Faux sang, seringues... À Paris, l'extrême droite s'en prend à une salle de consommation de drogue

DT
Publié le 10 décembre 2022 à 19h18

Source : Sujet TF1 Info

Quelques dizaines de manifestants s'en sont pris à une salle de consommation à moindre risque ouverte aux usagers de drogues, à Paris.
Cette action, qui s'est déroulée samedi dans la matinée, a été revendiquée par un groupuscule d'extrême droite.
Plusieurs élus ont fait part de leur indignation, tandis qu'une plainte devrait être déposée.

Ouverte depuis 2016 dans le 10e arrondissement de Paris, une salle de consommation à moindre risque pour les usagers de drogues a été prise pour cible samedi matin. Plusieurs dizaines de militants, se réclamant du groupuscule d'extrême droite Argos, s'en sont pris à cette structure à proximité de l'hôpital Lariboisière, dont la gestion est assurée par professionnels de la santé et du social.

"Ça s’est passé aux alentours de 8 h 30. La police est rapidement intervenue, donc ils ont vite été dispersés. Ils ont déversé du faux sang et des seringues devant l’enceinte. C’est un coup de pression qui vise à intimider", a témoigné auprès du HuffPost l'entourage de la maire d'arrondissement socialiste, Alexandra Cordebard. L'association Gaïa, qui coordonne l'action de cette structure, a par ailleurs fait savoir qu'elle souhaitait porter plainte.

Un acte revendiqué

Sur les réseaux sociaux, une revendication des faits ne s'est pas fait attendre. Le compte Twitter d'Argos a publié un clip de revendication, illustré par des images tournés devant la salle lors de cette mobilisation. Une série de messages précise qu'une "cinquantaine de jeunes activistes [...] se sont rendus dans le 10e arrondissement de Paris pour procéder à une fermeture symbolique de la salle de shoot". Ils expliquent dénoncer ce qu'ils qualifient de "prolifération de la culture de la drogue en Europe, aidée par une immigration hors de contrôle".

Si aucune fermeture n'a été officiellement constatée, plusieurs élus ont réagi avec fermeté à cet épisode, qualifié de  "choquant" et "violent". Il faut souligner qu'Argos, jeune structure née cet automne, s'inscrit dans la mouvance de groupuscules d'extrême droite tels que de Génération identitaire, dissous l'an passé. Et en assume l'héritage, puisque plusieurs "anciens" de ce groupe sont à l'initiative d'Argos.

"Je condamne fermement ces violences. Nous ne céderons rien face à ces tentatives d’intimidation et ces menaces fascistes", a lancé en réaction la maire d'arrondissement Alexandra Cordebard. Elle en a profité pour témoigner son "plein soutien" aux équipes de l'association Gaïa, dont elle a salué "l’indispensable travail auprès des usagers de drogue". 

Tonalité similaire dans l'entourage d'Anne Hidalgo : si la maire de Paris estime qu'il s'agit d'un acte "inacceptable", son adjoint David Belliard a renchéri en postant le message suivant : "L'extrême droite est violente, et s'attaque toujours aux plus faibles, aux malades et aux plus vulnérables. Toute cette mouvance proche de Génération identitaire est un danger pour la République : ces groupes doivent être dissous", assure-t-il. Pour le député PS Jérôme Guedj, enfin, "la multiplication des agressions par la mouvance identitaire, à Paris, Lyon ou ailleurs, devrait être un sujet de préoccupation majeure".

Si elles font régulièrement l'objet de critiques et peuvent susciter des crispations dans les villes et quartiers où elles sont implantées, ces salles de consommation à moindre risque sont globalement plébiscitées par les acteurs du monde médico-social. Une étude réalisée par l'Inserm, cherchant à évaluer l'impact des structures expérimentales déployées à Paris et Strasbourg, a d'ailleurs montré des résultats encourageants. Elle "conclut à des effets positifs en termes de santé publique", note entre autres l'institution, qui a publié un rapport très dense de près de 350 pages en 2021. 


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