérations de police ne répond aucunement."

"L'existence d'une scène ouverte de crack, dont vous assumez la pérennité, provoque un rejet incompréhensible de la part des riverains", rétorque également la candidate socialiste à l'élection présidentielle. "Elle disqualifie l'installation de lieux de soins et de prise en charge adaptés." Le premier adjoint à la mairie de Paris, Emmanuel Grégoire, dénonce de son côté une "absurdité absolue" et une "décision solitaire prise sans aucune concertation".

Ce projet a également suscité de fortes réticences à la mairie du 12e arrondissement. "Le transfert forcé de populations fragilisées, précarisées, dans un environnement inconnu derrière une 'clôture sécurisée' est inhumain et ne saurait répondre à la 'crise du crack' à l'échelle parisienne", a dénoncé dans un communiqué Emmanuelle Pierre-Marie, maire de l'arrondissement, qui évoque une "décision unilatérale et brutale". Elle "appelle la préfecture de police à revenir sur son annonce indigne en travaillant main dans la main avec les élus pour qu'une réelle stratégie métropolitaine soit enfin envisagée et pour qu'une solution pérenne soit trouvée".


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