BACTERIE - Des scientifiques suisses ont découpés des canards de bain, et les résultats sont bien peu ragoûtants.
Ils sont si mignons. Et s’ils cachaient en fait un fond menaçant ? Après Sophie la girafe et ses moisissures, voici désormais que le petit canard de bain se révèle être un vilain compagnon de bain : une étude de l'Eawag (Institut suisse de recherche sur l'eau et les milieux aquatiques) montre "que ces jouets si mignons peuvent cacher un cœur menaçant". Et ce, pour deux raisons : "En plus du plastique qui est en soi sujet à caution, les canards de bain offrent en leur sein un milieu favorable à la croissance de nombreuses bactéries."
Entre 5 et 75 millions de cellules par cm2
Le Conseil fédéral suisse a ainsi publié mardi un communiqué sur son site, qui donne bien le ton. Intitulé Les vilains petits canards de bain, il retrace l’expérimentation qui a été faite. Il apparaît que le climat chaud et humide des salles de bain constitue "des conditions idéales pour le développement de biofilms bactériens ou fongiques qui peuvent apparaître sur les rideaux de douche ou autres objets". Et les canards en plastique et autres jouets utilisés dans le bain sont particulièrement favorables : "De volumineux tapis de bactéries et champignons peuvent se développer à l'intérieur des animaux", indique le communiqué. Au point que "lorsque l'enfant appuie sur leur ventre pour faire gicler de l'eau, il n'est ainsi pas rare que le jet soit de couleur brune."
Pou étudier un peu mieux tout cela, les scientifiques ont collecté des jouets de bain ayant déjà servi et caractérisé les biofilms bactériens et fongiques formés sur leur surface intérieure. En parallèle, ils ont réalisé des essais avec des canards de bain neufs : ils les ont placés pendant onze semaines dans des conditions typiques d'une salle de bain normale. Les canards ont ensuite été découpés puis étudiés au laboratoire. Et... les résultats sont peu ragoûtants : entre 5 et 75 millions de cellules étaient présentes sur chaque centimètre carré de surface. Les chercheurs ont par ailleurs observé des germes potentiellement pathogènes chez 80% des canards étudiés, notamment des légionelles et des bactéries très résistantes, connues pour causer des maladies nosocomiales.
Que faire de ces jouets pour le bain ?
Si cet état des lieux peut faire peur, le docteur Frederik Hammes, qui encadre l’étude, est plus rassurant, en évoquant les jeunes enfants qui s'aspergent d'eau en la faisant gicler de leur canard. "Cela peut renforcer leurs défenses immunitaires. À ce moment-là, c'est plutôt positif", estime le chercheur. "Mais cela peut également provoquer des irritations des yeux et des oreilles ou des infections gastro-intestinales plus problématiques."
Face à ces constats, que faire ? Renoncer aux canards de bain ? Boucher les trous qui font sortir et entrer l’eau ? Le chercheur Frederik Hammes suggère une solution plus scientifique : durcir la réglementation sur les polymères utilisés dans la fabrication des jouets destinés à flotter dans nos baignoires. Car une autre des conclusions de l'étude est que si ces bactéries se développent aussi bien, ce n'est pas à cause de l'eau, trop pauvre en nutriment, mais du caoutchouc qui constitue les petits canards : souvent composé de polymères de qualité inférieure, il libère de grandes quantités de carbone organique.
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