VIRUS - Plusieurs cas de virus Zika, de la famille de la dengue, ont été signalés en Guyane et en Martinique. Transmis notamment par le moustique tigre, le risque de propagation du virus sur le territoire métropolitain est jugé "réel" depuis l'été dernier déjà. Toutefois, son hypothétique propagation en métropole attendra le printemps, si toutefois il n'est pas éradiqué d'ici là, aux Antilles notamment.
Menace sous surveillance. Le virus Zika, de la famille de la dengue, est arrivé en Guyane et en Martinique, où deux cas ont été relevés, ont annoncé ce week-end les autorités sanitaires. "Les Agences régionales de santé (ARS) de Guyane, de Martinique et de Guadeloupe sont mobilisées pour mettre en œuvre toutes les mesures permettant de surveiller et de limiter la dissémination du virus et de prendre en charge les personnes concernées", avait indiqué samedi le ministère de la Santé dans un communiqué. Mardi, la menace s'est précisée : le directeur de l'ARS de Guyane, Christian Meurin, a déclaré que ce département d'Amérique du Sud était en phase de pré-épidémie", "neuf cas importés du Suriname" y ayant été constatés en moins d'une semaine, en plus de deux cas de contamination autochtone. Et l'Hexagone pourrait bien ne pas être épargné.
En effet, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP), dans un avis rendu fin juillet, jugeait le risque de transmission du virus "réel" dans "les départements métropolitains où Ae. albopictus (le moustique tigre, ndlr) est implanté, pendant sa période d’activité de mai à novembre (...)", au même titre qu'en Réunion et à Mayotte (océan Indien).
Un risque réel mais très hypothétique
Comme la dengue et le chikungunya, dont les premiers cas en métropole ont été signalés en septembre 2010, le virus Zika est transmis par les moustiques de genre Aedes, dont l'Aedes aegypti et l'Aedes albopictus, plus connu sous le nom de moustique tigre. Ce dernier fait l'objet d'une intense surveillance dans le sud de la France depuis son implantation il y a plus de dix ans. Aujourd'hui, sa présence a été signalée dans 19 départements.
Néanmoins, pour que ce virus se transmette dans ces régions métropolitaines, il faut au préalable qu'une personne infectée - donc qui aurait contracté le virus là où il sévit, en Guyane, en Martinique ou encore au Brésil, par exemple -, soit de retour en France et qu'un moustique vecteur du virus la pique au cours de la période de 3 à 10 jours durant laquelle le virus est présent dans le sang du malade. Le virus Zika ne se transmet en effet pas d'homme à homme.
Fièvre, maux de tête et courbatures
En outre, "en dehors de la période d’activité du moustique (de mai à novembre), le risque de transmission est quasi nul", souligne l'Institut de veille sanitaire (INVS) dans un dossier complet sur le virus qu'elle vient de mettre en ligne. La diffusion du virus en France métropolitaine, si elle se produit, attendra donc vraisemblablement le printemps prochain, à condition qu'entre-temps il ne soit pas éradiqué dans les zones aujourd'hui touchées. "Au cours de cette période (de mai à novembre, ndlr), précise encore l'INVS, la surveillance renforcée des arboviroses transmises par Aedes albopictus (dengue, chikungunya et Zika) est mise en place chaque année, dans les départements métropolitains où ce vecteur est implanté."
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Le virus Zika provoque les premiers symptômes de 3 à 12 jours après une piqûre. Il s'agit le plus souvent de symptômes de type grippal, tels que de la fièvre, des maux de tête et des courbatures. Certains patients peuvent cependant développer une conjonctivite, ainsi qu'un œdème des mains et ou des pieds. Dans une très large majorité des cas toutefois, la maladie provoque peu de symptômes ou même l’absence de symptômes, précise le ministère de la Santé, et l’évolution est le plus souvent rapidement favorable avec une guérison spontanée.
Il n'existe pas de traitement antiviral spécifique au Zika ni de vaccin actif, si bien que la lutte contre le virus se confond avec celle du vecteur de l'infection : le moustique. Le traitement n'est pas non plus différencié selon que le patient est un enfant, une personne âgée ou une femme enceinte. Dans ce dernier cas, le Zika pourrait provoquer une malformation des nouveau-nés. C'est en tout cas ce qu'ont décrit, en octobre, les autorités sanitaires brésiliennes, qui ont constaté une augmentation inhabituelle de cas de microcéphalie chez les nouveau-nés (taille anormalement petite du crâne). De la même manière, les autorités polynésiennes ont rapporté en novembre dernier une augmentation inhabituelle des cas de malformations coïncidant avec le développement du virus Zika dans la région. Des investigations épidémiologiques sont en cours afin de confirmer l’association possible entre ces effets et le virus, a précisé le ministère.
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