VILLE DU FUTUR - A La Prairie-au-Duc, un quartier de Nantes, les habitants ont accès aux écoles, commerces, loisirs et médecins dans un périmètre de 5 minutes à vélo et 15 minutes à pied. Ce concept, né de l'imagination de l'urbaniste Carlos Moreno, se nomme la "ville du quart d'heure". L'avenir de l'urbanisme ?
C'est un rêve d'urbaniste un peu fou qui commence à prendre forme. Dans un quartier en construction à deux pas du centre-ville de Nantes, La Prairie-au-Duc, les habitants vivent à un autre rythme, avec tout les service à proximité. Ainsi, Pierre-Antoine, boulanger, a son domicile, son travail, l'école, les commerces, les loisirs et la santé à portée de main. Tous ces lieux de vie, ces services sont situés dans un tout petit périmètre, 5 minutes à vélo et 15 minutes maximum à pied.
"C'est vrai qu'on a des vies de plus en plus intenses, on est artisans, entrepreneurs. On n’a pas beaucoup de temps off donc on essaye de l’optimiser. Le fait d’avoir tout sur place, c'est un vrai bonus" se réjouit Pierre-Antoine, avant d’ajouter : "On a une vie assez douce, sans rupture, tout s’enchaîne assez facilement."
La crise sanitaire comme accélérateur ?
Cette idée de "ville du quart d’heure" sort tout droit de l'imagination de Carlos Moreno, urbaniste. Pour lui, la crise sanitaire a servi d’accélérateur : "Aujourd’hui, avec le Covid-19, on a pris une loupe et on a agrandi toutes ces énormes difficultés. On n’a plus de temps, on est toujours pressé, on ne voit plus sa famille, on ne voit pas grandir ses enfants."
Séduisante sur le papier, cette idée, qui consiste également à créer du lien social entre les habitants avec des espaces partagés, a ses contraintes logistiques, comme l’explique l’urbaniste et aménageur du quartier, David Polinière. Le tout est une question d'équilibre. "Dans nos ventes de terrain, on définit le fait que, sur telle cellule, il pourrait y avoir telle activité. Ce qui veut dire que, si on a défini, dans la vente d’un terrain, le fait qu’il pourrait y avoir une banque, il n'y aura pas de banque sur le terrain d’à côté."
Impossible à appliquer dans les petites villes
Ce projet n’est néanmoins possible que dans les grandes métropoles et reste pour le moment impossible dans les petites villes de moins de 25 000 habitants, comme c’est le cas à Barentin, ville de 11 000 habitants située en Seine-Maritime. Cette dernière dispose d’un centre-ville, de deux zones pavillonnaires et d’une immense zone commerciale située à plusieurs kilomètres du centre-ville. Un éloignement qui rend la voiture indispensable.
Le maire de Barentin, Christophe Bouillon, explique qu’il lui est impossible d’envisager ce style de ville, bien trop onéreux, : "Ici, nous avons plus de 50 km de voirie. Quand vous avez les finances d’une petite ville, vous ne pouvez pas vous dire : 'Je casse et je refais tout'." Au total, près de 26 millions de Français vivent aujourd'hui dans des villes de moins de 25 000 habitants. La "ville du quart d'heure" a donc encore du chemin à parcourir avant de s'imposer comme le modèle dominant en France.
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