Des tomates à 7 euros le kilo dans un supermarché alsacien ? Pas surprenant, explique le gérant, "ce n'est pas la saison"

Publié le 21 avril 2020 à 17h58
La saison de la tomate n'est pas encore véritablement lancée en France, ce qui explique en partie des prix très volatiles.
La saison de la tomate n'est pas encore véritablement lancée en France, ce qui explique en partie des prix très volatiles. - Source : Illustration by Clay Banks on Unsplash

À LA LOUPE – Un supermarché du Haut-Rhin est raillé suite à la publication sur Facebook d'une photo montrant le kilo de tomates grappe à presque 7 euros. La direction du magasin confirme à LCI et explique que pour un produit hors saison cultivé en France, le prix est plutôt logique.

Les températures très douces de ce début de printemps sont propices aux salades en tous genres et autres plats de crudités. Dans les rayons, les prix de certains produits restent pourtant encore élevés, comme l'ont remarqué certains consommateurs et internautes. Sur Facebook, une publication a ainsi été massivement partagée depuis quelques jours, montrant un kilo de tomates grappe facturé 6€99 dans un supermarché Super U de Bitschwiller-lès-Thann, dans le Haut-Rhin.

Les réactions se multiplient, et la grande distribution est fustigée, accusée de profiter de l'épidémie de Covid-19 pour faire flamber ses prix et augmenter ses bénéfices. Pour vérifier ces informations et comprendre ce qui se cache derrière un tel montant au kilo, LCI a contacté la direction de ce Super U. Celle-ci explique qu'elle se contente de répercuter les prix d'achats, eux-mêmes très élevés, et ne comprend pas la polémique.

"Le consommateur a le choix"

Malgré une baisse du prix observée dès le lendemain(à 5,99€ le kilo), attestée par un autre cliché, le gérant du supermarché alsacien confirme les montants observés sur la photo prise le 14 avril et partagée en ligne. " Les conditions d'approvisionnement sont ce qu'elles sont en ce moment", observe-t-il, pragmatique. "Ces tomates grappe sont de première catégorie, de premier choix et cultivées en France. Ajoutez à ça le fait qu'en ce moment, on n'est pas encore dans la saison."

Il fait remarquer que dans le magasin, "le consommateur a le choix", et peut s'il le désire se tourner vers d'autres tomates, produites "en Espagne ou aux Pays-Bas". Et dont les prix au kilo sont nettement inférieurs. 

Des prix qui sont à l'heure actuelle "très volatiles", reconnaît ce professionnel de l'agro-alimentaire. "Ils peuvent baisser de 20-25% en l'espace de 15 jours et changent au jour le jour dans le secteur des fruits et légumes". Dans chaque magasin, des responsables sont ainsi amenés à modifier quotidiennement les prix, en fonction des montants auxquels les produits ont été achetés. "Aujourd'hui, vous trouvez le kilo d'asperge à près de 12 euros", note le gérant alsacien, "et il s'agit seulement de la juste rémunération de l'agriculteur".

L'épidémie n'arrange rien

L'origine et la saisonnalité des produits n'explique pas tout. En effet, le Covid-19 joue un rôle dans l'évolution des prix en ce qui concerne les fruits et légumes. "Il est clair qu'on se repose plus sur la production nationale", indiquait au micro d'Europe 1 Laurent Grandin, président d'Interfel, l'interprofession des métiers de la filière fruits et légumes frais.

Les hausses de prix que l'on peut observer ne concernent pas tous les produits, détaille ce spécialiste de la filière : il distingue ainsi "les produits dits stockables" (légumes racines, carottes, navets, pommes...) et les produits "non-stockables". Si les premiers "n'ont pas bougé du tout au niveau du tarif", ce n'est pas le cas des seconds. "À cette période de l'année, la France n'est pas auto-suffisante pour tous les produits 'ratatouille' ou les produits comme la fraise", poursuit Laurent Gaudin.

Un dernier aspect à prendre en compte concerne l'approvisionnement des marchandises. "Il n'y a quasiment plus que les transports alimentaires qui fonctionnent", indiquait ainsi récemment à France Bleu Jacques Creyssel, délégué général de la fédération du commerce et de la distribution. "Tout ce qui est non-alimentaire ne fonctionne pas. Or très souvent, les camions partent à plein avec des produits alimentaires et reviennent avec d'autres types de produits. Aujourd'hui, ils reviennent souvent à vide, donc il y a une répercussion sur l'ensemble des coûts du transport."

Confirmé par la direction du magasin alsacien, le prix observé le 14 avril pour un kilo de tomates grappes était donc bien réel. Il faut toutefois noter qu'un tel montant, s'il est accentué par l'épidémie actuelle, n'a rien de très surprenant en cette période de l'année. L'origine française de ces tomates, ajoutée au fait que la saison n'est pas encore totalement lancée, introduisent une grande variabilité dans les tarifs. Dans ce magasin comme dans d'autres, les consommateurs peuvent s'ils le souhaitent se tourner vers des produits en provenance de l'étranger. Moins chers, ils sont également susceptibles de se révéler d'une qualité inférieure.

La Chronique éco : Fruits et légumes, pourquoi les prix flambentSource : La Matinale LCI

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Thomas DESZPOT

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