Ballon d'eau chaude débranché : y a-t-il réellement un pic de consommation à la mi-journée ?

Cet arrêté ne cesse de faire couler de l'encre. Et pose toujours plus de questions. À l'aide des compteurs Linky, Enedis va pouvoir décaler l'activation des ballons d'eau chaude chez les particuliers à la mi-journée. Pour rappel, sont visés par cette mesure prise le 27 septembre les contrats "heures pleines-heures creuses" qui profitent d'un tarif préférentiel aux heures du déjeuner. Parmi les explications justifiant la mise en place de ce texte, le gestionnaire du réseau de distribution d'électricité affirme intervenir "dans le but de limiter le risque de coupures d'électricité lors du pic de consommation de 12h à 14h." 

Un argument qui n'a pas convaincu Ludovic. Il nous a interpellé sur notre adresse mail lesverificateurs@tf1.fr estimant que ce délestage serait "inutile" car il n'existe pas réellement de "pic de consommation" à la pause méridienne. Qu'en est-il réellement ? 

Une interrogation qui s'appuie sur deux arguments. Tout d'abord, il parait étonnant que 4,3 millions de Français aient accès à un tarif "heures creuses" alors que la consommation d'électricité est supposée atteindre des sommets pendant cet horaire. Deuxièmement, la plupart des acteurs du secteur considèrent que le pic de consommation d'électricité n'intervient pas à l'heure du déjeuner. Pour EDF, "souvent, ces pics sont enregistrés le soir, entre 18h et 22h", au moment où "tous les Français rentrent chez eux". 

"Ils allument alors simultanément le chauffage, la lumière et leurs autres appareils électroménagers, ce qui provoque une très forte demande en électricité", argue l'entreprise de production et de fourniture d'électricité. Idem du côté de l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) pour qui il y a deux moments où "la demande d'électricité devient très importante" : le matin entre 8h et 13h puis le soir entre 18h et 20h. 

Sur le site du gestionnaire de réseau de transport d'électricité (RTE), les données de la consommation en France montrent que ce sont effectivement ces deux périodes qui sont particulièrement cruciales. En prenant les données lissées sur la semaine du 15 octobre 2021, on constate l'existence d'un plateau haut entre 9h et 13h. Après, la consommation chute lentement, pour reprendre vers 17h30 avec un pic en début de soirée. Alors, cet arrêté est-il "vraiment utile" ou relève-t-il de la "simple mesure commerciale", comme le soupçonne Ludovic ? En réalité, les choses sont un peu plus nuancées.

Pour le choix des heures creuses sur cet horaire, rappelons que ce dispositif est né dans les années 70. Seulement, depuis, les habitudes de consommation des Français ont bel et bien changé. Durant l'hiver, ce créneau n'est "plus une plage horaire où la consommation est faible", comme le relève Enedis auprès de TF1info. A contrario, la consommation "y est importante". Ce qui en fait "potentiellement un moment de tension sur le réseau électrique". Alors pourquoi ne pas la supprimer ? Le dispositif se révèle très intéressant en été. Il permet de concentrer les consommations électriques au moment le plus opportun. À savoir, "quand les installations photovoltaïques produisent un maximum d'électricité", souligne le réseau de distribution d'électricité. 

Enedis admet par ailleurs que l'idée de cet arrêté n'est pas tant de faire disparaître un pic que de reporter l'utilisation du ballon d'eau chaude – qui représente l'un des principaux postes de dépense énergétique pour les foyers français – vers la nuit afin de "raccourcir la durée du plateau" matinal.

En résumé, il est vrai que cet arrêté n'intervient pas pour éviter un pic de consommation aux heures du déjeuner, mais plutôt pour que le plateau haut de consommation du matin soit écourté. Avec un objectif à la clé : "préserver le réseau électrique" tout au long de la journée.

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