Danger des médicaments sans ordonnance : "Cette étude n'est qu'exagération"

Publié le 3 décembre 2015 à 15h54
Danger des médicaments sans ordonnance : "Cette étude n'est qu'exagération"

INTERVIEW – Selon une étude dévoilée jeudi par le magazine 60 Millions de consommateurs, une majorité des médicaments en vente libre les plus utilisés contre le rhume, la grippe, le mal de gorge ou les troubles intestinaux sont inefficaces, voire dangereux dans certains cas. Des résultats qui font bondir Gilles Bonnefond, le président de l'Union des Syndicats de Pharmaciens d'Officine (USPO).

Sur les 61 médicaments évalués par 60 Millions de consommateurs , seuls 13 sont jugés efficaces et sans risque pour le patient, 28 étant "à proscrire" en raison d'un rapport bénéfice-risque défavorable. Que vous inspire cette étude ?
D'abord, je n'aime pas qu'on affole la population en disant que des médicaments sont dangereux. Ils peuvent évidemment l'être s'ils sont mal utilisés, mais sinon ils sont efficaces puisque, par définition, un médicament est une substance active. En fait, je pense que l'automédication est un mot mal employé : il laisse croire que les gens peuvent acheter leurs médicaments dans une espèce de libre-service. Mais quand un patient a besoin d'un conseil parce qu'il a mal à la tête et qu'il va voir son pharmacien, c'est une démarche de parcours de soin. Nous lui donnons un médicament adapté à sa situation, nous l'avertissons sur les risques et les conditions d'utilisation. On est donc avec un professionnel de santé, pas en automédication. Je note d'ailleurs que le magazine qui publie cette enquête faisait il y a un an la promotion des médicaments en grande surface. C'est assez incohérent.

Vous-mêmes, conseillez-vous à vos clients les médicaments épinglés par  l'étude comme "à proscrire", par exemple "Humex mal de gorge" ou "Actifed Rhume" ?
Mais oui ! S'ils étaient vraiment à proscrire, cela voudrait dire que les deux personnes qui ont participé à cette étude (le pharmacologue clinicien Jean-Paul Giroud et la pharmacienne Hélène Berthelot, ndlr) savent plus de choses que toutes les autorités de santé du monde qui les ont autorisés. Je rappelle que les médicaments ont un statut, une autorisation de mise sur le marché, et que celle-ci peut à tout moment être réévaluée. Là, ceux dont on parle sont largement utilisés. Ils nécessitent évidemment des précautions : le pharmacien doit poser la question d'une éventuelle pathologie cardiaque, il ne conseille bien sûr pas les mêmes médicaments s'il a affaire à un enfant ou à une femme enceinte... C'est notre quotidien.

Mais tous les pharmaciens sont-ils suffisamment vigilants ? Ils sont aussi dans une logique commerciale...
Écoutez, si, on avait un problème à ce niveau-là concernant des professions de santé, que ce soit des médecins, de l'hôpital ou des pharmaciens, ça se saurait. Et si ces médicaments étaient aussi dangereux que le dit cette enquête, on aurait des centaines de morts puisqu'ils sont très souvent utilisés. Tout cela n'est qu'exagération. Les pharmaciens font le job. Ils travaillent d'ailleurs en permanence avec les autorités de santé pour sans cesse augmenter nos niveaux de sécurité.

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Selon vous, les consommateurs sont donc suffisamment informés des éventuels effets indésirables des médicaments en vente libre ?
Oui. Il y a le professionnel de santé qui doit interroger le patient pour le conseiller, la notice à l'intérieur qui apporte des informations obligatoires et suffisamment complètes, au point parfois d'être un peu inquiétantes. Après, il ne faut évidemment pas demander conseil à sa voisine, et ne jamais utiliser les médicaments d'un autre. La pire des choses, c'est de chercher des médicaments sur Internet. Là, effectivement, c'est dangereux car il n'y a pas le rôle de précaution et de conseil du pharmacien.

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La rédaction de TF1info

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