Éducation nationale : plus de 4000 postes laissés vacants aux concours 2022

M.L (avec AFP)
Publié le 7 juillet 2022 à 12h33

Source : JT 20h WE

Le ministère de l'Éducation Nationale déplore dans un communiqué publié jeudi une chute de recrutement de 12% environ par rapport à l'année passée.
Écoles primaires, collèges et lycées sont tous concernés, mais certaines disciplines et certaines régions pâtissent plus que d'autres de cette crise inédite de recrutement.

Ce sont près de 15% des places qui ont été laissées vacantes : plus de 4000 postes n'ont pas été pourvus sur un total de 27.332 ouverts par l'Éducation nationale dans le public et le privé, suite aux concours enseignants organisés en 2022, a annoncé le ministère, jeudi. Au niveau national, le taux de postes pourvus dans le premier degré public est de 83,1%, soit près de 12% de moins qu'en 2021 (94,7%). Pour les collèges et lycées, le taux de couverture, hors listes complémentaires, se situe à 83,4% pour la présente session alors qu'il était là aussi de quelque 12 points supérieurs l'an passé (94,1%), a-t-il précisé dans un communiqué.

Cette crise inédite du recrutement enseignant se traduit "par un renforcement du recrutement de contractuels (non-fonctionnaires, NDLR) afin de préparer dans de bonnes conditions la rentrée 2022 et préserver les capacités de remplacement dans les académies", a affirmé le ministère de l'Éducation nationale.

L'Île-de-France particulièrement touchée

Quant à la répartition de ces carences sur le territoire, les résultats des concours enseignants du premier degré dévoilent, comme attendu, de sérieux déficits de recrutement dans les académies franciliennes. Ainsi dans l'académie de Créteil, les différents concours permettront de recruter un peu plus de 900 candidats sur les 1665 postes ouverts. "Le différentiel de postes sera couvert par des enseignants contractuels", a affirmé le ministère. Dans l'académie de Versailles, un peu plus de 900 candidats ont été admis pour 1600 postes mis au concours. "L'académie a par ailleurs procédé au renouvellement de plus de 400 personnels contractuels et 600 nouveaux professeurs contractuels ont d'ores et déjà été recrutés", selon le gouvernement.

Au niveau des matières enseignées, dans un certain nombre de disciplines à forts effectifs dans le second degré, tous les postes ouverts sont pourvus (notamment en histoire-géographie, espagnol, SVT, éducation physique et sportive). En revanche, d'autres demeurent "sous tension" comme les lettres classiques, où 57% des postes sont pourvus, ou l'allemand (55% des postes pourvus contre 70 à 81% durant les trois années précédentes).

Certaines disciplines présentent des taux d’admission "insuffisants" comme la physique-chimie (66,7% des postes pourvus), les mathématiques (68,5%) ou encore les lettres modernes où (83,5%), contre 80% à 100% en moyenne sur ces trois matières au cours des trois années passées.

Le ministre Pap Ndiaye reconnaît un "problème majeur" de recrutement

Invité sur France Inter ce jeudi, le ministre de l'Éducation Nationale Pap Ndiaye a assuré qu'à la rentrée, "il y aura un professeur devant chaque classe, toutes les écoles de France", notamment grâce au recrutement d'enseignants contractuels. Mais il a reconnu "un problème de recrutement des professeurs", un "problème ancien, mais qui s'est aggravé ces dernières années". Il y voit l'effet du "passage du recrutement du M1 au M2", mais aussi "la question des rémunérations, qui ne sont objectivement pas à la hauteur de ce qu'on peut attendre"

La France se classe en effet au 21e rang de l'OCDE en matière de salaires de ses professeurs. Reconnaissant "un problème majeur" en France, il a jugé qu'il "nous faut procéder à des augmentations de salaires, de traitements". Le ministre, qui avait d'ores et déjà annoncé un salaire net de 2000 euros pour les professeurs débutants en 2023, a indiqué que des discussions avec les organisations syndicales étaient à venir à ce sujet, "pour créer ce que j'appelle un choc d'attractivité".

Ces concertations auront pour but de revaloriser plus largement la profession, alors que l'éducation était annoncée comme l'un des chantiers prioritaires du second quinquennat d'Emmanuel Macron. "D'un point de vue statutaire et social aussi, il y a le sentiment chez les enseignants d'un déclassement dans l'ensemble de la société", a également regretté Pap Ndiaye. Avant de conclure que l'ensemble de ces dispositions vont "prendre du temps", délai pendant lequel l'Éducation Nationale continuera à recourir à des contractuels.


M.L (avec AFP)

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