INTERNATIONAL - Le Sénat argentin a validé de haute lutte, mercredi 1er août, le texte du projet de loi de légalisation de l'avortement qui sera soumis le 8 août au vote des sénateurs. Un droit qui n'est pas encore accessible à toutes les femmes dans le monde, loin s'en faut. Tour du monde de l'inégal accès à l'IVG.
Il y a quarante-trois ans, Simone Veil prononçait un discours qui allait changer la vie de millions de Françaises. Alors ministre de la Santé, elle montait au perchoir de l’Assemblée, presque uniquement composée d’hommes, pour défendre son projet de loi. Celui qui, voté à 284 voix contre 189, autorisa l’avortement. Depuis lors, chaque femme qui en exprime le souhait a la possibilité de subir un avortement médicalement assisté, et remboursé par la Sécurité sociale. En revanche, de nombreux pays du monde possèdent toujours aujourd'hui des législations très strictes sur le sujet. Si l'Irlande a franchi le pas fin mai en votant en faveur du droit à l'avortement lors d'un référendum, d'autres pays sont encore en proie au débat sur la question, proposant encore une législation oppressive pour les femmes qui décident d'avorter. A l'instar de l'Argentine, ou la bataille parlementaire fait rage, au mois d'août 2018, pour légaliser ou non l'avortement.
En Argentine, le droit à l'avortement au cœur des débats
En Amérique latine, l'avortement est encore une exception : seuls Cuba (en 1965), la ville de Mexico (en 2007) et l’Uruguay (en 2012) ont légalisé la pratique. Les Argentines, elles, ne peuvent avorter légalement qu'en cas de viol ou de danger pour la santé de la femme enceinte. Conséquence : très peu d'entre elles sont autorisées à le faire. D'après l'Unicef, 2700 mères-filles de 10 à 14 ans accouchent ainsi chaque année en Argentine, soit environ 0,36% des naissances. La grossesse d'une fillette de 10 ans, violée par son beau-père, et qui aurait soi-disant décidé de garder l'enfant, a ainsi suscité une polémique en mai dernier.
La situation pourrait bientôt changer : le Sénat a validé mercredi le texte du projet de loi de légalisation de l'avortement qui sera soumis le 8 août au vote des sénateurs. L'Eglise catholique, très influente en Argentine, se mobilise depuis plusieurs semaines pour s'opposer au texte.
Quelques pays européens encore réfractaires
En Europe, encore quelques pays condamnent l’avortement. Parmi eux, l’Irlande. Comme le Venezuela, l’île ne l’autorise qu’en cas de mise en danger de la vie de la mère. Le viol, l’inceste ou encore la malformation du fœtus ne sont donc pas des raisons valables. Si l’interruption de grossesse est tout de même pratiquée, elle est passible d’un emprisonnement à vie. Des pratiques qui, peut-être, vont changé grâce à Leo Varadkar : le référendum organisé par le Premier ministre, arrivé au pouvoir en juin 2017, qui avait jugé la loi "trop restrictive", a permis une large victoire du "oui" (66%) au mois de mai 2018.
En Pologne comme à Chypre, l’IVG n’est permis qu’en cas de graves problèmes médicaux, de viol ou de malformation du fœtus. En 2016, le gouvernement polonais a tenté de durcir les règles d'accès à l’avortement. Mais de nombreuses manifestations l'ont poussé à abandonner ce projeti. Selon l'OMS, plus de 25 millions d'avortements à risque sont pratiqués chaque année dans le monde.
Prison à vie à Haïti
Ainsi, l’IVG est totalement interdit à Haïti, où les femmes et leurs soutiens risquent la prison à vie. Même si la loi n’est que rarement appliquée, elle pousse de nombreuses haïtiennes à se faire avorter clandestinement. Dans le pays, plus de 100 décès maternels sur 100.000 naissances surviennent après des avortements chaque année. Ces grossesses non désirées sont en grande partie liée à la situation apocalyptique qui règne sur l’île. Depuis 2010, année pendant laquelle Haïti a été frappée par un séisme dévastateur, des centaines de milliers de personnes sont contraintes de vivre dans des camps de fortune où la promiscuité favorise agressions sexuelles et viols.
Les préservatifs plus chers qu'un ordinateur au Venezuela
Au Venezuela, la situation est ubuesque. Depuis la crise économique qui frappe le pays, le prix des denrées et des objets de la vie courante s’est envolé. Une boîte de préservatifs coûte 660 euros. Pas évident, donc, de se protéger correctement des maladies sexuellement transmissibles mais aussi des grossesses. Malgré tout, l’avortement est interdit dans le pays. Sauf en cas de mise en danger de votre vie. C’est également le cas en Syrie ou en Birmanie.
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