Mort mystérieuse de 2 amis après un repas : la thèse du syndrome du "Tako-tsubo" se précise, de quoi parle-t-on ?

Publié le 8 août 2017 à 17h08, mis à jour le 8 août 2017 à 17h13
Mort mystérieuse de 2 amis après un repas : la thèse du syndrome du "Tako-tsubo" se précise, de quoi parle-t-on ?
Source : Thingstock

QUÈSACO - Les autopsies réalisées sur les corps des deux hommes décédés jeudi 3 août dans l'Eure-et-Loir, ont permis de préciser les causes de la mort. La thèse d'une intoxication entraînant le botulisme écartée, celle du syndrome des "cœurs brisés", provoqué par le stress ou un choc émotionnel important demeure très plausible. En l’occurrence, pour l'un d'eux.

Cela faisait partie des hypothèses à l'étude après le décès soudain de deux hommes lors d'un repas en Eure-et-Loir, jeudi 3 août. Le syndrome du "Tako-tsubo" apparaît ce mardi bel et bien comme une clé pour expliquer ce qu'il s'est passé dans ce jardin d'Authon-du-Perche. Pour rappel, les amis de longue date ont été retrouvés par une proche voisine, qui a d'abord pensé qu'ils avaitent pris "une bonne cuite". Le premier se trouvait couché à terre et le second assis devant la table encore dressée.

Ecartée la thèse de l'intoxication alimentaire, les autopsies réalisées ce lundi ont corroboré la thèse accidentelle, et par extension, selon toute vraisemblance, celle de la maladie dite aussi "des coeurs brisés". Mais que cache ce terme quelque peu énigmatique ?

Un "piège à pieuvre"

Le quotidien L'Eho Républicain, qui a relayé l'affaire dès le lendemain du drame, l'expliquait en partie en soulignant qu'"il serait plausible que l’un des deux soit mort d’un malaise, provoquant une émotion mortelle chez le second." Voilà qui est désormais confirmé. Le plus âgé a succombé à une fausse route alimentaire, son cadet au coeur fragile et hypertrophié, n'a pas résisté au choc émotionnel et a fait une attaque. 

L'expression "Tako-tsubo", qui signifie littéralement en japonais "piège à pieuvre", désigne en réalité une pathologie du muscle cardiaque provoquée par un stress ou un choc émotionnel important, identifiée il y a une vingtaine d'années. Elle peut en effet, dans certains cas rares, se révéler mortelle.

Dans les années 1990, cette appellation a permis de mettre un mot sur ce que les cardiologues appelaient autrefois "les myocardites de stress" ou encore sur des affections transitoires du muscle cardiaque qui n’étaient pas repérées par les spécialistes.

"Faux infarctus de stress"

Dès 2015, une étude suisse avait notamment permis de décrire de manière plus précise ce syndrome du "cœur brisé", jusque-là mal connu, et qui s'avère être bien plus qu'une image. En l'occurrence, la totalité du myocarde ventriculaire peut être touchée, le risque de mortalité avoisine celui de l’infarctus du myocarde, et les chocs émotionnels tristes ou stressants ne sont pas les seuls à paralyser le cœur. Ainsi, la joie est également susceptible de le "briser". 

Dans les faits, cette pathologie peut survenir à la suite d’une attaque cérébrale, d’une hémorragie cérébrale, mais peut également être provoqué par des crises d’épilepsie, comme le précisait en 2015 le site Pourquoi docteur.

Si les symptômes de ce "faux infarctus de stress" sont très proches de ceux de l'infarctus du myocarde, certaines variantes non négligeables d'un point de vue scientifiques sont à noter. Tout d'abord, le syndrome du "Tako-tsubo" est dans la grande majorité des cas réversible en quelques semaines, sans séquelles. Par ailleurs, dans ce cas, les artères coronaires sont saines, tandis que dans le cas d'une crise cardiaque, ces dernières sont partiellement ou totalement bouchées et n'alimentent plus le cœur.


Audrey LE GUELLEC

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