Economie : un confinement pour sauver Noël ?

par Cédric INGRAND
Publié le 29 octobre 2020 à 15h09

Source : JT 13h Semaine

SAPINS EN PÉRIL - À côté de ses contraintes, le nouveau confinement aurait une vertu, espère l'exécutif : faire baisser les courbes à temps pour les fêtes de fin d'année. Un enjeu pour le moral des Français, mais aussi pour des pans entiers de l'économie.

Éviter l'impensable, un Noël confiné, chacun chez soi, sans vraies fêtes de familles. Éviter surtout l'impact financier d'une année amputée du moteur économique que sont Noël et la Saint-Sylvestre pour des secteurs entiers. Au-delà des impératifs immédiats de lutte contre la pandémie de Covid-19, c'est aussi l'une des promesses d'un confinement temporaire, même moins sévère qu'au printemps.

Pour les professionnels, faire l'impasse sur Noël tiendrait du scénario-catastrophe. "Le commerce ne pourra pas supporter de nouvelles contraintes durant les fêtes de fin d'année", plaide par exemple Yohann Petiot, directeur général de l'Alliance du commerce, quitte même à  "préserver l'ouverture de tous les commerces au-delà de 19h et laisser aux consommateurs la possibilité de réaliser leurs achats en magasin le week-end". Un son de cloche déjà entendu chez d'autres professionnels qui appellent à laisser ouverts tous les commerces, même ceux qui ne font pas partie des "secteurs essentiels".

Le spectre du tout-Amazon

En fait, les craintes des professionnels du commerce de détail sont de deux ordres : d'abord voir le volume de nos dépenses de fin d'année baisser sous l'effet d'un confinement qui viendrait contrarier nos ambitions festives. Moins de repas de Noël ensemble, c'est moins de cadeaux, moins de tables de fête, moins de voyages aussi.

Surtout, revenir au confinement alors que les ventes de Noël ont débuté, c'est la garantie presque mécanique du déplacement de nombre d'achats des commerces traditionnels vers les achats sur internet. Comme pour le confinement du printemps, les géants du commerce en ligne l'ont bien anticipé, Amazon en tête, qui communique aujourd'hui sur le thème "achetez en avance et détendez-vous", avec un "Black Friday avant l'heure" du 26 octobre au 19 novembre.

Davantage d'achats en ligne pour Noël, la grande crainte des petits commerçantsSource : JT 13h Semaine

Si la nervosité des commerçants est palpable, c'est aussi parce que plus que toute autre occasion, Noël est pour tous un phénomène commercial. En 2019, selon les chiffres de l'étude européenne du Centre for Retail Research (CRR), nos dépenses festives auraient passé la barre des 70 milliards d'euros, presque 3% du PIB du pays. Selon une étude signée Cofidis en 2017, entre les repas de fête et les cadeaux, le ménage français moyen dépense 750 euros environ, avec des disparités régionales notables, le budget atteignant ainsi 1200 euros en Île-de-France.

Pour nombre de métiers de bouche aussi, une année sans Noël serait catastrophique. On pense ici aux producteurs des 10.000 tonnes de foie gras que l'on consomme chaque année, aux chocolatiers, pâtissiers, poissonniers, écaillers, aux volaillers qui n'élèvent dindes et chapons qu'avec les fêtes de fin d'année en ligne de mire. Si la distribution de ces produits ne devrait pas trop souffrir, la perspective de repas moins festifs pourrait là aussi creuser les ventes. À quel point ? Mystère... Pour le prévoir, il faudrait des précédents. Et la situation actuelle, tant économique que sanitaire, en manque.

Des achats déjà anticipés

Seule bonne nouvelle pour le secteur : le consommateur semble avoir anticipé la difficulté qu'il pourrait y avoir à faire ses courses de Noël. Les professionnels du jouet le confirment : les achats de Noël ont débuté "deux à trois semaines plus tôt que d'habitude", observe Bruce Aiglehoux, directeur général de la Fédération française des industries Jouet Puériculture (FJP).

De quoi pousser certains magasins à prendre les devants. "Les consommateurs tiennent à ce que Noël se passe de la meilleure façon pour eux", explique Franck Mathais, porte-parole de JouéClub, dans un communiqué. "Venir maintenant faire leurs cadeaux de Noël les sécurise". JouéClub, qui avait anticipé, en recrutant ses saisonniers et en déclenchant ses approvisionnements plus tôt que d'habitude.

Noël : la course aux cadeaux a déjà commencéSource : JT 13h Semaine

Un changement de comportement par rapport aux années précédentes : l'année dernière, 63% des consommateurs français n'auraient entamé leur shopping de Noël que dans le dernier mois de l'année. Au total, le marché du jouet pèse 3,5 milliards d'euros en France, selon des chiffres NPD Group de 2019, qui faisaient du pays le 5e marché mondial, et le 2e en Europe. Un marché qui malgré la pandémie n'a enregistré qu'une baisse de 1% cette année. Un chiffre à confirmer, si la magie de Noël y met du sien.


Cédric INGRAND

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