INFO LCI - Près d’une mairie sur cinq réticente à scolariser des enfants roms

par Youen TANGUY
Publié le 2 octobre 2016 à 7h00, mis à jour le 2 octobre 2016 à 8h29
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Source : Sujet JT LCI

TESTING - L’association SOS Racisme a mené une opération de testing pour évaluer les accès à la scolarisation des enfants roms. Le résultat - que nous vous dévoilons - est sans appel : près d’une mairie sur cinq est réticente à scolariser ces enfants.

L’instruction est obligatoire en France pour tous les enfants entre 6 et 16 ans. Tous, sauf les enfants roms ? Un peu partout en France, des mairies refusent d'intégrer ses enfants dans leur école - ou trainent des pieds pour le faire en invoquant l’absence de justificatif de domicile, normalement obligatoire pour une inscription. 

C’est le cas de la mairie de Maubeuge, dans le Nord, où le maire réfute pourtant toute stigmatisation des personnes roms, renvoyant à ce fameux problème de domiciliation. "Les adresses données par les familles sont des squats qui seront bientôt détruits", explique-t-il à LCI. Même excuse du côté de Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis. "Ces enfants ne disposent pas d’adresse de domiciliation à Saint-Ouen. Je n’ai donc aucune raison de les scolariser", affirmait le maire de la commune au début du mois de septembre. 

Pour mettre en lumière cette discrimination à peine masquée, l’association SOS Racisme a mené un testing* dont nous vous dévoilons les résultats en avant première. Un membre de l'association avait pour mission d’appeler des mairies pour demander quels étaient les papiers nécessaires à la scolarisation de sa fille. "La mairie dit qu’il y a évidemment une attestation de domicile à avoir. Et c’est là que l’on regarde les différentes réponses qui sont données", nous explique Dominique Sopo, président de l'association.

Les bons et les mauvais élèves

Vingt mairies testées, quatre refusent : seize en région parisienne et quatre sur le reste de la France (Alsace Champagne-Ardenne Lorraine ; Languedoc-Roussillon ; Midi-Pyrénées et PACA). Dans quatre communes, la testeuse s’est vue adresser une fin de non-recevoir. Le justificatif de domicile est obligatoire et aucune alternative n’est formulée. "Pour nous il y a quelque chose qui est de l’ordre de la discrimination", analyse Dominique Sopo, le président de l’association.

Dans huit autres communes, les employés (ées) de mairie ne se sont pas prononcés directement au téléphone. Elles préféraient inviter la testeuse à se rendre en mairie pour "voir ce qu’il est possible de faire". "Ce discours très ‘lisse’ de certaines mairies laisse légitimement penser qu’il peut y avoir discrimination lors des étapes ultérieures de l’inscription de l’enfant", explique SOS Racisme.

Enfin dans les huit dernières communes testées, l’employé(e) de mairie s'est montré particulièrement compréhensif, appelant la testeuse à rencontrer des partenaires sociaux et des associations afin d’obtenir une attestation de domicile. "Ça montre que lorsque l’on veut, on peut, se réjouit Dominique Sopo. Il y a heureusement beaucoup d’élus qui respectent la loi mais pas suffisamment puisque tout le monde devrait le faire".

La moitié des enfants vivant dans des bidonvilles ne vont pas à l’école

Dans le cas des huit communes qui ne se sont pas prononcées et ont invité la testeuse à se rendre en mairie, SOS Racisme soupçonne des cas de discrimination lors des étapes ultérieures. "La prochaine étape sera d’envoyer des personnes physiques pour regarder quels sont les discours tenus aux personnes qui se présentent physiquement devant les employés d’une mairie", assure Dominique Sopo.

Selon une enquête du Collectif pour le droit des enfants roms à l'éducation (CDERE) publiée le 27 septembre dernier, plus de la moitié des ados vivant dans les bidonvilles et les squats de France ne sont pas scolarisés. En 2015, 9000 enfants et adolescents vivaient dans des bidonvilles dans l’hexagone. 

*Ce testing était un testing réalisé à partir d’un profil fictif, permettant en ce sens de ne tester que la première étape de manifestation de la discrimination, à savoir lors du premier contact avec la mairie, via un entretien téléphonique avec l’employé(e) du service scolarité de la mairie. 

VIDEO. Discrimination des roms : une opération de SOS Racisme dénonce le manque d'accès à l'école

Discrimination des Roms : une opération de SOS Racisme dénonce le manque d'accès à l'écoleSource : Sujet JT LCI
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