Gérald Darmanin veut sa dissolution : ce que l'on sait du collectif rennais Défense Collective

Publié le 2 avril 2023 à 19h34, mis à jour le 4 avril 2023 à 9h42

Source : Sujet TF1 Info

Ce groupe local venant en aide aux manifestants arrêtés par la police existe depuis 2016.
Le ministre de l’Intérieur a demandé sa dissolution pour son "appel au soulèvement".

Après avoir lancé une procédure de dissolution des "Soulèvements de la Terre", qui a organisé la manifestation de Sainte-Soline le 25 mars dernier, Gérald Darmanin a annoncé qu'il ferait de même pour un collectif rennais, nommé Défense collective. "Nous avons identifié à Rennes un mouvement nommé Defco, qui appelle au soulèvement. Nous allons aussi lancer sa dissolution", a-t-il affirmé dans un entretien au JDD, ce dimanche 2 avril.

Le ministre de l'Intérieur avait déjà songé à dissoudre ce groupe fin février, lorsqu’il avait été interpellé par le député RN Laurent Jacobelli sur "l’impunité des mouvements antifas" et la responsabilité présumée de DefCo dans des troubles survenus pendant une visite de Jordan Bardella, près de Rennes en septembre. Il expliquait alors "examiner les agissements de ce groupement de fait, qui sera dissous si le droit le justifie", dans une réponse publiée sur le site de l'Assemblée nationale.

Quel est ce mouvement ?

Le mouvement Défense Collective se définit comme un "groupe ouvert, public et autonome", qui lutte "pour la défense du mouvement social face à la répression présent à Rennes". Des groupes locaux ont vivoté un temps, avec des pages Facebook créées à Marseille (fermée depuis) ou en banlieue parisienne (inactive depuis 2020). Un seul compte rennais est identifié sur Twitter et Instagram. Il a d'ailleurs réagi à l'annonce du ministre de l'Intérieur, indiquant dans un communiqué n'avoir "aucune idée des motivations de cette éventuelle dissolution ni de l'entité qui serait visée". 

DefCo trouve bien ses origines à Rennes, dans le cadre du "mouvement du printemps 2016", une dénomination large qui regroupe les manifestations contre la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (qui donneront lieu à la ZAD, ou "zone à défendre") et contre la loi travail. Par ailleurs, il ne détient aucun statut officiel d’association, ni d’existence juridique, selon France 3 Bretagne.

La dernière publication de Défense Collective sur Instagram, le 25 mars
La dernière publication de Défense Collective sur Instagram, le 25 mars - Défense Collective (Instagram)

L'objectif affiché est alors de "soutenir les personnes confrontées à la répression policière et judiciaire, mais aussi d’agir en amont par son action dans la rue et par l’expérience tirée de la répression". En d’autres termes, d’aider les manifestants arrêtés grâce à une équipe de juristes. Son post du 25 mars renvoie, lui, à un appel aux dons pour "les inculpés du mouvement social". Mais aussi de fournir des conseils en amont, à travers des "formations juridiques", "de déplacement collectif" et consacrées "à la défense numérique".

Le mouvement précise aussi dans quels cas il peut être sollicité, comme en cas d’arrestation ou de convocation judiciaire suite à une manifestation, en cas de contestation d’une amende infligée dans ce contexte ou "pour toute autre question juridique". Difficile maintenant de savoir le poids de son réseau. À ce jour, DefCo est suivi par 2400 personnes sur Twitter, le double sur Instagram sur Facebook.

Quels sont ses combats ?

DefCo semble revendiquer deux combats : la "lutte antifasciste" et celle contre les "violences policières". En juillet 2016, sous le Collectif Stop Violences Policières, le mouvement adresse au Défenseur des droits 68 réclamations contre des violences policières lors des manifestations en France contre la loi travail. Aucune trace d’"appel au soulèvement" ne figure sur ses réseaux sociaux. 

En revanche, le mouvement ne condamne aucune violence qui serait commise par des manifestants. "Un des principes fondateurs de la Défense collective a été de DÉFENDRE de la répression toutes les initiatives collectives et individuelles en manifestation, y compris lorsque celles-ci nous semblaient critiquables ou contre-productives." Le mouvement explique aussi vouloir "se donner les moyens pour manifester en toute impunité, voire déborder les dispositifs pour permettre la réalisation des objectifs politiques décidés collectivement". 

Que lui reproche le ministre de l'Intérieur ?

A priori, aucun élément n’indique que le mouvement rennais était présent à Sainte-Soline ou qu’il avait appelé à s’y rassembler, son combat étant plus politique dans le cadre des accusations de violences policières, qu’écologique. Le 27 mars, DefCo a simplement partagé le communiqué sur l'état de santé du manifestant blessé à la tête, dont le pronostic vital est toujours engagé. 

Lorsqu'il avait été interrogé par le député RN Laurent Jacobelli, fin février, Gérald Darmanin avait expliqué que DefCo était "à l'origine des troubles qui se sont déroulés à Bruz le 25 septembre 2022 à l'occasion de la venue de Jordan Bardella" et que les militants avaient alors "tenté de perturber le meeting, provoquant de sérieux et violents troubles à l'ordre public". Dans son entretien au JDD, le ministre a ainsi ajouté la notion d'appel au "soulèvement" qu'il impute à ce mouvement. 


Caroline QUEVRAIN

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