TOXICOMANIE - Dans une lettre ouverte adressée au président de la République, 17 collectifs de riverains et neuf associations du nord-est de Paris réclament l'abandon des projets de salles de consommation de drogue. Ces derniers sont portés par Anne Hidalgo et actuellement en discussion au Parlement.
Face au fléau du crack à Paris, ils en appellent directement à Emmanuel Macron. Dix-sept collectifs et neuf associations, ainsi que le musée du Chocolat, ont adressé fin octobre une lettre ouverte au chef de l'État pour lui demander de mettre un terme aux projets de salles de consommation de drogue dure, souhaités par la maire de Paris Anne Hidalgo.
Cette initiative pourrait voir le jour en cas de vote du Parlement de l'article 43 du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, actuellement à l'étude. Mais elle ne plaît pas aux habitants du nord-est de la capitale, excédés. "Depuis des années, nous n'avons cessé d'alerter les pouvoirs publics sur la situation dégradée de nos quartiers en raison notamment de la crise du crack et des autres drogues dures qui les gangrènent", écrivent-ils à l'adresse du chef de l'État. "Cette situation alarmante s'aggrave régulièrement", mettent-ils en garde, évoquant les nombreuses évacuations, dont celle de la porte de la Chapelle ou des jardins d'Éole.
Des "nuisances" provoquées par les salles de consommation
Pour lutter contre ce fléau, le Premier ministre Jean Castex a donné son feu vert à l'installation de nouvelles salles, dont des "salles de shoot", comme le proposait la maire de Paris, Anne Hidalgo. Pour les associations et les collectifs, cette solution va créer des nuisances. "La seule solution proposée par la ville de Paris, avec l'accord du gouvernement, est la multiplication à Paris et en petite couronne de 'Halte Soin Addiction' (HSA) pour les usages de stupéfiants", regrettent les auteurs de la lettre.
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"Ces lieux prévus en zone d'habitations, d'écoles et de commerces seront en fait des salles de consommations 'supervisées'. Or, qui dit 'consommation de drogues' dit inévitablement 'trafic' avec son cortège de nuisances", poursuivent-ils. Les signataires mettent en avant le fait qu'"aucune sortie de l'addiction" n'a été enregistrée pour les utilisateurs d'une salle de consommation à moindre risque ouverte depuis 2016 dans le Xe arrondissement.
Les signataires attendent "un engagement fort et rapide" d'Emmanuel Macron
En revanche, cette expérimentation a "accru les nuisances et la délinquance pour les riverains", selon les collectifs et associations, qui estiment "quasi-impossible pour les forces de l'ordre d'empêcher les atteintes à la sécurité et à la tranquillité publique dans les périmètres de 'prise en charge' des consommateurs de drogues dures". "Ceci exclut, selon nous, la création de salles de consommation supervisée en milieu urbain dense."
Voici en intégralité la lettre que 17 collectifs, 9 associations&1 théâtre ont adressée, dans une démarche citoyenne, au Président @EmmanuelMacron concernant la crise du crack et l’article 43 du Projet de Loi de Finance de la Sécurité Sociale @JeanCASTEX @olivierveran @GDarmanin pic.twitter.com/zCXpikXH2X — Collectif19 (@Collectif191) November 2, 2021
Les signataires de cette lettre ouverte militent plutôt pour la création de "communautés thérapeutiques" qui seraient "éloignées des concentrations urbaines" et permettrait "aux addicts" de se "réinsérer socialement et professionnellement".
Outre cette lettre, les opposants manifestent régulièrement contre la création de ces salles de consommation. Une pétition en ligne a même recueilli plus de 6000 signatures contre ces projets, qui pourraient tout de même voir le jour si le Parlement donne son feu vert. "Monsieur le président de la République, il est urgent de résoudre la crise du crack", lancent-ils désormais à Emmanuel Macron. "Nous attendons de vous un engagement fort et rapide en vue d'une politique nationale qui ne se contente pas d'accompagner l'addiction de manière 'sécurisée', tournée vers l'exigence de résultats durables en faveur des toxicomanes et accompagnée de l'action résolue de la police contre les trafiquants et leurs méfaits."