Dur, dur le retour de vacances ? Comment lutter contre la déprime de la rentrée (et accessoirement, réussir son retour au travail !)

Sybille Laurent
Publié le 28 août 2017 à 8h00
Dur, dur le retour de vacances ? Comment lutter contre la déprime de la rentrée (et accessoirement, réussir son retour au travail !)
Source : Sipa

GARDER LE MORAL - C'est prouvé, les vacances et la coupure estivale ont des effets positifs sur nous : détente, mieux être. Pourtant, il est aussi prouvé que les bénéfices de "l'effet vacances" s'estompent vite. Comment lutter ? Conseils glanés.

Lundi. Pause-café retrouvailles, dans une grande tour de bureaux parisiens. Pas vraiment la grosse joie. "J’ai pris le train hier, j’avais le ventre noué", raconte Joséphine, la trentaine, de retour du sud-ouest. Qui y va de sa petite anecdote : "Dans le train, une femme a regardé mes sacs. Elle m’a dit, l’œil compatissant : Vous aussi ?'". Signe de tête. Oui. Elle aussi, le retour de vacances. Le dur retour de vacances. Joséphine poursuit son histoire : "On a discuté avec la femme en face de moi, qui me raconte que ce stress de rentrer de vacances, ça lui fait ça chaque année, depuis 35 ans. Mais qu’heureusement, c’est bientôt fini. Parce que dans un mois, elle est à la retraite." En face de Joséphine, sa collègue Murielle ne vit pas tellement mieux le retour au boulot. Elle a commencé à rêver du travail, des rêves confus, mêlant collègues et chefs, il y a quatre ou cinq jours : "J’ai eu un coup dur la semaine dernière, l’angoisse de retourner au boulot", raconte-t-elle, le nez dans son café. Plus loin, Romain lui, est déjà épuisé. Il a repris il y a trois jours, mais en horaires décalés. "Ca me paraît déjà loin !", dit-il.

Apparemment, ces trois profils ne font pas partie des 24% de Français qui, selon un sondage Harris Interactive pour les clubs de vacances Belambra, sont "soulagés et pressés de passer à autre chose après les vacances". Il  seraient "chamboulés dans leurs repères ordinaires, les nouveaux rythmes" des congés, qui seraient "mal-vécus", selon un sociologue cité par l'étude pour expliquer ce curieux résultat. Hormis ces cas très particuliers, le sondage montre aussi que même si 77% sont en pleine forme une  fois rentrés, ils sont aussi 49% à être déprimés.

L'effet vacances s'estompe trop vite

Car c’est un fait. Pendant les vacances, on a déconnecté, on s’est reposé, changé les idées, pris le soleil - si on est descendu plus au sud que la Bretagne -, profité. Et là, c’est le blues du retour, ces vacances attendues toute l’année sont bien finies. Mais comment faire durer, au maximum le bénéfice de ces congés d’été ?  Un sondage Ifop paru en 2013 sur "Les Français et leur santé à la rentrée" rappelle que pour un sondé sur trois, les bénéfices des congés s’estompent rapidement. Pour un Français sur 4, ils ont même totalement disparu en à peine trois semaines... Une étude scientifique parue en 2009 dans le Journal of occupation Health mesure  les effets positifs sur la santé et le bien-être mais indique qu’ils disparaissent rapidement après la reprise du travail.  

Face à l'inexorable, il y a ceux qui luttent. Toujours d’après le sondage Ifop, 63% des Français adoptent une "attitude active pour endiguer la situation". Les solutions envisagées ? En premier lieu, l’exposition aux derniers rayons de soleil (29%), la surveillance de son alimentation (26%) et un meilleur équilibre du sommeil (20%). Sont tentées aussi les cures de vitamine C ou de magnésium.

Même les managers sont touchés

Caroline Carlicchi, dirigeante du cabinet Coaching Go, propose sur Cadremploi d’organiser la lutte. En clair, il faut trouver tous les moyens de prolonger ses vacances : les raconter au  boulot, commencer la semaine en échangeant avec les collègues sur ce qu’il s’est passé plutôt que rempiler derrière son ordinateur, ne pas recommencer en faisant des horaires extensibles, lister les tâches urgentes et prioriser...

Les managers doivent affronter, en plus de leur propre "blues du retour de vacances", celui de leurs équipes. Gérer le fait que les collègues ont la tête ailleurs, mais que le mois de septembre est aussi souvent l’un des plus importants dans les entreprises. Corinne Aubert, consultante chez Demos explique sur Cadremploi qu’il ne sert à rien de mettre les équipes sous pression dès le retour. "Vous risquez de perdre les bénéfices des vacances en quelques jours ! Or, vos collaborateurs vont en avoir besoin pour tenir jusqu’à la fin de l’année !", écrit-elle, conseillant de "penser à leur laisser quelques jours en forme de "sas de décompression"." Pour donner envie aux équipes de se remettre au travail, il ne faut pas non plus hésiter à fixer des objectifs qui mobilisent, et ça se fait en jouant sur les leviers de motivation de chacun. Autre conseil : relancer l’esprit d’équipe, en organisant une réunion permettant à chacun de voir où en sont les autres, ou célébrant une bonne nouvelle... histoire que les salariés se rappellent que les bons moments au travail, c’est aussi possible. Mais si.

Le retour des bonnes résolutions

Pour une démarche plus personnelle, Stéphanie Monnatte-Lassus, aromatologue, donne quelques conseils très pratiques. Sur le site passeportsante.net, elle conseille de faire l’inventaire des bénéfices des vacances. Il y a d’abord, les acquis physiques : l’été a permis d’engranger du repos, de faire peut-être du sport, bref de détendre son corps et de se sentir mieux. Il y a aussi les acquis "psycho-émotionnels : l’été a permis de faire le vide, de prendre du recul sur un éventuel problème, ou dans un autre genre de passer de beaux moments en famille ou entre amis. Sans doute aussi, avez-vous, pendant ces vacances, fait des "acquis intellectuels" : découvert d’autres cultures, d’autres nourritures ou traditions, rattrapré le retard de lectures. Enfin, viennent les "acquis sensoriels" : pendant les vacances, on prend le temps, d’admirer un paysager, de sentir des odeurs, d’écouter les oiseaux, entendre des rires, déguster un bon plat... 

Il s’agit donc de prolonger tous ces bénéfices. L’aromathologue conseille d’abord de penser, visualiser tous ces moments, pour revivre ces sensations. Puis, à partir de là, se définir de nouvelles règles. D’abord, de maintenir le cap côté sommeil, en respectant des horaires en fonction de ses besoins ; en gardant les bonnes résolutions alimentaires, notamment le plein de légumes et de fruits ; en faisant du sport, qui détend et équilibre ; en se ménageant des pauses, qu’elles soient courtes dans la journée, ou plus longues, comme un week-end loin de chez soi ; en développant ses activités culturelles et de loisirs.

Vous voilà donc parés poiur attaqués la rentrée sous le signe de la décontraction et de la bonne humeur. Reste maintenant à réussir à tenir ses bonnes résolutions... Mais ça, c'est un autre problème.


Sybille Laurent

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