CAMPAGNE CHOC - Près de 250 messages ont été collés sur les murs parisiens depuis le 1er septembre. Une initiative lancée par Marguerite Stern afin de sensibiliser sur le fléau des féminicides, dont on dénombre déjà 101 victimes depuis le début de l'année en France, selon le décompte d'une association.
Ils sont écrits noir sur blanc, et sont aussi durs que le mur sur lequel ils s’étalent. Dans la capitale, des messages affluent depuis vendredi dernier. Volontairement choquants, ils ne sont pourtant rien de plus que les histoires de ces 101 femmes tuées par leur compagnon ou ex conjoint depuis le début de l’année. L’objectif des auteures ? "Inonder Paris pour dénoncer les féminicides".
C’était une "grosse impulsion"
C’est en ces termes que Marguerite Stern nous décrit l’action. Habituée des collages, elle a lancé, le mardi 27 août, une initiative sur les réseaux sociaux afin de réunir un groupe de femmes pour coller des messages contre les féminicides. Un appel entendu. Et qui a du succès. Celle qui admet être "impulsive" est d’ailleurs surprise. Partie d’une "révolte" personnelle, elle ne pensait pas mobiliser plus d’une quinzaine de personnes. Et pourtant, en près d’une semaine, 80 femmes sont passées par le "QG" des colleuses à Paris, et 230 messages sont apparus. Sans compter les groupes qui se forment, peu à peu, dans les autres villes françaises.
On parle bien sûr, on échange beaucoup, et je crois que des liens spéciaux sont en train de se créer entre nous, mais y a jamais trop de bruit non plus. C'est une ambiance qui oscille entre le magnifique et le dramatique. 📷 Juliette Avice pic.twitter.com/SKnfkk2lNn — Marguerite Stern (@Margueritestern) September 5, 2019
L'ancienne Marseillaise nous décrit un groupe hétéroclite composé de femmes venant "d'horizons très différents". Si certaines sont déjà militantes, d'autres vivent là leur première expérience. Une convergence "merveilleuse", qui l’émeut. Dans le squat d’artistes qu’elles ont choisi comme lieu de création, l’ambiance est "toujours belle et à la fois tragique". Ce qui les aide à tenir, c’est savoir qu’elles ont une "mission commune". Alors, "l’après-midi, on peint et le soir, on colle".
"Naître femme tue"
L’objectif : "Arrêter de compter les mortes." Toutes au courant que ce qu’elles font est illégale – mais prêtes à en accepter les conséquences – elles vont dans la rue afin d’amener leur pierre à l’édifice d’un mouvement qui débute. Avec ces collages, elles espèrent interpeller dans un espace qui n’est pas encore acquis à leur cause. "Avec le militantisme sur les réseaux sociaux, on touche surtout des personnes déjà un peu concernées", plaide ainsi celle qui anime aussi un podcast sur la place des femmes dans l’espace public.
Dans Paris, tout comme à Lyon, Lille, Bordeaux et Grenoble, qui ont emboîté le pas, deux types de slogans différents apparaissent. Les premiers racontent les histoires de ces femmes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint. Mais pas de n’importe quelle façon. "Égorgée, brûlée, défenestrée, tuée devant ses enfants, ….". Les détails qui ont tué sont donnés. Les mots sont crus, choisis pour ne créer aucun "romantisme"autour de ce qu'il fut un temps considéré comme un "crime passionnel". "On fait très attention, il est hors de question de trouver des formules littéraires : ce sont des meurtres ou des assassinats ! "
Les seconds sont plus généraux, faits pour interpeller sur la cause des féminicides. "Elle le quitte, il la tue", en est un exemple. "On tente de choisir des mots très proches de la réalité", explique cette ex-Femen. L’idée derrière ce double-message est à la fois de désigner un "système machiste qui tue" mais aussi de recouvrir les murs de la mémoire de ces femmes. "C’est un geste de révolte et un femmage [hommage pour les femmes, ndlr]."
Lyon, Lille, Bruxelles, ... Les messages s'exportent
Une initiative qui prend des airs de mouvement. Bien que ce ne soit pas la volonté de celle qui en est à l'origine, pour qui il s'agit "juste d'un groupe de meufs portant le même message", elle est de fait en train de le devenir. Au-delà des villes qui ont déjà commencé à coller, Marguerite Stern nous indique que d’autres s’organisent, captures d’écran à l’appui.
Depuis quelques jours, je reçois beaucoup de messages de filles qui veulent coller partout en France, mais aussi en Suisse et en Belgique. Elles ont crée des comptes Instagram. C'était pas le but au début mais je crois que tout ça est en train de prendre la forme d'un mouvement. pic.twitter.com/utcC5WPZgK — Marguerite Stern (@Margueritestern) September 6, 2019
"En ce moment, nous avons une personne venue de Belgique pour apprendre notre technique et l’exporter", nous confie-t-elle, enjouée. Si elle se satisfait de l’ampleur que prend cette idée, la militante de 28 ans souligne cependant qu’il ne faut pas que "le mouvement soit plus entendu que les noms qu’on colle ".
