Pourquoi le corps diplomatique français se prépare-t-il à faire grève le 2 juin ?

Benoit Leroy
Publié le 28 mai 2022 à 15h11, mis à jour le 28 mai 2022 à 15h57
Le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, quai d'Orsay à Paris.
Le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, quai d'Orsay à Paris. - Source : JEAN-PIERRE MULLER / AFP

Le 1er janvier 2023, le corps diplomatique doit disparaître pour fusionner avec une entité plus large.
Une réforme qui a pour vocation à faire évoluer ces fonctionnaires entre plusieurs ministères, durant leur carrière.
En près de 20 ans, c'est la première fois que les agents du Quai d'Orsay se mettent en grève.

Emmanuel Macron a mis en colère le Quai d'Orsay. Ce jeudi 2 juin, pour la première fois depuis 2003, les syndicats des agents du ministère des Affaires étrangères ont décidé - de concert - de déposer un préavis de grève. En cause, la mise en application dès 2023 d'une réforme de l'administration publique voulue par Emmanuel Macron. Tout juste arrivée, la ministre Catherine Colonna va donc devoir gérer cette fronde qui couve depuis plusieurs mois et qui atteint son paroxysme à la veille de la période estivale.

Concrètement, jusqu'à aujourd'hui, l'organisation du ministère des Affaires étrangères veut que les diplomates évoluent au sein d'un seul groupe, séparé des autres hauts-fonctionnaires : c'est le "corps diplomatique". Pourtant, dès le 1er janvier 2023, ce corps doit disparaître afin que ceux-ci intègrent une nouvelle structure : celle des "administrateurs de l'État". Objectif de l'exécutif ? Ces fonctionnaires pourront servir pour tous les ministères : de la Santé à l'Intérieur. De manière assez schématique, un préfet pourrait devenir ambassadeur à l'étranger et un diplomate pourrait, lui, devenir préfet en métropole. 

Cette réforme, les agents du Quai d'Orsay ne veulent pas en entendre parler. "C’est l’existence même du ministère qui est désormais remise en question", estimaient-ils dans une tribune publiée dans Le Monde. "Cette décision s’ajoute à des décennies de marginalisation du rôle du ministère au sein de l’État, de démembrement et d’affaiblissement au profit d’opérateurs externes et de réduction vertigineuse des moyens", dénonçaient-ils.

Une réforme issue... de la crise des Gilets jaunes

La refonte de la haute fonction publique, actée par un décret le 16 avril dernier, a été voulue par le chef de l'État en guise de réponse à la crise des Gilets jaunes. L'idée était de mettre fin "à l'entre-soi" des grands corps de la République. Avant l'élection présidentielle, le gouvernement justifiait sa décision par un changement des aspirations des diplomates. "Aujourd’hui, nos diplomates désirent varier les expériences. Au Quai d’Orsay, vous pouvez avoir envie d’aller au ministère de l’Agriculture, puis revenir", expliquait Amélie de Montchalin, ministre de la Transformation publique au Parisien en avril.

Dans un contexte plus que tendu sur le plan international - guerre en Ukraine, accord sur le nucléaire iranien... - cette grève veut aussi empêcher des nominations aux allures d'amitiés politiques. "Dans un monde de plus en plus interdépendant, complexe et dangereux, être capable de lire et comprendre ses évolutions, d’y faire valoir nos principes et nos intérêts ne s’improvise pas", dénoncent-ils dans cette même tribune. "Il en va de l’avenir de notre diplomatie", concluaient-ils. 

Point négatif pour ces agents, la grève ne devrait avoir que peu d'écho dans la population. En effet, celle-ci ne devrait pas avoir d'impact sur le quotidien des Français.


Benoit Leroy

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