PSYCHO - L'empathie s'avère être cette capacité extraordinaire que nous avons tous à comprendre et à faire attention aux autres en se mettant à leur place. Une étape fondamentale dans le fameux "processus éducatif", qui doit arriver plus tôt qu'on ne le pense dans le parcours de votre enfant.
On sait l'être humain doué d'empathie, à savoir cette capacité à comprendre les sentiments et les émotions, à faire attention aux autres. Mais quid chez les enfants ? Que savons-nous réellement de leur degré d'empathie ? À partir de quand en prennent-ils conscience ? Tant de questions qui turlupinent les jeunes parents soucieux de savoir si oui ou non, leurs enfants savent interagir avec les autres, socialiser dans la cour de récré et nouer des liens affectifs durables.
Première certitude : sauf en cas de troubles du spectre autistique, tout enfant est pourvu d'empathie. Mais si elle est innée (nous percevons tous ce que ressentent les autres), elle demande à être développée, voire à être mise au service d'un sentiment noble comme la compassion, soit la préoccupation sincère et désintéressée de l’autre.
L’enfant est naturellement empathique, la question c’est qu’est-ce qu’il en fait ?
Nicolas Georgieff, psychiatre
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, l'empathie se révèle très tôt chez l'enfant, en deux temps. Dans un premier temps, l'empathie est tout d'abord "émotionnelle" chez les tout petits entre 8 et 12 mois qui, selon certaines études, font montre d'entraide. Puis, elle devient "cognitive" lorsque l'enfant arrive à 4 ans et qu'il devient capable d’avoir une idée de ce que l’autre pense, ressent... Certaines études démontrent même que les enfants se sont déjà forgés une opinion quant à certains aspects ayant trait à l’identité (genre, race) avant l’âge de cinq ans.
Selon le psychiatre Nicolas Georgieff, "l’enfant est naturellement empathique, la question c’est qu’est-ce qu’il en fait ? Dès qu’un enfant voit un autre enfant qui souffre, il le perçoit, de même qu’il perçoit un animal mal traité : l’empathie se révèle naturelle et spontanée. En revanche, l'apprentissage de cette valeur empathique - soit le fait de faire attention à l'autre -, ne peut résulter que d'un produit de l’éducation."
Certes, mais si l'éducation en facilite l'apprentissage et donc l'accès, comment accompagner son enfant dans la découverte de son empathie ? "Pas de formule miracle", selon le psychiatre. Mais "plusieurs options s'imposent".
Comment (bien) développer l’empathie chez l’enfant ?
Toujours selon le psychiatre, lire une histoire à son enfant, en l'impliquant, est une clé indispensable qui "peut faire toute la différence" dans sa perception de la réalité : "raconter des histoires permet d'aider les enfants à développer leur empathie, tout simplement parce qu'avec ces histoires, on travaille l'imagination comme l'identification ; donc, on provoque des questionnements, des réflexions, des points de vue et pourquoi pas, une pensée critique divergente". La lecture a bel et bien des effets positifs sur l'enfant, développant son rapport à l'autre, l'altérité à l'autre, la cognition sociale. D'où la nécessité de conserver ce rituel précieux.
Et l'on peut aussi citer un fabuleux film d'animation comme Vice Versa conçu comme une plongée dans le cerveau d'une petite fille où l'on rencontre de charmants petits personnages qui ne sont autres que ses émotions (joie, tristesse, peur, colère et dégoût), idéal pour expliquer toutes les couleurs du prisme empathique.
Autre option : le jeu. Idéalement le jeu de groupe, le jeu de rôles.
Non pas un jeu compétitif "où l'on gagne une récompense à la fin" mais un jeu où il n'y aurait pas l'idée d'un classement, mettant en avant les vertus d'une solidarité entre les enfants pour que chacun puisse réussir ensemble ou alors prenne la place de l'autre pour comprendre les points forts et les points faibles.
Dans cette veine, le docteur Serge Tisseron a par exemple créé le fameux Jeu des trois figures, initialement conçu pour réduire la violence scolaire, appelé ainsi en référence aux trois personnages : l’agresseur, la victime, le tiers, que celui-ci soit simple témoin, redresseur de torts ou sauveteur.
Chaque enfant est amené à jouer tous les rôles, régulièrement, expérimentant ainsi chaque position dans une relation et pouvant sortir de son rôle habituel.
La lecture du soir, le visionnage de Vice Versa, les jeux... se révèlent autant de bonnes façons pour les enfants comme les parents d'appréhender cette empathie : de donner à comprendre que les gestes comme les mots ont une incidence sur l'autre, bonne comme mauvaise. Soit le délicieux apprentissage de la riche complexité humaine.
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