De quoi en profiter pour rappeler que Salomé, Mélissa, Eliane ou Bernadette ne sont qu’une infime partie du féminicide.
Sur le
même thème
- EN DIRECT - Réforme des retraites : Laurent Berger appelle à "amplifier" la mobilisation le 7 févrierPublié le 30 janvier 2023 à 6h24
- Meurtres de Lola : sites web, pétition, hashtags… itinéraire d'une récupération politiquePublié le 21 octobre 2022 à 20h31
- #sciencesporcs : Anna Toumazzoff, la militante d’Instagram qui s’attaque aux violences sexuellesPublié le 12 février 2021 à 20h39
- “Je dis non chef”, le compte qui fait entrer #Metoo dans les cuisines des restaurantsPublié le 11 janvier 2020 à 8h37
- D’où viennent ces pancartes vertes, jaunes et rouges dans les cortèges ?Publié le 6 décembre 2019 à 16h42
- Le sketch de Marie S'infiltre à la marche contre les violences faites aux femmes provoque un tolléPublié le 25 novembre 2019 à 13h16
- #hatebetter : itinéraire d'une oeuvre mal comprisePublié le 24 mai 2019 à 15h37
- Lutte contre le sida : une campagne d'Aides privée d'affichage ?Publié le 15 mai 2019 à 17h08
Tout
TF1 Info
- 1Mort de Sihem : que sait-on de Mahfoud H., mis en examen ce jeudi ?Publié hier à 14h55
- 2
- 5Des soldats ukrainiens combattent-ils sous l'effet du Captagon, cette drogue dérivée d'amphétamines ?Publié le 1 février 2023 à 16h47
- 6Disparition d'Héléna à Brest : un nouvel appel à témoins lancéPublié hier à 15h04
- 7EuroMillions : "une pluie de millionnaires" va inonder l'Europe ce vendrediPublié hier à 23h04
- 8VIDÉO - Ne jetez pas votre vieux portable, il peut rapporter plusieurs centaines d'eurosPublié le 31 janvier 2023 à 16h44
- 9Israël : sans billet pour son bébé, un couple tente d'embarquer sans luiPublié le 1 février 2023 à 17h10
- 1En Gironde, coup d'envoi de la démolition du "Signal", symbole de l'érosion côtièrePublié aujourd'hui à 10h22
- 2Ballon espion au-dessus des États-Unis : Pékin procède à "des vérifications"Publié aujourd'hui à 10h21
- 3Hausse des prix du carburant : les solutions pour rouler moins cherPublié aujourd'hui à 9h58
- 4En "balade" au-dessus des États-Unis, un ballon espion chinois repéré par le PentagonePublié aujourd'hui à 9h48
- 5Comment sont stockés les déchets nucléaires ? LCI vous répond le 03/02/2023Publié aujourd'hui à 9h42
- 6Tortures en Ukraine : le récit glaçant d'un ex-officier russePublié aujourd'hui à 9h42
- 7Édouard Philippe revient longuement sur son alopécie : de quoi s'agit-il ?Publié aujourd'hui à 9h39
- 8
- 9En cavale depuis 16 ans, un mafieux italien devenu pizzaïolo interpellé à Saint-ÉtiennePublié aujourd'hui à 9h03
- 10Pour tenir "le cap" de la relance du nucléaire, Macron réunit sa "cabine de pilotage"Publié aujourd'hui à 9h01
- 1EuroMillions : "une pluie de millionnaires" va inonder l'Europe ce vendrediPublié hier à 23h04
- 3Grève dans le secteur de la petite enfance : "On se sent maltraités"Publié hier à 19h13
- 4
- 6La question de la semaine : pourquoi rêve-t-on que l’on perd ses dents ?Publié le 6 mai 2016 à 20h40
- 8Réforme des retraites : cinq choses à savoir sur la pension de 1200 euros garantisPublié le 11 janvier 2023 à 14h26
- 10Réforme des retraites : après la grève du 31 janvier, deux nouvelles journées de mobilisation prévuesPublié le 1 février 2023 à 9h00
- Police, justice et faits diversPortée disparue, Sihem, 18 ans, retrouvée morte dans le Gard
- InternationalMort de Tyre Nichols : la nouvelle affaire qui choque l'Amérique
- Sujets de société31 janvier, 2e round contre la réforme des retraites
- InternationalL'Occident se résout à livrer des chars à l'Ukraine
- TransportsUn "incendie volontaire" paralyse la gare de l'Est