A LA LOUPE - A Nantes, des gaz lacrymogènes ont été tirés à proximité de la maternité du CHU. Une trentaine de patientes et leurs nourrissons ont dû quitter leur chambre, malgré les fenêtres fermées. Sauf que, contrairement à ce qui avait été relayé dans un premier temps, aucune évacuation n'a été nécessaire. LCI revient sur le déroulé des événements.
A Nantes, lors de la journée de mobilisation contre la réforme des retraites du 17 décembre, des gaz lacrymogènes ont été tirés à proximité de la maternité du centre hospitalier. "Trois étages de la maternité avec des nourrissons évacués", s'indigne un internaute sur le compte Twitter de la page des Gilets Jaunes de Vallet, qualifiant les faits de "honteux".
💥💥💥 à #Nantes 60 personnes du #CHU nassées HALLUCINANT! 3 étages de la maternité avec des nourrissons évacués à cause des gaz lacrymogènes 😡🤬!!! HONTEUX !!! La BAC terrorise des soignants très peu habitués aux #ViolencesPolicières #Colere #grevedu17decembre #greve17decembre — Gilets Jaunes de Vallet (JoJo😜) (@GNantais) December 17, 2019
Le journal local Presse Océan a été le premier média à dévoiler l'information. Dans un premier temps, un article - modifié depuis - évoque "des tirs de grenades lacrymogènes lancées de part et d’autre de la maternité" qui ont conduit à "l’évacuation d’une trentaine de patients depuis les chambres de la maternité". En parallèle des vidéos postées sur le compte du média montrent en direct les événements.
Sur la vidéo ci-dessous, on voit effectivement des nuages de gaz lacrymogène au niveau du croisement entre le boulevard Jean-Monnet et le pont général Audibert sur lequel circule une ligne de tramway. Il est alors 15h20.
Les forces de l’ordre repoussent les derniers manifestants dans un nuage de gaz lacrymogène devant la maternité au bout de la Chaussée de la Madeleine pic.twitter.com/OsGf4XtZda — DIRECTPO (@DIRECTPO) December 17, 2019
La sénatrice de Loire-Atlantique Michel Meunier a dans la foulée dénoncé une "disproportion de la réponse policière". "Une vingtaine de chambres ont dû être évacuées : ce n’est pas acceptable", écrit la socialiste dans un communiqué. "Cette mise en danger est odieuse."
La sénatrice PS Michelle Meunier réagit à l'évacuation d'une vingtaine de chambres cet après-midi à la maternité de Nantes après que les abords du CHU aient été massivement arrosés de gaz lacrymogène. pic.twitter.com/PnClOJdHGU — Nicolas Mollé (@N_Molle) December 17, 2019
Une trentaine de patientes "momentanément déplacées dans les espaces communs"
Contacté par LCI, le CHU tient à souligner qu'"aucune évacuation de parturientes à la maternité" n'a eu lieu ce mardi. "Quelques parturientes dont les chambres donnent sur le boulevard Jean Monnet ont été incommodées lors du passage de la manifestation - odeur de feu de poubelles et de lacrymogènes. Elles se sont momentanément déplacées dans les espaces communs", relativise la direction.
Au total, une trentaine de patientes et leurs nourrissons ont dû quitter leurs chambres situées au 2e et 3e étage, durant une trentaine de minutes. "Les infirmières ont dû fermer les volets de la chambre mais malgré cela le gaz arrivait à rentrer, rapporte la mère d'un enfant prématuré en soins intensifs, à Checknews. Si ils n'ont pas eu à rejoindre les espaces communs, "tout a été déplacé dans la chambre pour éviter que la petite ait à respirer cela".
"Les fenêtres des chambres étaient fermées et la soufflerie a immédiatement été mise en route", poursuit la direction du CHU. "Cette situation n'a pas entraîné de conséquence pour les mères ou leurs bébés." Contrairement aux informations qui ont pu circuler, la maternité n'a pas fermé ses portes durant ce laps de temps, affirme la direction, mais "l'agent d'accueil s'est également mis en retrait".
Regroupement de deux manifestations
Comment expliquer une telle situation ? A Nantes, deux manifestations étaient organisées et déclarées en préfecture : la première qui démarrait à 10h au miroir d'eau visait à protester contre la réforme des retraites, une seconde devait partir à 14h30 du CHU, cette fois pour dénoncer les conditions de travail du corps hospitalier.
Face au nombre de manifestants - 22 000 selon le comptage de Ouest France - la tête du premier cortège a fini le parcours de la manifestation en rejoignant la fin du défilé. Si "l'intersyndicale CGT-FO-FUS s'arrête au miroir d'eau", rapporte Presse Océan, des manifestants repartent "pour un tour".
