Du Royaume-Uni à la France, l’inquiétude grandit autour du GHB en boite de nuit

Publié le 30 octobre 2021 à 15h25
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Source : iStock / MaximFesenko

MOUVEMENT - Ces dernières semaines, les témoignages se multiplient à propos d’agressions sexuelles ou de tentatives d’agressions survenues après un empoisonnement au GHB. La France et ses soirées étudiantes ne sont pas épargnées.

Le monde de la nuit confronté aux violences sexuelles. Si son ampleur est difficile à quantifier, faute d’un dépistage effectué suffisamment tôt, des voix s’élèvent contre le phénomène de l’empoisonnement au GHB lors de soirées. Outre-Manche, il a même provoqué un appel au boycott des bars et des boites de nuit dans 45 villes au cours de la fin octobre. Comme le relaye la presse britannique, le mouvement de Boycott Girls Night vise à alerter sur la circulation de cette drogue dans ces établissements, ajoutée dans le verre de la victime à son insu ou bien directement injectée avec une seringue dans le bras de celle-ci. Mais il cherche surtout à pousser les responsables des clubs et le gouvernement britannique à agir. 

56 faits d'empoisonnements par injection

Car les chiffres dont disposent les autorités sont effarants : en septembre et en octobre, 198 faits avérés d’intoxication au GHB ainsi que 56 faits d'empoisonnement par injection ont été enregistrés par les forces de police en Angleterre, en Écosse, au Pays de Galles et en Irlande du Nord. Par exemple, le Guardian rapporte l’histoire de Sarah, étudiante de l’Université de Nottingham, qui s’est réveillée à l’hôpital au lendemain d’une soirée, dépourvue de souvenirs de la veille et la trace d’une piqûre sur sa main. Dans son cas comme dans beaucoup d’autres, les médecins n’ont pu relever de preuve d’un empoisonnement dans ses analyses d’urines, celles-ci ayant pu être réalisées trop tard. 

Concernée par plusieurs témoignages en ce sens, l’Université a réagi le 26 octobre sur sa page Facebook, en guise de soutien au mouvement de boycott : "Si vous prévoyez de participer au Boycott de la soirée des filles, faites-le de manière responsable. Nous vous encourageons à saisir l’occasion pour organiser des activités alternatives et inclusives, en gardant à l’esprit que tout le monde ne voit pas ou n’apprécie pas les boites de nuit". 

Bruxelles confrontée à "Balance ton bar"

Dans le monde de la fête, ce sentiment d’insécurité grandit et touche particulièrement les femmes. En Belgique, des témoignages affluent depuis la mi-octobre et relayent des cas d’intoxications au GHB au cours de soirées dans plusieurs lieux nocturnes de la capitale. Le compte Instagram "Balance ton bar" publie ainsi des récits anonymisés de participantes et participants à plusieurs soirées, qui auraient été victimes d’agressions sexuelles et de viols ou de tentatives d’agressions après avoir ingéré cette drogue sans le savoir.

"Il y a plusieurs années de ça, j’étais sortie au You avec deux copines. Mes copines partent aux toilettes. Drogue ou pas drogue, je n’en sais toujours rien, mais j’ai repris conscience quand un type avait sa main dans ma culotte, je n’ai aucune idée du temps depuis lequel ça durait, en plein milieu de la boite sans que ça ne dérange personne", raconte l’un des témoignages, tandis qu’un autre écrit : "12 octobre 2013. Droguée à mon insu. Fini à Saint-Pierre (un hôpital de Bruxelles, ndlr) avec une commotion cérébrale et plusieurs points de sutures au crâne. Je ne me souviens plus de rien." 

En France, ce même hashtag fait référence à un tout autre phénomène : la dénonciation des terrasses éphémères installées à Paris. Mais le phénomène du GHB administré à des femmes sans leur consentement n’en reste pas moins réel et de plus en plus visible dans l'Hexagone. Car il touche aussi de nombreuses soirées étudiantes, de Grenoble à Montpellier. Dans la ville de l’Isère, le parquet a ouvert une enquête le 28 octobre après le signalement par Grenoble École Management de la circulation de GHB au cours de trois soirées au début du mois. Si "aucune plainte pour viol ou tentative de viol n’a pour l’instant été déposée", d’après le procureur de la République Eric Vaillant, le phénomène a de quoi inquiéter : une dizaine d’étudiants de l’école auraient été victimes d’une perte de mémoire profonde après avoir été intoxiqués par cette drogue, dont l’un a été confirmé par des analyses.  

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Des cas similaires ont été rapportés à Montpellier depuis la rentrée, avec une cinquantaine de témoignages en ce sens récoltés par l’Association générale des étudiants montpelliérains (Agem), une fédération de 25 associations étudiantes. Mais cette menace passe souvent les portes des écoles pour se retrouver dans les bars et les boites de nuit, où de nombreuses jeunes femmes risquent de se faire droguer à leur insu. Ce qui conduit désormais des établissements, à Montpellier comme à Reims, à proposer des couvercles à placer sur le dessus des verres afin d'éviter l’ajout de substances indésirables. 


Caroline QUEVRAIN

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