POLICE - En France, on compte presque onze mille caméras-piétons ou témoins pour les forces de l'ordre. Un dispositif qu'Emmanuel Macron souhaiterait voir généralisé dans les prochains mois.
Comment documenter les interventions policières ? La mise en examen de quatre policiers soupçonnés d'avoir passé à tabac un producteur de musique le 21 novembre à Paris est susceptible de nourrir la réflexion sur les caméras dites piétons ou témoins, alors même que la proposition de loi "Sécurité globale, actuellement au Parlement, doit préciser les conditions de leur généralisation d'ici juillet 2021. Une disposition à laquelle Emmanuel Macron, interviewé par le média Brut, vendredi 4 décembre, a défendu tout l'intérêt pour lutter contre les dérives policières.
Ces boîtiers individuels qui équipent les policiers reviennent régulièrement dans le débat public. En 2017, selon les chiffres du gouvernement, la France comptait 2000 de ces boîtiers. Aujourd'hui, ils sont presque 11.000. Depuis onze ans, les ministres de l'Intérieur successifs ont promis l'extension du dispositif, à l'instar de ce qui a été mis en place dans d'autres pays.
Boîtier témoin
À Rialto en Californie, par exemple, cette caméra est fixée sur l'uniforme des officiers qui ne sortent plus sans elle. Dans un contexte souvent tendu, elle permet régulièrement d'apaiser les tensions. "Les gens étaient de plus en plus désobligeants avec la police et même, parfois, agressifs, constate Carles Jones. Maintenant ça se calme un peu. Ils voient la caméra, ils savent qu'on enregistre tout ce qu'ils font. On voit quel est leur comportement."
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L'officier de police admet aussi que la présence du boîtier les "a fait évoluer aussi". En cas de bavure présumée, la caméra peut permettre d'innocenter un agent qui aurait, par exemple, agi en légitime défense. Elle constitue aussi une preuve accablante quand le policier s'est rendu coupable de violence.
"C'est indiscutable"
Au Royaume-Uni, les policiers portent aussi des caméras. Ils les déclenchent dès leur sortie du commissariat. La population approuve la transparence qu'elles apportent. "C'est indiscutable, appuie une passante, la caméra est là. Il n'y a pas différentes versions, il n'y a que les faits." "C'est plutôt une bonne chose, sauf quand on se fait prendre", sourit un jeune homme, qui ajoute : "Un jour, j'ai jeté une cigarette et j'ai été filmé, je me suis fait prendre."
Dans le pays, on en compte aujourd'hui une caméra-piéton pour deux policiers. Dans l'Hexagone, on en est loin. Il y a une caméra pour 24 membres des forces de l'ordre. Les caméras françaises souffrent en plus de nombreux défauts. "C'est de la mauvaise qualité, regrette Grégory Joron, secrétaire général délégué syndicat Unité SGP Police Force Ouvrière. On a beaucoup de mal à avoir plus de deux heures d'enregistrement. Elles ont très peu de capacité, finalement, et elles s'épuisent très vite." Les policiers les laissent donc souvent au placard ces onze mille caméras qui avaient coûté plus de deux millions d'euros. Le ministère a lancé un appel d'offres pour les remplacer.