Des kilos de nourriture ont-ils été jetés par Carrefour après le blocage d’un entrepôt ?

À l’heure d’une inflation galopante sur l’alimentation, certaines images passent plus mal que d’autres. Une vidéo, mise en ligne mercredi 3 mai, montre plusieurs bennes à ordures remplies de nourriture. Celle-ci, à l’allure comestible, aurait été jetée par le groupe français Carrefour. Sur cet extrait, beaucoup partagé sur Twitter, un homme parle sans montrer son visage et explique filmer "en direct des entrepôts Carrefour Allonnes", un centre logistique situé dans la Sarthe, près du Mans, et qui réceptionne, stocke et distribue la marchandise.

"Vous pouvez le voir, on jette de la nourriture à un niveau industriel", dénonce-t-il en ouvrant plusieurs poubelles à la suite, contenant des yaourts, des brioches, des carottes ou encore des salades. "Suite au mouvement de grève, plutôt que de donner des produits à date courte aux salariés, la direction a choisi de tout bazarder et de tout jeter." Parmi ces produits frais placés à la poubelle, des sachets de laitue n’ont pas atteint leur date de péremption, leur étiquette indiquant la limite du samedi 6 mai. Ici, l’homme fait référence au blocage de la plateforme logistique de Carrefour, qui a duré trois jours à la fin du mois d’avril et qui a empêché les camions de circuler. L’intersyndicale réclamait alors le retrait de la réforme des retraites, rapporte France Bleu Maine. 

La vidéo aurait dont été tournée le 3 mai, soit une semaine après la fin du blocage de l’entrepôt. Elle serait l’œuvre d’un certain Loïc Boyard, qui se retrouve cité dans le tweet d’origine et qui n’est autre que le secrétaire de Force ouvrière dans la Sarthe. Contacté, le syndicaliste dément être l’auteur de cette vidéo mais ajoute l’avoir simplement publiée sur son compte Facebook pour dénoncer les agissements de Carrefour, après avoir obtenu "des confirmations" internes. D’après lui, douze bennes à ordures ont été remplies de nourriture à jeter, ce qui représente "plus d'une tonne de marchandise" gaspillée.

Selon nos informations, l’homme derrière l’objectif est un salarié de l’entrepôt d’Allonnes, qui tient pour l'heure à garder l’anonymat, par peur de représailles. Interrogé, Carrefour France invoque des "difficultés logistiques au niveau des livraisons et de la gestion de la chaîne du froid" suite au mouvement de grève dans la zone industrielle. "Dans ce contexte, un camion réfrigéré n’a pas été réglé à la bonne température, ce qui a engendré une rupture de la chaîne du froid et rendu les produits impropres à la consommation ainsi qu’au don alimentaire", explique le groupe.

De quoi faire douter FO, qui a rapidement communiqué sur le sujet. Selon le syndicat, "l'argument de la chaîne du froid ne tient pas pour des stocks d’échalotes, de pommes de terre. Non plus pour les sachets de salade qui le 3 mai, s’il avait été une rupture de froid depuis le 28 avril, seraient d'une autre couleur et en voie de putréfaction visible". FO compte désormais mener sa propre enquête pour vérifier les éléments apportés par le groupe.

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