Jette-t-on vraiment chaque année en France "10 millions de tonnes de nourriture" ?

Publié le 17 octobre 2021 à 19h25

Source : JT 13h WE

GASPILLAGE - Xavier Bertrand s'est dit favorable à un renforcement des lois actuelles pour lutter contre le gaspillage alimentaire. Il a évoqué le fait que 10 millions de tonnes seraient jetées chaque année, un chiffre officiel bien que remontant à 2016.

Comme chaque 16 octobre, se sont tenues, cette année, la Journée mondiale de l’alimentation et la Journée nationale de lutte contre le gaspillage alimentaire. À cette occasion des associations ont mis en place des initiatives spécifiques, à l'instar du réseau des réseau Banques Alimentaires. Parmi les déclarations politiques qui ont accompagné cette journée, on peut noter celle du président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand.

"10 millions de tonnes de nourriture sont jetées chaque année en France", a souligné l'élu des Républicains, ajoutant que la lutte contre le gaspillage alimentaire constituait "une action de bon sens et un moyen concret de lutter contre la faim". Il a invité à "aller plus loin que la loi actuelle", tout en favorisant "l’économie circulaire". Le chiffre mis en avant par le candidat à la présidentielle ne vient pas nulle part puisque c'est l'Ademe qui l'a mis en lumière. Bien que datant de 2016, il reste couramment utilisé en référence.

Un coût théorique de 16 milliards d'euros par an

Lorsque des sources gouvernementales évoquent la question du gaspillage alimentaire, elles se réfèrent généralement à des estimations fournies par l'Agence de la transition écologique (Ademe). Plus précisément, c'est à une étude proposant un "état des lieux des masses de gaspillages alimentaires et de sa gestion aux différentes étapes de la chaîne alimentaire" qu'il est fait référence, un document dévoilé en 2016

Qu'apprenait-on à l'époque ? Que "10 millions de tonnes de produits alimentaires sont détournées chaque année de
l’alimentation humaine"
, ce qui concorde avec les chiffres fournis par Xavier Bertrand. Bien qu'ils soient déjà anciens, ces derniers restent couramment utilisés, notamment dans la communication du ministère de l'Écologie. Dans le détail, on apprend que 32 % des pertes sont observées "en phase de production" quand 21% le sont durant la phase de transformation, 14 % en phase de distribution et  33 % en phase de consommation. Rapporté à chaque individu, cela correspond à "30 kg par personne et par an de pertes et gaspillages au foyer", dont "7 kg de déchets alimentaires non consommés encore emballés".

L'Ademe met en avant les multiples impacts de ces pertes. Bien entendu, il apparaît regrettable que ces produits de consommation ne puissent pas permettre d'alimenter des personnes dans le besoin, mais il faut aussi noter que "la valeur théorique de ces produits s’ils étaient valorisés en alimentation humaine, est évaluée à 16 milliards d’euros". Sans compter "l’impact carbone de la production de ces produits détournés de l’alimentation humaine", qui se voit "évalué à 15,3 millions de tonnes équivalent CO2 soit 3% de l’ensemble des émissions de l’activité nationale".

Cet état des lieux peu réjouissant permet à l'Ademe de souligner que "la réduction des pertes et gaspillages nécessite à

la fois un diagnostic par chacun des acteurs, des actions ciblées à chaque étape mais aussi de nouvelles initiatives et

organisations au sein des filières". Elle met enfin en avant des disparités fortes entre les différents produits, dont certains se révèlent bien plus souvent gaspillés que d'autres. En particulier ceux dont la durée de consommation demeure réduite : on constate par exemple "57% de pertes et gaspillages sur l’ensemble de la filière des salades, contre 9% sur la filière des œufs".

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Thomas DESZPOT

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