Les biologistes protestent contre la baisse de leurs tarifs, inscrite dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale.Ils menacent de ne plus alimenter le fichier national des tests à partir du 27 octobre, rendant aveugle le suivi de l'épidémie.Ils proposent à la place "une contribution exceptionnelle" sur les profits réalisés durant la pandémie de Covid.
Va-t-on pouvoir continuer à suivre en temps réel l'épidémie de Covid ? Opposés au "rabot aveugle" du budget de la Sécurité sociale, qui veut leur imposer 250 millions d'euros d'économies par an, les biologistes ont annoncé, mercredi 26 octobre, qu'ils cesseront d'alimenter le fichier national des tests de dépistage (SI-DEP), qui centralise tous les résultats. "Devant la surdité des pouvoirs publics, nous avons décidé de suspendre la transmission des données de dépistage sur la plateforme SI-DEP à partir du (jeudi) 27 octobre", a indiqué à l'AFP Alain Le Meur, porte-parole de l'Alliance pour la biologie médicale (APBM).
En somme, si les patients continueront de recevoir leurs résultats, "il n'y aura plus de suivi possible de l'épidémie", a-t-il prévenu. Les laboratoires ne seront, pour leur part, plus remboursés par l'Assurance maladie. Le manque à gagner est évalué à 14 millions d'euros par semaine. Par ce biais, la profession souhaite ainsi "envoyer un message" au gouvernement, qui n'a pas modifié son projet de loi de financement de la Sécurité sociale prévoyant "une baisse des tarifs par arrêté" à défaut d'un "accord présentant des économies significatives" avant le 1er février, à hauteur "d'au moins 250 millions".
L'exécutif "assume les efforts demandés"
Pour autant, l'exécutif compte rester ferme. "Nous assumons de demander des efforts aux laboratoires de biologie", a répété, mardi 25 octobre, le ministre des Comptes publics Gabriel Attal devant le Sénat, justifiant la mesure par "une rentabilité déjà élevée avant la crise" et encore accrue par un surcroît de plus de sept milliards "de chiffre d'affaires lié aux tests" depuis deux ans.
Une ponction que les biologistes proposent eux de limiter à la seule année 2023, au titre des profits du Covid. "D'accord pour une contribution exceptionnelle, mais pas pour un rabot totalement aveugle", a expliqué Alain Le Meur, menaçant "d'aller plus loin", jusqu'à "une grève si le gouvernement ne (les) comprend pas". L'examen du budget de la Sécu à l'Assemblée, interrompu par l'usage du 49-3 sur la partie "recettes", a repris mardi soir sur le volet "dépenses", où figure l'article contesté.