À LA LOUPE - Emmanuel Macron et Edouard Philippe se fixent un objectif ambitieux : atteindre le plein emploi pour l'horizon 2025. Une situation que la France n'a pas connu depuis les années 1970. Au fait, c'est quoi le plein emploi ?
Lors de sa conférence de presse du jeudi 25 avril, Emmanuel Macron a annoncé le lancement de l'Agenda 2025 comprenant "un pacte productif pour le plein emploi". Un objectif confirmé par Edouard Philippe dans son discours prononcé en sortie du séminaire gouvernemental le 29 avril. "Nous pouvons collectivement nous mobiliser pour atteindre les objectifs ambitieux en matière de retour au plein emploi", a-t-il déclaré.
Le taux de chômage est actuellement à 8,8% en France. Au premier trimestre 2019, il y avait en moyenne 5.603.400 de personnes inscrites à Pôle Emploi (France métropolitaine). Parmi ces chômeurs, 3.391.900 de personnes étaient sans emploi - la catégorie A - et 2.211.500 exerçaient une activité partielle - les catégories B, C.
Qu'est-ce que le plein emploi ?
On admet généralement qu'un pays connaît le plein emploi lorsque son taux de chômage est d'environ 4% à 5%. Le plein emploi ne signifie pas qu'il n'y a plus de chômeurs, un taux à 0% étant impossible. En effet, il existe un chômage dit "frictionnel" ou "naturel". Il s'agit du seuil minimum qui s'explique par le temps d'inactivité, soit lorsqu'une personne change d'emploi, soit lorsqu'une personne arrive pour la première fois sur le marché du travail.
Avec un taux de 8,8%, la France est donc loin d'une situation de plein emploi. C'est 2,3 points au-dessus de la moyenne de l'Union européenne, dont le taux de chômage moyen est de 6,5%. Trois pays de l'UE ont un taux de chômage plus élevé que la France : l'Italie (10,5%), l'Espagne (14,1%) et la Grèce (18,5%). Concernant les pays en situation de plein emploi, nous pouvons citer l'Allemagne (3,2%), la Pologne (3,7%) ou encore le Royaume-Uni (4%).
Le problème du chômage structurel
Le taux de chômage n'est jamais redescendu en dessous des 4% depuis 1975, et des 5% depuis 1979. Pour atteindre une situation de plein emploi, il faut lutter contre le chômage dit 'structurel'. Il s'agit du chômage dû à la structure économique et à la nature du marché de l'emploi. Par exemple, un problème de formation participe au chômage structurel, certains secteurs d'activité n'arrivant pas à recruter. En 2017 (dernier chiffre sûr connu), 150.000 offres déposées à Pôle Emploi ont conduit à un abandon de recrutement faute de candidats.
D'après l'OCDE, le taux de chômage structurel de la France serait de 8,6% et descendrait à 8,4% en 2020, donc toujours au-dessus du plein emploi. En bas du classement, on retrouve de nouveau l'Italie (9,2%), l'Espagne (15%) et la Grèce (16%). C'est l'Allemagne qui a le taux de chômage structurel de l'UE le plus bas avec 3,5%.
Attention toutefois, un taux de chômage général et un taux de chômage structurel bas ne renseignent pas sur la nature des emplois occupés ni des types de contrats. Par exemple, les travailleurs précaires sortent des statistiques du chômage. En outre, lorsque la population vieillit, il y a mécaniquement moins de chômage car de moins en moins de personnes entrent sur le marché de l'emploi.
Objectif 7% en 2022
L’objectif du gouvernement est d'atteindre un taux de chômage à 7% en 2022, une promesse déjà faite par Emmanuel Macron avant son élection. La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, rappelle régulièrement ce chiffre, comme le 30 avril, sur LCI.
Mais compte tenu de l’évolution de la population - départs à la retraite, arrivée des jeunes diplômés, secteurs d'activité sous tension - , il faudrait créer au minimum 1 million d’emplois d’ici la fin du quinquennat. En 2017, la France a créé 250.000 emplois et en 2018, seulement 106.100. Le plein emploi en 2025 est donc... Un objectif très ambitieux.
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