Cyberharcèlement : un rapport parlementaire incite à former les parents aux réseaux sociaux

C.A.
Publié le 13 octobre 2020 à 21h50
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Source : Sept à huit

PROPOSITIONS – En 2017, 7% des collégiens déclaraient avoir été victimes de cyberharcèlement. Pour mettre fin à ce fléau aux conséquences souvent dramatiques, un rapport parlementaire publié ce mardi préconise notamment de mieux éduquer les parents aux applications utilisées par leurs enfants.

Humiliés, harcelés, violentés... En France, 700.000 élèves, soit deux à trois enfants par classe, sont chaque année victimes de harcèlement scolaire. Alors que la Journée nationale érigée contre ce fléau se tiendra le 5 novembre, un rapport parlementaire sur le sujet, que LCI a pu consulter, vient d'être publié et remis aux ministres de l'Education nationale et de la justice et à l'Assemblée nationale. Parmi les 120 propositions mises sur la table, le député (MoDem) du Finistère Erwan Balanant, qui signe ce rapport commandé par l'ancien Premier ministre Edouard Philippe, en consacre de nombreuses au cyberharcèlement, dont 7% des collégiens disent avoir été victimes en 2017.

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Un tiers des élèves de 3e dit passer quotidiennement plus de trois heures par jour sur internet

Première conclusion du rapport : ce sont les élèves de 3e qui sont les plus exposés aux risques de cyberharcèlement. Un élément à mettre en relation avec le taux d'équipement à ce stade de la scolarité. La moitié d’entre eux (53 %) envoient ainsi plus de 100 SMS par jour, et un quart, plus de 200. 32% indiquent passer quotidiennement plus de trois heures sur internet. Le rapport note également que les enfants sont pourvus de plus en plus tôt par leurs parents de supports numériques. En 2013, 12,1% des élèves avaient leur premier portable à 10 ans, contre 15,9% en 2016. Ils étaient 31,6% à l'obtenir à 11 ans en 2013, contre 38,2% en 2016.

11% des élèves de 3e ont déjà été insultés et humiliés via des supports numériques

Or, ces smartphones, tablettes et ordinateurs peuvent s'avérer être de véritables armes à l'encontre de certains élèves. Au-delà du harcèlement subi dans l'enceinte de l'établissement, les victimes le subissent jusque chez elles, par écrans interposés, n'ayant alors plus aucun retranchement pour se protéger. De la moquerie à la diffusion de photographies à caractère sexuel, cette forme de violence peut avoir de graves atteintes psychologiques, voire même entrainer le suicide des victimes souvent mineures.

Selon le rapport, 11% des élèves de 3e ont subi en 2017 des insultes et humiliations via des supports numériques. L'exemple de Mila, cette jeune adolescente originaire de l’Isère, est ainsi cité dans le rapport. Après avoir  tenu des propos critiques envers l'islam sur une vidéo publiée le 18 janvier 2020 sur son compte Instagram, elle a été la cible d’une campagne de cyberharcèlement et de menaces de mort de la part d'élèves de son lycée, la forçant à être déscolarisée.

Et 19% ont été victimes de rumeurs, d'usurpation d'identité ou de la diffusion de films humiliants à l'image, en septembre dernier, de cette vidéo  du passage à tabac d'une adolescente de 14 ans devant un collège à Reims. Elle avait été reprise et repartagée des centaines de fois. Marlène Schiappa, ministre déléguée à la Citoyenneté, avait alors demandé aux témoins de cette scène de contacter la police nationale et à la population d'arrêter de participer "à la diffusion de ce contenu violent".

17% des adolescentes ont déjà été victimes de cyberviolences à caractère sexuel

Erwan Balanant s'inquiète aussi du phénomène du "revenge porn", ou "sexting secondaire", qui consiste en la diffusion de photographies ou de vidéos à caractère sexuel par un tiers, qu’il soit ou non destinataire du message d’origine. Cette forme de harcèlement non seulement violente sur le coup, mais aussi sur la durée puisque ces images peuvent réapparaitre sur internet des mois, voire des années après les faits initiaux. Dans 90% des cas, les victimes sont des jeunes filles ou des femmes. "Selon les informations transmises par le ministère de l’Intérieur, 2 839 plaintes ont été déposées en France en 2019 pour l'atteinte à la vie privée par diffusion d’images à caractère sexuel. Un chiffre en hausse de 10% par rapport à l’année précédente, et qui inclut particulièrement des victimes mineures." Le centre Hubertine Auclert relève ainsi dans une étude que 30% des adolescents âgés entre 12 et 15 ans - dont 17 % de filles - ont été confrontés à des cyberviolences à caractère sexuel au cours de l’année 2016.

Eduquer les parents et les adolescents à l'usage d'internet

Si le député du Finistère encourage les élèves à former "un groupe de soutien lorsqu’une victime de sexting est repérée dans l’établissement" et les réseaux sociaux à "se doter d’une fonctionnalité de blocage et/ou de signalement des contenus haineux", il insiste aussi beaucoup sur l'importance d'éduquer les parents, qui méconnaissent pour beaucoup la pratique des réseaux sociaux de leurs enfants et adolescents. Ils peuvent par exemple se sentir dépassés et ne pas saisir le fonctionnement d’un réseau social, à l’instar de Tik Tok ou de Snapchat, relève le rapport. La mission suggère donc d'aider les parents avec la distribution d'"un livret consacré aux bonnes pratiques des outils numériques". Elle propose aussi de "développer les formations aux usages du numérique pour l'ensemble du corps enseignant"

De même, le rapport juge "absolument crucial que l'éducation à l'utilisation des outils numériques et de l'internet (...) soit intégrée dans les programmes scolaires et des modules de prévention, dès le plus jeune âge et tout au long de la scolarité".


C.A.

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