EDUCATION NATIONALE - Le ministre doit annoncer ce mercredi la composition du Conseil scientifique de l'Education nationale. Une instance qui doit exprimer son avis sur les méthodes d'enseignement avec, à sa tête, un neuroscientifique, le professeur au Collège de France Stanislas Dehaene.
Le ministre de l'Education nationale est un homme pressé. Et le portrait peu amène qu'il dresse régulièrement de l'état de l'école dans notre pays depuis son entrée en fonction, soutenu par différents classements, dont la dernière enquête internationale sur la maîtrise du français, le conduit à ambitionner de remettre bon nombre de choses à plat.
D'où l'installation, mercredi 10 janvier, d'un Conseil scientifique, qui aura pour rôle, annonce son président au Figaro, d'auditer par exemple "le contenu des formations enseignantes et la façon dont les sciences de l'apprentissage pourraient être intégrées aux formations existantes".
Le fonctionnement du cerveau au service de la pédagogie
Un Conseil scientifique pluridisciplinaire, composé de 21 membres, dont la spécialité va du bilinguisme à l'économie en passant par les mathématiques, la sociologie... et, donc, les neurosciences, incarnées par le président du Conseil, Stanislas Dehaene. Une sommité en la matière, professeur au Collège de France, et défenseur d'une approche de l'éducation par le biais des sciences cognitives. Tout en se gardant bien de prétendre que cette discipline détient "toutes les réponses pour modifier un système scolaire [...] en difficulté", Stanislas Dehaene entend les mettre au service du progrès scolaire.
L'apport de cette "neuro-éducation" consiste à mettre l'imagerie médicale, les tests neuropsychologiques et cognitifs, au service de la pédagogie, en se servant de ces observations pour mieux comprendre le fonctionnement du cerveau d'un enfant au moment de l'apprentissage. Une approche qui permet, énonce encore Stanislas Dehaene, "de déterminer l'organisation des algorithmes du cerveau", et qui s'applique selon quatre piliers, résumait Le Monde en 2016 : l'attention, l'engagement actif de l'apprenant, le retour d'information et l'automatisation. Dès que les forces et faiblesses d'un élève dans l'un de ces domaines sont observées, la neuro-éducation ambitionne d'entraîner le cerveau à les éviter, en pointant du doigt les automatismes.
Mais attention, préviennent les pionniers de cette discipline reconnue depuis 2007 pour son apport à la pédagogie par l'OCDE : sans implication des enseignants, point de progrès. "La notion d’échanges avec les enseignants, dans les deux sens, est cruciale pour progresser", prévenait la neuropsychologue Bérengère Guillery-Girard, toujours auprès du Monde.
Les neurosciences au-dessus de tout ?
En dépit de ces précautions, l'annonce de la création du Conseil scientifique a suscité une certaine méfiance, fin novembre 2017. Quelques dizaines de chercheurs, enseignants et formateurs, plutôt proches de l'ancienne majorité, dont Michel Lussault, président démissionnaire du Conseil supérieur des programmes et solide critique du ministre Blanquer, s'étaient alors alarmés, avec le syndicat enseignant Snuipp, d'une "instrumentalisation" de la recherche au service des ambitions ministérielles.
Pas réfractaires sur le principe à ce "que la recherche éclaire leurs pratiques afin de construire ensemble les savoirs professionnels" pour favoriser la réussite des élèves, ils avaient appelé à ce que le Conseil scientifique ne se concentre pas sur la seule neuro-éducation et à ce qu'"aucune discipline ne s'impose aux autres". Ce que, craignant une approche déconnectée des réalités des enseignants, confirmait Michel Lussault auprès de Libé : "Les élèves ne sont pas juste des cerveaux dans des bocaux. Il y a une interaction permanente entre le corps, le cerveau et l’environnement." Si la pluridisciplinarité a été garantie par Jean-Michel Blanquer, les premières décisions du Conseil scientifique seront toute de même attendues au tournant pour connaître le poids des neurosciences dans leurs recommandations.
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