À LA LOUPE – Des chercheurs ont indiqué avoir découvert de nouveaux virus dans des carottes de glace forées dans l'Himalaya. Faut-il accorder du crédit à leurs découvertes et craindre de futures contaminations avec la fonte des glaciers et le réchauffement climatique ?
C'est une information surprenante, mais aussi un brin inquiétante qu'a partagé sur son compte Twitter le journal en ligne La Plume Libre. Largement repartagé, ce message indique que des virus ont été découverts dans des blocs de glace himalayens. Une bonne partie d'entre eux seraient inconnus des scientifiques, et laissent craindre que le réchauffement climatique ne ressuscite à l'avenir des agents pathogènes dangereux enfouis dans les glaciers et le permafrost.
🔴 [FLASH] - Au moins 33 virus ont été retrouvés dans 2 blocs de glace qui proviennent de l' #Himalaya . 28 d'entre eux sont inconnus, on ignore les effets qu'auront les virus sur notre santé lors de la fonte des glaces, dû au réchauffement climatique. (Vice) pic.twitter.com/5sngYqdtu1 — La Plume Libre (@LPLdirect) January 14, 2020
Sur quoi repose ce message ? Plusieurs internautes, prudents, demandent des éclaircissements. "Source ?", demande l'un d'eux, quand un autre affiche clairement son scepticisme. "Les réchauffistes ne savent plus quoi inventer pour faire peur", lance-t-il, incrédule.
Emprisonnés depuis des milliers d'années
Le tweet originel ne renvoie vers aucun lien précis, mais cite comme source Vice. Pour en savoir plus sur la crédibilité de cette information, il faut alors effectuer quelques recherches, et retrouver l'article publié sur le sujet par le site américain. Il évoque les travaux d'une équipe de scientifiques sino-américains.
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Leurs découvertes ont été publiées en ligne le 7 janvier dans une pré-édition mise à disposition du grand public. Il ne s'agit pas encore de leur rapport final, mais le document déjà très complet permet de mesurer le sérieux de la méthode et de mieux comprendre les résultats.
Les analyses des scientifiques se sont concentrées sur des carottes de glace prélevées dans la chaîne himalayenne. Pour analyser la présence de bactéries et de virus, ils se sont attachés à respecter des protocoles très précis pour s'assurer que les échantillons, vieux de 520 à 15.000 ans, ne soient pas "contaminés" par la présence de molécules inhérentes à notre environnement contemporain.
Grâce à un minutieux travail d'analyse mené lors des 5 ans dernières années, les chercheurs ont "mis en évidence d'anciens virus", résume Vice, "parmi lesquels 28 groupes viraux jusque-là inconnu de la science".
Les conséquences inattendues du réchauffement climatique
Le travail rigoureux des chercheurs a été effectué sur des échantillons obtenus via des forages, les virus découverts n'ont donc pas réapparu par magie. À l'avenir, il n'est toutefois pas exclu que la fonte des glaces liées au changement climatique, que ce soit au niveau des glaciers ou du permafrost, entraîne la résurgence de souches disparues.
"Si l’on se limite à creuser jusqu’à 30 mètres de profondeur, ce qui équivaut à 30.000 ans et donc à la disparition de Neandertal, cela peut être dangereux", expliquait il y a un an Jean-Michel Claverie, professeur de médecine de l’Université Aix-Marseille. "On sait désormais que les virus peuvent survivre au moins 30.000 ans. Sauf que les médecins actuels n’ont jamais vu le type d’infections auxquelles devait faire face Neandertal. Il y a là un véritable danger, qui reste toutefois difficile à évaluer", poursuivait-il au micro de France Inter.
Précision qui a son importance : tous les virus ne sont pas nécessairement dangereux pour l'Homme. Dans leur grande majorité, ils se révèlent d'ailleurs inoffensifs, à l'instar du "Phitovirus sibericum" découvert en 2014 et qui avait survécu durant plus de 30.000, capturé dans le permafrost sibérien.
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