Engagements contre la souffrance des étudiants en santé : beaucoup de bruit pour rien ?

Anaïs Condomines
Publié le 4 avril 2018 à 0h06
Engagements contre la souffrance des étudiants en santé : beaucoup de bruit pour rien ?
Source : AFP / François Guillot

MÉDECINE - Les ministres de la Santé et de l'Enseignement supérieur présentaient ce mardi 3 avril quinze engagements pour améliorer le bien-être des étudiants en santé. Des responsables d'associations d'étudiants en médecine nous confient leurs impressions sur ces annonces.

Les ministres de la Santé et de l'Enseignement supérieur présentaient ce mardi leurs 15 engagements pour améliorer le bien-être des étudiants en cursus de santé. Parmi les mesures annoncées, on compte la création de plusieurs structures d'accompagnement et cellules d'évaluations pour les étudiants, la volonté de sortir d'une "logique de compétition" au sein du cursus, la possibilité d'évaluer systématiquement les lieux de stages ou encore un rappel des obligations en matière de repos de sécurité lors des stages.

Stress, angoisses sévères, troubles alimentaires, addictions diverses... Les syndicats et associations d'étudiants en médecine sont témoins, depuis des années, de l'impact cumulé de la compétition féroce et des conditions de stages difficiles sur la santé des carabins. Sont-ils satisfaits des engagements gouvernementaux ? LCI leur a posé la question. 

Des heures de repos obligatoires

D'abord, un même constat, partagé à la fois par Robin Jouan de l'association SOS Internat hôpitaux de Nice et Yanis Merad, président de l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) : l'intention est bonne. "Ce sont des annonces qui vont dans le bon sens mais il y a encore beaucoup de travail", estime Yanis Merad, quand Robin Jouan approuve : "Cela part d'une bonne idée. Hélas, il n'y a aucune action sur l'encadrement et les conditions de stages, hormis le respect du repos de sécurité en garde, qui est déjà imposé dans la loi mais insuffisamment appliqué." 

Depuis l'arrêté de 2002 relatif aux gardes des internes, un repos de sécurité oblige en effet onze heures de pause après chaque garde de nuit. Une mesure qui n'est pas respectée partout, selon les témoignages de nombreux étudiants, entendus par la mission ministérielle. "Là, ce que le gouvernement dit, c'est de respecter la loi. C'est bien, mais ce n'est pas suffisant...", constate Yanis Merad. 

Quelle reconnaissance salariale ?

Autre grande absente des engagements du gouvernement : la reconnaissance salariale. "Beaucoup d'étudiants sont dans une situation précaire", affirme encore Yanis Merad. "En quatrième année, l'étudiant gagne 100 euros par mois à mi-temps, en sixième année, il en gagne 230." Des "sommes basses" selon le président de l'association, qui "contribuent au sentiment de dévalorisation personnelle". 

Pas d'annonce non plus du côté du statut des professeurs, qui partagent actuellement leur temps entre le soin, la recherche, et la pédagogie. "Souvent, les cours passent en dernier", estime l'étudiant. "On a du mal à trouver des enseignants investis, même si ce n'est pas le cas de tous." Or, si les ministres Buzyn et Vidal formulent le souhait d'un "module spécifique de formation" à l'adresse des enseignants, l'association nationale déplore un nombre insuffisant de formateurs, "par rapport à un numerus clausus qui a doublé depuis 2003". "En résumé, j'ai bien peur que ça ne change pas grand chose", termine Robin Jouan, qui veut quand-même saluer l'effort de médiatisation du problème. "Le fait d'en parler est toujours bien : cela va peut-être permettre aux étudiants d'en parler entre eux et de consulter."


Anaïs Condomines

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