POUVOIR D'ACHAT - Le surcroît d'épargne des Français depuis le confinement est très inégalement réparti. Largement au-dessus de la normale pour les plus aisés, il est en dessous pour les plus modestes.
Quand on parle d'épargne, tous les Français ne sont pas logés à la même enseigne. C'est le constat d'une étude publiée en ce début de semaine par le Conseil d'analyse économique (CAE), organisme dépendant de Matignon. Elle indique que depuis le confinement, l'épargne a été accumulée à 70% par seulement 20% des ménages.
Le total du bas de laine supplémentaire est évalué par les auteurs de l'étude, qui ont travaillé sur la base d'un échantillon de 300.000 données bancaires anonymisées du réseau Crédit Mutuel Alliance Fédérale, à un peu moins de 50 milliards d'euros à la fin août. Le gouvernement avait pour sa part avancé fin septembre le chiffre de 85 milliards d'euros déposés sur les comptes de Français depuis le mois de mars précédent.
Les plus riches ont davantage épargné
Mais ce ne sont pas les plus modestes qui sont concernés. Car même si une grande majorité des ménages met de l'argent de côté depuis le début de la crise sanitaire, pour les petits revenus, il est difficile de se constituer un bas de laine. "Quand il faut payer un loyer, et ça, plus ça, difficile de mettre de côté", confirme une personne âgée croisée sur un marché lillois, dans le reportage en tête de cet article.
Et les économistes arrivent à la même conclusion : "Alors que l’épargne est très au-dessus de la normale pour les plus aisés" durant l'été, "elle est en dessous pour les plus modestes". Ces derniers ont aussi mis en évidence une "baisse de l'endettement des plus aisés" et au contraire "une augmentation pour les plus modestes".
Les 20% les moins riches ont donc vu leur épargne, déjà très faible, se réduire durant la crise, à l'inverse du reste de la population, tandis qu'elle a augmenté pour les 80% restants, et cette augmentation est d'autant plus forte que les ménages sont plus riches. La moitié de l'épargne supplémentaire, soit environ 25 milliards, a ainsi été accumulée par les 10% les plus aisés, montre le CAE.
Une consommation plus importante pour les plus pauvres
Parallèlement, "les ménages modestes ont moins baissé leur consommation, puisque celle‐ci se concentre plus sur les biens essentiels". Ainsi, après le confinement, la consommation a le plus fortement rebondi en juin pour les 10% de ménages les plus modestes, ceux dont les dépenses par cartes bancaires n'excédaient pas 245 euros par mois en 2019.
A l'inverse, les 10% de ménages les plus riches, avec des relevés de cartes de 4.826 euros en moyenne, ont été ceux qui ont le plus réduit leur consommation en avril et en mai.
En conclusion, les auteurs notent "la grande sensibilité des ménages à bas revenus et à faible épargne aux variations du revenu" et estiment "qu'un soutien beaucoup plus franc aux ménages les plus modestes, plus exposés aux conséquences économiques des mesures sanitaires, va très rapidement s'avérer nécessaire".