#Nantes #Manif17décembre La tête de cortège, composée d’ultras, opère sa jonction avec la fin du défilé et repart pour un tour. L’intersyndicale CGT-FO-FSU-Solidaires s’arrête au Miroir d’eau. pic.twitter.com/ef7a7Nt14M — DIRECTPO (@DIRECTPO) December 17, 2019
"La manifestation officielle prend fin : les affrontements commencent", rapporte Ouest France à 13h24 dans son live. "Passé 13 heures, la manifestation qui s’était déroulée dans le calme depuis 10 heures le matin, a pris un virage plus radical." C'est aussi ce que rapporte la police nationale à 13h51 (cf. tweet ci-dessous).
[ #greve17decembre ] Fin 2 ème tour de la #Manifestation contre réforme des #retraites à #Nantes . Syndicats ont quitté rassemblement. Tentative d'intrusion d'1 groupe hostile & cagoulé rue de la barillerie. Jets de projectiles sur les #FDO . Usage de lacrymogène. 2 policiers blessés pic.twitter.com/frL0cjxEWL — Police Nationale 44 (@PoliceNat44) December 17, 2019
Le but des manifestants, dont certains syndicalistes, est de rejoindre le deuxième cortège qui doit s'élancer depuis le CHU de Nantes. Des tirs de gaz lacrymogènes sont lancés par les forces de l'ordre sur leur passage.
Nantes. Malgré les lacrymo habituelles, ça continue. Direction le Chu. Des manifestant.e.s moins https://t.co/f8mBHHcBmu mais déterminé.e.s... @radioparleur #greve17decembre pic.twitter.com/zWRgacpIHx — Julie Z (@JulieZ31043320) December 17, 2019
Un syndicaliste de la CGT, présent à la seconde manifestation prévue à 14h30, nous rapporte que des "soutiens de la manifestation du matin" étaient présents. Pour autant, il ne comprend pas "la situation très tendue" à laquelle il a fait face. "Il n'y avait pas de violences", assure-t-il. "L'initiative se voulait festive, avec un parcours prévu de longue date et fléché."
"Le parcours ne devait pas passer par la maternité", mais avant même le départ du cortège, les forces de l'ordre ont nassé les manifestants, ajoute-t-il. "Nous avons été repoussés sciemment vers le boulevard Jean Monnet, devant la maternité".
"Je ne sais pas ce qui a motivé le nassage", poursuit ce soignant. "Des cordons de CRS bloquaient tout passage alors que l'on n'observait aucune dégradation à ce niveau-là. Une première salve de gaz lacrymogène a été tirée vers 14h45 quand on a voulu faire partir le cortège." Une seconde a été lancée "à 15h15", selon les données fournies par les photographies qu'il a prises ce jour-là.
Un journaliste présent sur les lieux indique également à 15h20 : "Après avoir empêché le départ de la manifestation depuis le CHU, les forces de l’ordre exercent un étau répressif sur le peu de manifestants restants, qui plus est à deux pas de la maternité."
Après avoir empêché le départ de la manifestation depuis le CHU, les forces de l’ordre exercent un étau répressif sur le peu de manifestants restants, qui plus est à deux pas de la maternité #Nantes #17Décembre pic.twitter.com/JCBu29fj9F — Nicolas Mollé (@N_Molle) December 17, 2019
Certaines vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent que la réunion des deux manifestations ne s'est pas toujours faite avec le sourire. "Ce n'est pas la même lutte", lance un membre du CHU, blouse sur le dos, à un autre manifestant qui filme la scène, avant de lui lancer un "dégage". "C'est pour leur boulot", ajoute un autre. Ce à quoi le vidéaste répond, face à un cordon de policiers : "On vous laisse manifester, qui vous a gazé ? C'est eux, c'est pas nous".
#CHU #nantes c est pas la meme lutte ????? pic.twitter.com/BYharPJGMS — MEZONE (@mez_one_mix) December 18, 2019
Les forces de l'ordre ont-elles été débordées par la première manifestation et décidé d'empêcher ou tout du moins ralentir le départ de la seconde ? "L'utilisation de gaz lacrymogène faisait suite à de nombreux jets de projectiles en direction des forces de l'ordre", se justifie la préfecture. "Deux fonctionnaires de police ont d'ailleurs été blessés par des jets de projectiles." Elle précise par ailleurs qu'aucun tir n'a eu lieu en direction du centre hospitalier."
Le syndicaliste évoque, lui, "une grosse désorganisation" se dit "comme beaucoup de camarades, choqué". Soulignant que les hospitaliers ne sont "pas habitués à la violence" il assure que "certains manifestants ont finalement réussi à sortir, certains en bifurquant le long de l'hôpital, d'autres ont fait le tour par le pont".
Le cortège des hospitaliers du CHU a finalement pu se reformer vers 14h45 et reprendre le tracé du parcours, cette fois dans le calme.
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