À LA LOUPE - Inquiétudes parmi les pêcheurs, 50% de la pêche bretonne serait menacée en cas d'un Brexit sans accord. Cela représente 20% de la pêche nationale, soit 14.000 tonnes de poissons pêchés par an. Plus généralement, quelles seraient les conséquences d'un no-deal pour les pêcheurs français ? À La Loupe s'est plongé dans le sujet.
Emmanuel Macron l'avait assuré lors du Conseil européen réuni en novembre 2018 pour préparer le Brexit : "Je veux rassurer les pêcheurs : leur quotidien ne changera pas [...] et nous avons obtenu le soutien des Vingt-Sept sur ce sujet." Mais qui aurait pu imaginer qu'en novembre, la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne serait aussi calamiteuse, avec la perspective d'un no-deal. Certainement pas les pêcheurs français qui se demandent aujourd'hui comment ils pourront accéder aux eaux territoriales d'outre-Manche.
La France perdrait son accès aux eaux britanniques
En cas de Brexit sans accord, les pêcheurs français ne pourront plus pêcher dans les eaux britanniques. L'ensemble des pays membres de l'UE ont en effet un droit d'accès aux réserves halieutiques de chaque autre Etat. Cette mise en commun des zones de pêche dans les eaux territoriales est la base de la PCP, la Politique commune de la pêche, pendant de la Politique agricole commune.
Initialement, la sortie de l'UE ne signifiait pas une sortie de la PCP pour les britanniques. Parmi les 585 pages de l'accord du Brexit, Theresa May avait prévu des dispositions établissant un statu quo pour l’accès aux eaux britanniques et un maintien du Royaume-Uni dans la Politique commune de la pêche jusqu’en décembre 2020. Mais cet accord a été rejeté par les parlementaires, des députés refusaient notamment que la pêche nationale dépende toujours de Bruxelles après la date du Brexit.
La pêche française dépend-elle à 50% des eaux britanniques ?
En cas de "no deal", les conséquences pour la pêche française pourraient donc être désastreuses. Mais dans quelle proportion ? Un chiffre, largement repris et diffusé évoque "50% de la pêche française" menacée. Après vérification, ce chiffre de 50% correspond au cas spécifique de la pêche bretonne. Il est issu du rapport 'Les enjeux du Brexit pour la Bretagne' publié par le Conseil économique,social et environnemental régional de Bretagne. Les perspectives ne sont pas bonnes pour la région : "Les navires bretons [...] réalisent 50 % de leurs activités dans la zone économique exclusive du Royaume-Uni. Beaucoup n’ont pas de substitution possible à ces zones de travail donc peu d'alternatives à court terme."
Pour établir ce taux de dépendance aux eaux d'outre-Manche, le rapport s'appuie les zones d'activités des navires bretons et a ainsi pu établir une carte précise. Comme on peut le voir ci-dessus, beaucoup de pêcheurs bretons effectuent des prises dans les eaux britanniques, visibles en violet foncé.
Contacté par les équipes d'À La Loupe, Hubert Carré, Directeur Général du Comité National des Pêches Maritimes et des Élevages Marins, apportent plus de précisions. "Les navires bretons réalisent 42% de leurs captures dans les eaux britanniques, ceux des Hauts-de-France 31% et 20% pour les pêcheurs normands." La Bretagne sera donc bien la région la plus impactée pas l'absence d'accord pour accéder aux zones de pêches du Royaume-Unis.
Toutefois, Hubert Carré attire notre attention sur un point important : cette dépendance aux eaux britanniques est différente selon les espèces. Par exemple, "92% des captures de lieux noirs ont lieu dans la ZEE britannique et 74% pour le hareng."
Au niveau national, cette dépendance des pêcheurs français des eaux britanniques est, certes importante, mais loin des 50%. D'après les chiffres de FranceAgriMer, 19% de la pêche française s'effectue au large du Royaume-Unis, soit 14.000 tonnes de poissons par an. Après l'Irlande et ses 65.000 tonnes, la France est le deuxième pays qui ponctionne le plus de poissons dans les eaux britanniques. Vient ensuite le Danemark avec 7.000 tonnes.
La flotte de pêche française est l’une des plus importante des pays de l’UE, désormais la deuxième derrière l'Espagne. La pêche génère plus de 13.500 emplois de marins.
Le Brexit, une bonne nouvelle pour les pêcheurs britanniques ?
Côté britannique, les conséquences d'une sortie de la Politique commune de la pêche paraissent - a priori - plus positives. En effet, d'après les statistiques officielles de la pêche en mer au Royaume-Uni, les pêcheurs britanniques réalisent 80% de leurs captures dans leurs eaux nationales, soit 581.000 tonnes par an. Seulement, 13% de leurs prises sont effectuées dans les eaux des pays de l'Union européenne. Ainsi, sans l'UE, les Britanniques perdraient seulement 13% de leur volume de pêche actuel. Dans un pays qui compte 12.000 pêcheurs pour 6.000 navires, le Brexit est très populaire : d'après un sondage, rapporté par The Guardian, 92% des pêcheurs ont voté pour le leave.
En revanche, une très grande partie de la pêche britannique débarque directement dans les ports d'autres pays de l'Union européenne. D'après FranceAgriMer, 41% de la pêche et de l'aquaculture britannique sont importés à destination de la France. Concernant les coquillages, ce sont plus de 1.000 tonnes qui débarquent en France chaque année. Sortis de l'UE sans accord spécifique pour la pêche, les navires britanniques ne pourront apporter leur pêche directement dans un port de l'Union, car exclus du marché commun. Les pêcheurs français ne pourront plus, eux-aussi, vendre leurs prises sur le sol britannique.
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